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À LIRE SUR RAIMUNDO: le Bayern toujours plus français

Frédéric Vanheule
Frédéric Vanheule Frédéric Vanheule is redacteur bij Sport/Voetbalmagazine.

Dayot Upamecano a choisi de quitter Leipzig pour le Bayern. Prix de la transaction: 42,5 millions. Voici pourquoi il a décidé de changer de crèmerie. Et de passer à l’ennemi.

Hasan Salihamidzic avait annoncé la couleur fin janvier, en télé: « On a eu une bonne discussion avec Dayot Upamecano et son agent, c’était très professionnel. On va maintenant voir ce qui va se passer. » Le directeur sportif bosnien du Bayern savait déjà que ça allait bien se terminer.

A peine deux semaines plus tard, tout était réglé. Le Bayern a piqué le joueur au nez et à la barbe de Chelsea et Liverpool. Le défenseur central français est sous contrat à Leipzig jusqu’en 2023 mais il pouvait partir pour un montant relativement abordable. Les Bavarois continuent d’appliquer une recette qui leur réussit depuis pas mal de temps: prendre les meilleurs éléments de la concurrence, histoire de tuer tout suspense pour le titre en Bundesliga. Les bons exemples ne manquent pas: Mats Hummels, Robert Lewandowski, Mario Götze.

Le Bayern a piqué Upamecano au nez et à la barbe de Chelsea et Liverpool.

Faire oublier David Alaba

Le transfert du Bleu est une façon de compenser le départ de David Alaba, libre en fin de saison. Un joueur qui avait quitté le poste de back gauche pour s’installer dans l’axe de la défense. « Upamecano va devenir un pilier de l’équipe », poursuit le directeur sportif. « Ce choix découle d’une réflexion profonde. »

Upamecano va donc s’ajouter à l’imposante colonie française du Bayern: Benjamin Pavard, Tanguy Kouassi, Kingsley Coman, Lucas Hernandez, Corentin Tolisso et peut-être aussi Bouna Sarr, en prêt. On lui demandera de mettre sa puissance et sa grinta dans les duels au service d’une ligne arrière qui a quand même ses petits soucis. Jérôme Boateng est en fin de contrat, Kouassi doit encore s’affirmer et est poursuivi par les pépins physiques, et donc il ne reste plus que l’international allemand Niklas Süle.

« Le début de quelque chose de beau »

Upamecano, arrivé à Leipzig en janvier 2017 en provenance de Salzbourg, est considéré comme l’un des défenseurs centraux les plus complets d’Europe. Parce qu’il possède une palette impressionnante: explosivité, puissance, haut niveau dans les un contre un, expérience et un vécu d’une bonne trentaine de matches européens. Dans France Football, il a déclaré récemment: « Ceci n’est que le début de quelque chose de beau. » Il a grandi à Evreux aux côtés d’ Ousmane Dembélé, dans une famille comptant aussi quatre soeurs et un frère.

En fait, il aurait déjà pu se retrouver au Bayern dès 2015. La direction avait alors envoyé un jet privé à Valenciennes, où Upamecano avait commencé à se faire un nom. Un coup dans l’eau car au même moment, Peter Zeidler, le coach allemand de Salzbourg, a réussi à convaincre ses employeurs de sortir 2,2 millions pour le transfert. A Leipzig, l’entraîneur Julian Nagelsmann a achevé de tailler le diamant. Et Upamecano est devenu un pilier de son équipe.

Il passe pour un gars effacé. « Non, je ne suis pas timide », dit-il. « Simplement, je suis calme. » Parce que sa soi-disant timidité a parfois été un topic. Et cet ancien dyslexique a jugé utile de faire cette petite mise au point. « Moi, j’aime bien prendre mon temps, observer ce qui se passe autour de moi, je garde mes distances, je réfléchis, j’analyse, j’écoute tout ce qui se dit. Je ne suis pas du style à parler avant d’avoir tout pesé, je fais les choses dans le bon ordre. »

Pas mal pour ce gars qui en a bien bavé dans ses jeunes années, quand il était atteint d’un bégaiement qui a été solutionné par de multiples séances d’orthophonie. Il fait pleinement honneur à sa famille originaire de Guinée-Bissau. Son prénom vient de là, c’est un hommage à un arrière-grand-père qui était roi d’un village. Rien de moins.

Nagelsmann n’a peur de personne

La presse allemande en parle évidemment beaucoup: si Hansi Flick devait quitter le Bayern pour reprendre la sélection que Joachim Löw délaissera après l’EURO, il pourrait être remplacé par Julian Nagelsmann qui est sous contrat avec Leipzig jusqu’en 2023, sans clause libératoire. La semaine dernière, une photo est parue dans les médias sur laquelle on le voyait faire une balade en VTT en Bavière…

On n’en est quand même pas encore là. Nagelsmann, arrivé à Leipzig en 2019, est un homme qui aime construire sa carrière étape par étape, sans en brûler. Cet ancien défenseur avait mené les U19 de Hoffenheim au titre de champion en 2014. C’est ce qui avait décidé le mécène Dietmar Hopp à le jeter dans la fosse aux lions deux ans plus tard, à la tête de l’équipe A. Il n’avait que 28 ans et devenait ainsi le plus jeune entraîneur de l’histoire en Bundesliga. Dans la foulée, via une quatrième place totalement improbable, il avait qualifié ce club pour la Ligue des Champions, une première.

Nagelsmann a une vision révolutionnaire du foot. Il prône un jeu tout en mouvement, avec des joueurs parfaitement au point sur le plan physique. La saison dernière, il avait réussi un nouvel exploit en menant Leipzig en demi-finale de la LC. Il avait fallu le PSG pour l’arrêter. Aujourd’hui, son équipe rivalise avec le Bayern en championnat, à quatre points après 26 des 34 journées. Au premier tour, les deux ogres ont signé un spectaculaire 3-3. « Et il en faut d’autres que Robert Lewandowski pour m’empêcher de dormir », lance Nagelsmann. La revanche est pour ce samedi.

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