Pourquoi le « Big Three » du cyclocross est plutôt encore un « Big Two »

Le  » Big Three  » du cyclo-cross, Mathieu van der Poel, Wout van Aert et Tom Pidcock, croisera le fer pour la première fois de la saison ce dimanche. Cependant, si l’on se base sur les duels entre eux, on ne peut pas (encore) mettre placer Tom Pidcock au même niveau que ses rivaux néerlandais et belge. Analyse.

Après Tom Pidcock à Merksplas (19 novembre) et Mathieu van der Poel à Hulst (27 novembre), Wout van Aert fera son grand retour dans les labourés lors de la manche de la Coupe du monde d’Anvers, ce dimanche. Ce sera aussi forcément le premier cross de cette saison dans lequel le Britannique, le Néerlandais et le Belge seront au départ. Et donc annoncé comme la première bataille entre les « trois grands » ou « Big Three » en anglais.

Un terme souvent utilisé par les médias dans le domaine du sport et qui nous vient surtout de la NBA. Il a fait surface fréquemment pour la première fois l’année dernière, avant le début de la saison de cross des trois coureurs précités. Après tout, Pidcock était devenu champion olympique de VTT l’été précédent, et avait notamment battu van Aert sur la Flèche Brabançonne lors du printemps 2021.

Depuis lors, le coureur d’INEOS Grenadiers a également décroché son premier titre mondial de cyclocross chez les pros en 2022 et a levé les bras en vainqueur au sommet de l’Alpe d’Huez lors du dernier Tour de France. De quoi renforcer l’emploi du terme « Big Three » dans les médias au moment d’évoquer le retour de ces coureurs dans les labourés.

Mais la réalité des terrains boueux n’est pas encore la même et on ne peut pas vraiment parler de véritable bataille à trois. Du moins, si cela implique que chacun des membres de ce trio a déjà battu les deux autres à une ou plusieurs reprises.

C’est en tout cas sûrement le cas dans le duel de longue haleine entre van der Poel et van Aert. La première fois qu’ils ont terminé premier et deuxième remonte au 13 novembre… 2011, lors de la course junior du cross d’Hamme-Zogge.

Tom Pidcock, qui accuse cinq ans de moins, ne s’est attaqué au « Big… Two » que bien plus tard. La première fois, il n’était seulement qu’une grande promesse de 18 ans. Le 14 octobre 2017, à Kruibeke, MvdP devancait WvA, Pidcock terminant à la neuvième place, 1 minute et 17 secondes après le Néerlandais.

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La saison suivante (2018-19), le Britannique a déjà intégré le rang des coureurs professionnels. Il n’y a qu’en Coupe du monde qu’il continue de courir chez les espoirs. Il y remporte d’ailleurs le classement final et un titre mondial, à Bogense.

Sur ses 21 courses de cyclocross élite, le Britannique a figuré sept fois sur la grille de départ aux côtés de van der Poel et van Aert. Six fois, il a terminé très loin des frères ennemis belgo-néerlandais : de la 9ème à la 22ème place. Il n’y a qu’à Gavere que Pidcock a pu s’assurer une place dans le top 5, en terminant quatrième à 1 minute et 40 secondes de MvdP, et même 1 minute et 5 secondes derrière WvA, seulement troisième ce jour-là.

Lors de sa première vraie campagne complète de cyclocross chez les pros (2019/20), on n’a pas eu non plus de lutte à trois. Principalement parce que van Aert a réalisé un programme limité à sept cyclo-cross seulement. Il revenait à l’époque d’une longue rééducation consécutive à sa lourde chute dans le Tour de France précédent.

Van der Poel et Pidcock ont également pris le départ de deux de ces courses de cyclo-cross : à Hoogerheide et lors des championnats du monde à Dübendorf. A chaque fois, le Néerlandais a été le meilleure et Pidcock a devancé van Aert (en partie parce que ce dernier était encore loin d’approcher son meilleur niveau). L’Anglais était 7e à Hoogerheide et le Belge 8e. A Dübendorf, Pidock terminait derrière van der Poel alors que le coureur d’Herentals échouait au pied du podium. C’était d’ailleurs la première médaille de Pidcock dans un championnat du monde, dans la catégorie élites.

Plus tôt dans la saison, Pidcock avait aussi battu Mathieu van der Poel. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si c’est sur le difficile parcours de Gavere avec ses nombreuses ascensions. C’était d’ailleurs son premier succès contre l’un des deux ogres de la discipline. van Aert, on l’a dit, était absent, car il était encore en rééducation.

Tom Pidcock (tout en haut) marque les esprits à Namur en mettant en difficulté van der Poel (deuxième sur l’image) et van Aert (troisième en jaune). Mais ces deux derniers couperont la ligne d’arrivée avant lui. (Photo by Luc Claessen/Getty Images)

Tout proche d’un exploit à Namur

La saison suivante (2020/21), Pidcock se rapproche du niveau du Néerlandais et du Belge. En huit cyclo-cross, il termine quatre fois troisième derrière Van der Poel et Van Aert (dans un ordre variable), et deux fois quatrième, notamment lors des Championnats du monde d’Ostende.

Il n’y a qu’à Namur (un autre parcours favorable aux bons grimpeurs) que Pidcock a semblé pouvoir battre les deux ténors. Dans les deux derniers tours, cependant, il a finalement cédé, pour finalement terminer troisième derrière les deux ogres.

La saison dernière n’a pas donné lieu à une lutte à trois. Cette fois, en raison de problèmes de dos de Van der Poel qui n’a terminé qu’un cross et demi, à Termonde (deuxième derrière Van Aert) et Heusden-Zolder (abandon). Pidcock a terminé huitième et deuxième lors de ces courses, mais très loin derrière un Campinois intouchable au cours de cet hiver 2021-22.

Il n’y a qu’à Baal qu’il a pu limiter son retard sur Van Aert, en prenant la deuxième place, à seulement 10 secondes. Un jour plus tard, le Britannique s’est imposé sur la manche de Coupe du monde d’Hulst, où le coureur de la Jumbo-Visma a dû se contenter de la quatrième place. Ce dernier avait eu un saut de chaîne en début de course qui l’a contraint à une remontée fantastique sur un parcours peu propice aux dépassements.

A ce moment-là, van der Poel avait déjà mis un terme à sa saison. Comme van Aert le fera également après son titre national à Middelkerke. La voie était donc ouverte pour que Pidcock enfile son premier maillot arc-en-ciel chez les pros, à Fayetteville, aux Etats-Unis.

Aucune victoire pour le moment

Le bilan final des 20 cyclo-cross auxquels le jeune crossman de Leeds a participé en compagnie de Van Aert et Van der Poel est sans appel : aucune victoire pour Pidcock, quatre victoires pour le Belge et 15 pour le Néerlandais.

Il n’y a qu’à Lokeren, en octobre 2018, qu’un autre coureur, Daan Soete, s’est imposé devant les deux géants des labourés. Van der Poel avait été contraint à abandonner après une crevaison et van Aert avait dû se contenter de la sixième place, notamment aussi parce qu’il avait eu un pneu dégonflé.

Si l’on divise les duels entre Pickock et Van der Poel, et Pidcock et Van Aert, on obtient un tableau similaire.

Le Britannique n’a devancé MvdP que lors de trois de leurs 45 duels : à Gavere 2020 (avec une victoire), à Lokeren en 2018 et à Heusden-Zolderen 2021. Ces deux dernières fois, le Néerlandais avait abandonné et l’Anglais ne l’avait pas emporté.

Encore une course où Pidcock n’a pas été en mesure de devancer les ogres néerlandais et belge. (Photo by KRISTOF VAN ACCOM/BELGA/AFP via Getty Images) © Belga

Dans les 30 cross où il fut opposé à Van Aert, Tom Pidcock n’a devancé le Campinois qu’à trois reprises : à Hoogerheide et au championnat du monde de Dübendorf (2020), avec Van Aert tout juste de retour de blessure. Et on en parlait plus haut, au début de cette année à Hulst, où Pidcock avait devancé le champion de Belgique, victime de problèmes de chaîne.Van Aert avait des problèmes de chaîne.

Le grand défi du champion du monde en titre à Anvers sera d’essayer de battre pour la première fois ses deux rivaux.

En partie à cause de son jeune âge et des programmes de cyclocross plus limités de MvdP et de WvA ces dernières années, il n’est pas encore parvenu à ses fins. Mais pour que l’appellation « Big Three » prenne réellement sens, il faudra qu’il puisse jouer plus qu’un second rôle.

Van Aert déjà battu sur la route sur sa valeur

Sur la route, Tom Pidcock a déjà battu Wout van Aert une fois : à la Flèche Brabançonne de 2021, au sprint. Le dimanche suivant, l’ordre a été inversé à l’Amstel Gold Race (après une étude approfondie de la photo finish). Pidcock reste toujours convaincu d’avoir gagné à l’époque.

Le coureur d’INEOS Grenadiers INEOS n’a pas encore pu battre Mathieu van der Poel dans un duel direct sur la route (MvdP n’était pas au départ des courses mentionnées plus haut). Ils ne sont montés sur le podium ensemble qu’une seule fois : lors du dernier « A travers la Flandre ». Van der Poel avait triomphé à Waregem, alors que le champion du monde de cyclocross avait terminé au troisième rang.

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