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Tour 2014 – le profil de l’étape 15: « J’espère que le mistral soufflera fort »

Dimanche 20 juillet. 222 km. Tallard – Nîmes. C’est une étape de transition idéale pour ceux qui s’échappent mais il se peut que les équipes de sprinters se retroussent les manches.

Voilà encore un départ dans un bled: Tallard. Il ne compte que 2.000 âmes mais il est réputé pour ses nombreux clubs de parachutisme. 222 kilomètres plus loin, au terme d’une étape plate, voire en légère descente dans son milieu, le peloton arrive à Nîmes, près du superbe amphithéâtre romain. C’est une étape de transition idéale pour ceux qui s’échappent mais il se peut qu’OPQS, Giant-Shimano et Lotto-Belisol se retroussent les manches et qu’on en arrive à un sprint, comme en 2008, quand Mark Cavendish, âgé de 23 ans, avait remporté sa quatrième étape. Frank Hoste et moi-même avons déjà visité l’arène romaine. Frank conserve de bons souvenirs de Nîmes, puisqu’il a gagné une étape ici en 1986, non à l’issue d’un sprint massif mais en battant ses compagnons d’échappée, Silvano Contini et Ronny Van Holen, dans la finale.

« J’espère que le mistral soufflera fort et qu’on aura une étape en éventail. Sinon, ce sera une longue journée. 222 kilomètres ! L’étape d’après-demain, après le jour de repos, compte 237,5 kilomètres. C’est la plus longue de cette édition ; ASO limite les autres à 180 kilomètres, voire moins. Pourquoi ne pas suivre cette philosophie pendant tout le Tour, avec une limite de 200 kilomètres ? Les coureurs vont devoir pédaler 3.656 kilomètres. C’est la plus longue distance depuis 2006. C’est partiellement dû à l’absence de prologue et/ou de deuxième contre-la-montre, évidemment.

Certains avancent que les professionnels qui ne sont pas capables d’abattre cette distance n’ont pas leur place au Tour. C’est un exercice de survie. Les rapports de force seraient-ils différents si le peloton entrait au Port de Balès après 140 kilomètres, après-demain, et non au bout de 200 kilomètres ? Non. En outre, les coureurs seraient plus enclins à attaquer, comme j’espère qu’ils le feront en route vers le Pla d’Adet et Hautacam, des étapes courtes de 125 et 145 kilomètres.

Surhumain

Christian Prudhomme estime qu’on ne résout pas le problème du dopage en allégeant le Tour. Les spécialistes du 100 mètres se dopent aussi, dit-il en parlant de l’athlétisme. Le raisonnement n’est pas illogique. Il faut quand même constater qu’environ 85% des coureurs ont atteint Paris lors de quatre des cinq dernières éditions, alors que la moyenne atteignait 78% dans les années 2000 et qu’elle n’était que de 70% dans les années 80 et 90, quand le Tour comptait quelques centaines de kilomètres de plus et était plus dur. Et ça dans une décennie durant laquelle le recours au dopage était nettement plus courant que ces dernières années, depuis l’introduction du passeport sanguin en 2008. Même si le suivi est plus professionnel et les distances plus courtes, on s’attendrait à ce qu’il soit plus difficile d’achever le Tour sans se doper mais donc, c’est le contraire.

De toute façon, pédaler pendant trois semaines à 40 km/h, souvent dans la chaleur, en passant trois ou quatre cols, c’est inhumain. Je me rappelle les propos du médecin de TVM, Andrei Mikhailov, lors du procès pour dopage ayant suivi le Tour 1998. « Monsieur le juge, mettez dix femmes nues devant les coureurs après un grand tour et il ne leur arrivera rien. Ils sont trop épuisés. Je me suis contenté de les aider à exercer sainement leur sport. » Je ne dis pas qu’il faut de l’EPO et de la testostérone pour ça mais je n’admets pas que les coureurs ne puissent recevoir de baxters contenant des produits accélérant la récupération. Pourquoi les joueurs de tennis le peuvent-ils et pas les cyclistes ?

Année après année, on apprend que des coureurs sont logés dans des hôtels vieillots aux murs tellement minces qu’ils entendent ce qui se passe dans les autres chambres, qu’ils n’ont pas l’air conditionné et qu’ils ne peuvent pas fermer l’oeil. Tout ça à une époque où les sous affluent… ASO se défend en prétendant ne pas pouvoir loger toutes les équipes dans de coûteux Novotels, dans certaines régions, et en affirmant veiller à une répartition honnête des établissements entre les équipes. Foutaises ! L’équipe de la VRT dort toujours dans un hôtel convenable, qui dispose de Wi-Fi et dont le personnel, depuis deux ans, consent même de gros efforts pour parler anglais. Pourquoi ASO n’est-il pas capable de trouver des hôtels comme ça ?

L’analyste

Christophe Vandegoor (42 ans) s’est distingué une première fois à la fin des années 80 en remportant une course pour Débutants. Ses professeurs en sociologie ont sauté en l’air quand il a demandé à faire sa thèse sur le cyclisme des jeunes. Après ses études, il débute à la rédaction sportive de la VRT-radio, sous la direction de Jan Wauters. Durant ses premières années, il présente Wat is er van de Sport, Open Doel, Sportmarathon et Radio Tour. A partir de 2004, Vandegoor travaille également pour Sporza-TV et commente des matches de football quelques années durant. En 2007, il succède à Luc Vanlangenhove comme commentateur en cyclisme à la radio.

Le Limbourgeois, qui vit à Scherpenheuvel-Zichem, a suivi deux éditions des Jeux Olympiques – Pékin et Londres, durant lesquels il a commenté les épreuves de cyclisme, de basketball et de hockey. Vandegoor a présenté quelques programmes musicaux sur Radio 1 et en 2006, et il a écrit la biographie de Stefan Everts.

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