La concentration plus fort que le chiffon: comment Wout van Aert est parvenu à dompter Dublin

La toute première course de l’histoire la Coupe du monde en Irlande restera marquée par l’épisode du chiffon qui s’est coincé dans le dérailleur de Wout van Aert. Malgré cela, le champion de Belgique est parvenu à s’imposer grâce à l’une de ses grandes forces: la concentration.

Certains sites de cyclisme n’ont pas manqué de faire quelques jeux de mots après l’incident du chiffon qui a marqué cette première irlande pour une manche de Coupe du monde de cyclocross. Cyclingnews.com a ainsi titré :  » Wout van Aert refuse de jeter l’éponge ». De cette manière, le site insistait sur la détermination du champion de Belgique qui n’avait pas baissé les bras et avait été capable de revenir sur ses adversaires avant de les laisser sur place lors du dernier tour.

Van Aert lui-même a préféré rire de l’incident en mettant le chiffon sale autour du cou lors de l’interview donnée après la course. Il a ensuite exhibé le bout de textile en montant sur le podium.

Wout van Aert et son nouvel ami. BELGA PHOTO DAVID PINTENS

Une victoire acquise grâce à un sixième tour incroyable lors duquel il a roulé 13 secondes (8’21 ») plus rapidement que son dauphin Laurens Sweeck (8’34 »). Les autres ont « labouré » beaucoup plus lentement encore : Lars Van der Haar a roulé 19 secondes plus lentement, Michael Vanthourenhout 22 secondes, Eli Iserbyt 24 secondes et Tom Pidcock 26 secondes.

Un seul tour aura suffi

Ce fut suffisant pour transformer un retard de 17 secondes, après l’épisode du chiffon au cinquième tour, en une victoire.

Cette dernière fut obtenue bien plus difficilement que ne l’avait prévu le champion de Belgique, surtout sur un parcours boueux qui sied à ses qualités. De plus, WvA nous a donné l’habitude de l’emporter facilement lors de ses derniers cross. Dans 11 de ses 14 dernières victoires, avant Dublin, il avait coupé la ligne d’arrivée avec au moins 35 secondes d’avance sur son premier adversaire.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Dans la capitale irlandaise, l’écart n’était « que » de 14 secondes sur Sweeck. Pas seulement à cause de l’incident avec le chiffon, mais aussi parce que van Aert a éprouvé des difficulté à trouver son rythme de croisière dans la première demi-heure. Il a commis des erreurs techniques, comme sa glissade contre un poteau. Ce n’est pas un hasard s’il a d’ailleurs parlé d’une « course vraiment difficile, surtout sur le plan mental », lors des interviews accordées après la course. Avant d’aller droit au but par la suitte : « Il est important de rester calme dans un cross car quelque chose peut toujours y arriver. »

Penser à l’action plutôt qu’à l’histoire

Cette histoire du chiffon est finalement restée assez secondaire . Comment Van Aert est-il parvenu à rester concentré même après ce contretemps inattendu, et une première moitié de course difficile ? Sans une seconde d’hésitation, il a couru en arrière vers le début du poste matériel. Il a ensuite chagé de vélo, car il savait que c’était autorisé. Une fois sur une monture en état de marche, il a fondu sur Sweeck et compagnie en un seul tour.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

C’est devenu l’une des plus grandes qualités de Wout van Aert ces dernières années. Il se laisse moins abattre par les incidents et autres péripéties de course qu’au début de sa carrière. E

Lors de son premier championnat de Belgique chez les professionnels, en 2015, à Erpe-Mere, un incident lors de la reconnaissance sur un parcours très boueux va le faire douter et un craindre un échec. Il s’est réalisé puisqu’il a connu une autre défaillance technique et a dû se contenter d’une troisième place malgré son statut de grand favori.

Après cet épiosde, van Aert a consulté un coach mental sur les conseils de son directeur sportif de l’époque, Niels Albert. Rudy Heylen a appris au Campinois à ne plus s’encombrer la tête avec ce qu’on appelle le « story thinking ». Un processus lors duquel une personne se construit tout un scénario négatif après un premier incident déclencheur.

Cette réflexion sur « l’histoire » devait en devenir une sur l’action, c’est-à-dire une réflexion fonctionnelle dans la situation la situation présente et pas celle du passé. C’est une manière contrer les signaux de douleur ou les pensées négatives qui peuvent survenir après une péripétie arrivée en course. L’athlète ne doit pas se laisser abattre et passer directement du plan A au plan B ou C sans repenser à la mise en échec du premier.

Le coach mental Rudy Heylen a fait écrire à van Aert la phrase « Ik Fiets Focus » (je pédale concentré) une centaine de fois sur une feuille de papier. Cette phrase deviendra d’ailleurs plus tard le titre d’un livre consacré à Van Aert, rédigé par le journaliste Nico Dick.

Imperturbable en toutes circonstances

Cette phrase est depuis tellement ancrée dans le cerveau du champion de Belgique qu’il n’a plus besoin de se dire consciemment : « Reste calme, pédale et concentre-toi. »

Van Aert le fait automatiquement. Pas seulement après l’incident du chiffon de ce dimanche, mais dans chaque course et lors de chaque entraînement. Dans toute sa vie, selon ses propres dires. Il faut se concentrer sur les choses importantes, et se débarrasser de tout le lest qui peut nous perturber.

Cette aspect mental fait désormais autant la différence que sa force physique. Il est désormais équilibré et imperturbable, même lorsqu’un bout de chiffon se coince dans son dérailleur.

Un homme inculpé de tentative de meurtre à Fleurus

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire