Marc Degryse

4 ans et toujours pas d’identité

Pour Marc Degryse, le chroniqueur de Sport/Foot Magazine, Marc Wilmots n’a jamais déniché les bonnes solutions quand il y avait du solide en face.

L’élimination des Diables par le Pays de Galles est-elle surprenante ? Non, finalement. On a le fruit de ce qu’on sème depuis quatre ans : au niveau du jeu, il n’y a eu aucune progression linéaire, seulement quelques coups de feu. En quoi cette équipe a-t-elle bonifié son jeu depuis le Brésil ? La campagne éliminatoire pour l’EURO avait été moins bonne que les éliminatoires pour la Coupe du Monde. On oublie trop facilement que les Diables ont souffert contre Chypre et contre Israël. Je répète : contre Chypre et Israël…

Ce n’est pas normal et il y a une conclusion à tirer : Marc Wilmots n’a jamais trouvé les clés pour améliorer son groupe, il n’a jamais déniché les bonnes solutions quand il y avait du solide en face. La qualification contre la Hongrie a aveuglé beaucoup de monde. OK, c’était beau à voir. Contre une équipe qui faisait une journée portes ouvertes, quand même. Ce match m’a rappelé celui contre les Etats-Unis à la Coupe du Monde. Les Américains avaient aussi tout ouvert. Produire du jeu et se créer des occasions contre des adversaires aussi naïfs, c’est simple.

Si je prends l’Italie, le Pays de Galles ou même l’Islande, je vois des équipes qui ont une identité, un système. Elles s’y tiennent. On va me répondre que l’équipe de Wilmots a aussi un système constant, un 4-3-3 maintenu contre vents et marées, ainsi qu’un jeu toujours dominant. Mais là où les Italiens, les Gallois et les Islandais ont un système accompagné d’une animation fixe, les Diables n’ont pas ça.

Quand Wilmots dit que son ventre parle, qu’il écoute son ventre, que c’est le cri du ventre, etc, ça se reflète dans le jeu des Diables. Il fait jouer ses joueurs à l’instinct. Tiens Eden Hazard, prends le ballon et fais-en ce que tu veux, comme tu le sens. Essaie de dribbler, passe derrière, passe devant, tire au but. L’intuition de l’un ou l’autre joueur d’exception, c’est bien, c’est parfois beau, mais ça ne suffit plus à un haut niveau. Hazard est tellement imprévisible dans cette équipe que même ses coéquipiers ne savent jamais ce qu’il va faire.

On a ramé contre toutes les équipes qui avaient un coach avec des idées!

Il fallait trouver une astuce pour contrer le système à trois défenseurs centraux du Pays de Galles après avoir rencontré les pires problèmes contre le même système italien. Une solution aurait été de passer à un 3-5-2 ou un 3-4-3. Mais changer subitement comme ça, c’est trop pour Marc Wilmots. Pendant quatre longues années, dans les matches où il fallait imaginer un schéma tactique précis, en fonction des qualités qu’il y avait en face, il s’est le plus souvent planté. Pour résumer, on a ramé contre toutes les équipes qui avaient un coach avec des idées !

Il y a des coaches qui trouvent les bonnes formules contre des adversaires qui ont un système rodé et efficace. Prenez Michel Preud’homme. On pensait que la formule de Hein Vanhaezebrouck était indestructible, impossible à démonter, que Gand fonçait inévitablement vers un deuxième titre. Mais Preud’homme a trouvé la solution. Il a demandé à ses deux meilleurs joueurs, José Izquierdo et Lior Refaelov, de presser les Gantois très haut. Ça a superbement bien marché. Vous imaginez ça avec nos deux meilleurs Diables, Kevin De Bruyne et Eden Hazard ? De Bruyne l’accepterait peut-être, mais pour Hazard, j’ai de gros doutes.

Encore ceci concernant Hazard… Pour moi, il est loin d’être le capitaine idéal pour cette équipe. Il est trop jouette et ne l’ouvre pas assez. Si Marc Wilmots lui a donné le brassard, selon moi, c’est surtout pour le mettre dans sa poche, pour soigner leur relation, aussi pour lui donner confiance. Hazard n’a rien du prolongement d’un coach sur le terrain, il est trop focalisé sur son propre match.

Axel Witsel, Jan Vertonghen, Thomas Vermaelen et Kevin De Bruyne ont ça. Cette histoire de capitanat n’est pas le problème le plus important de cette équipe mais ça montre à nouveau que Wilmots sait faire des choix que personne, à part lui, ne comprend. Je vais même m’abstenir de commenter le remplacement de Yannick Carrasco par Marouane Fellaini à la mi-temps contre le Pays de Galles. Et le repositionnement de Radja Nainggolan en numéro 10. Plus football panique que ça, c’est dur à imaginer.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire