Cyclo-cross: un changement de vélo qui pose question, la faute à un règlement défaillant

L’après-course fut quelque peu chahutée en coulisses à l’issue du championnat de Belgique de cyclo-cross à Lokeren. Laurens Sweeck, dauphin de Michael Vanthourenhout, se plaignait d’avoir été gêné par les mécaniciens du champion d’Europe qui auraient changé de place alors que cela n’était pas autorisé. Que s’est-il vraiment passé ? Analyse.

Les coureurs n’ont à peine couvert qu’un demi-tour de circuit dans ce championnat de Belgique de cyclo-cross (catégorie élite hommes) lorsque Laurens Sweeck et Michael Vanthourenhout se présentent pour la première fois au poste de matériel. Sweeck change de vélo au début de la « voie des stands », puis continue à pédaler, près des filets de séparation où le sol boueux est un peu plus dur.

Vanthourenhout, quant à lui, saute de son vélo juste avant le poteau et doit courir jusqu’au bout de la zone pour reprendre sa nouvelle monture. Juste avant, d’un geste de la main et en criant quelque chose, il fait comprendre à ses mécaniciens qu’ils doivent se rendre à l’avant du poste matériel.

En devant courir jusqu’au bout de la « voie des stands » du poste de matériel, le Brugeois a perdu environ trois secondes sur Sweeck. De quoi risquer de lui faire perdre la victoire si l’incident se répétait plus tard, et à plusieurs reprises, dans la course.

Comme les mécaniciens de Sweeck, ceux de l’équipe Pauwels Sauces – Bingoal vont donc se poster dans le box 1 (situé à l’entrée du poste de matériel) pour les cinq tours suivants. Cela va conduire à des incidents lors du troisième tour et lors de l’avant-dernier tour. Quand Michael Vanthourenhout est le premier à rentrer au poste matériel et à changer de vélo, son mécanicien gêne (volontairement ou non) Laurens Sweeck lors du changement de vélo de ce dernier.

C’est surtout dans l’avant-dernier tour que Vanthourenhout pourra (involontairement) profiter de cette situation. Un écart se créé entre les deux protagonistes de ce national et Sweeck ne pourra plus jamais le combler. Même si la qualité du dernier tour du nouveau champion de Belgique peut aussi laisser penser qu’il aurait pu gagner sans ce que l’on appelé le « change gate » (voir la phase à 1minute), l’on peut estimer que l’incident a joué un rôle en sa faveur.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Les règles n’ont-elles pas été respectées ?

Laurens Sweeck s’est néanmoins indigné à l’interview du fait que les mécaniciens de Vanthourenhout n’auraient « pas respecté le règlement » Selon le leader de la Coupe du monde, ils n’étaient pas restés à leur box « choisi », selon ses mots. Alors que ses mécaniciens et lui avaient effectué le « bon choix tactique » en se plaçant à l’avant du poste de matériel, dès le premier tour.

Vanthourenhout a rétorqué à ces propos les coureurs n’avaient pas été informés de l’endroit du poste matériel qui leur avait été attribuée. Ils n’ont en tout cas pas reçu ces numéros d’emplacement dans les enveloppes avec leurs dossards, ce qui est généralement la procédure.

Une affirmation qui a également été confirmée après coup par Eddy Lissens, président de la commission cyclo-cross du cyclisme belge. « En effet, cela ne figurait pas avec les enveloppes des dossards. Mais il y avait un règlement sur l’attribution des places dans le poste matériel que nous avions publié en ligne et envoyé à chaque équipe à l’avance. Dans ce cas, Sweeck avait la l’emplacement numéro 1 et Vanthourenhout le 4 », explique Lissens.

En principe, chacun doit alors rester à la place qui lui a été attribuée dans le poste de matériel. Cependant, il n’existe pas de réglementation interdisant les changements de place. Et apparemment, dans la pratique, tout ceci n’est pas très contrôlé par les commissaires.

Emplacements attribués

L’explication de Lissens est exacte et c’est la principale raison pour laquelle de tels incidents peuvent se produire : l’absence de réglementations claires et applicables dans ce domaine.

Sur le site web de Belgian Cycling, à l’article 6.3 de la fiche technique du championnat de Belgique, l’ordre des numéros d’emplacements dans le poste matériel apparaît effectivement. Ceux-ci ont été attribués en fonction des numéros de dossards, et non choisis par les coureurs eux-mêmes, comme l’a affirmé Laurens Sweeck.

Les numéros de dossards étaient déterminés par l’ordre alphabétique des noms. Jens Adams a ainsi hérité du numéro 1, Laurens Sweeck du 16 et Michael Vanthourenhout du 19.

Laurens Sweeck devant Michael Vanthourenhout. BELGA PHOTO DAVID PINTENS © belga

Les 45 participants (y compris les élites sans contrat) ont ainsi été répartis entre les 15 emplacements de la zone de matériel, soit jusqu’à 3 pour le même emplacement. Sweeck, comme l’explique Lissens, a en effet reçu la boîte 1 avec Jens Adams et Robin Alderweireld, Vanthourenhout la boîte 4 avec Yentl Bekaert.

Pas d’interdiction

Le document en ligne indique également : « Veuillez les respecter (les numéros d’emplacement) afin de permettre le bon fonctionnement du poste matériel ».

Les mécaniciens de Michael Vanthourenhout n’ont pas respecté ce point puisqu’au premier tour, ils ne se trouvaient pas au box 4 qui leur avait été attribué, mais à la fin de la zone de changement de vélo.

Au cours des cinq tours suivants, ils se sont tenus, comme on peut le voir clairement sur les images, tout comme les mécaniciens de Sweeck juste devant le box numéro 1. Contrairement à ce que l’équipe de Vanthourenhout a annoncé dans la soirée. Selon elle, ses mécaniciensse trouvaient au box 4 au moment des incidents. Ce qui est donc incorrect.

Cependant, il n’existe pas de règlement spécifique et applicable qui interdise expressément un changement d’emplacement. En effet, sur la fiche technique, il n’est simplement demandé que « respecter ceci ».

Le règlement de l’UCI n’est pas plus clair. Seul l’article 5.1.039 stipule que les changements de matériel doivent être effectués dans la « voie des stands » et au « même emplacement ». Mais au-delà de cela, il ne précise pas ce qu’est ce « même emplacement ». Une case allouée, x mètres en dehors de celle-ci ? Ici non plus, il n’y a aucune mention explicite d’une interdiction de changer de place au poste de matériel.

Aucun contrôle

Un commissaire n’a pas vérifié pendant ce championnat de Belgique si les équipes respectaient ce point de règlement, comme l’a souligné Lissens. Mais pour qu’une sanction soit effectivement applicable, même en cas de contrôle, un point de règlement stipulant une interdiction claire doit figurer sur le document principal. Ce n’est pas le cas.

. (Photo by Isosport)

L’absence de conséquences ou de sanctions claires en cas de violation de la règle est également un point de tension. Selon le règlement de l’UCI, un « changement d’équipement irrégulier » peut entraîner une disqualification, mais il n’est écrit nulle part qu’un changement d’emplacement dans le poste de matériel est considéré comme « irrégulier ».

C’est évidemment étrange, et c’est une lacune évidente dans le règlement, parce que dans le cyclo-cross, l’emplacement d’un coureur dans le poste de matériel peut influencer le déroulement de la course. Surtout, si la « voie des stands » est très boueuse, et que les coureurs doivent y marcher ou pédaler, comme c’était le cas à Lokeren.

C’est aussi la raison pour laquelle les mécaniciens de Vanthourenhout, à la demande du coureur, ont changé de position après le premier tour. Parce que personne ne leur a interdit de le faire, que ce soit par point clair d’un règlement ou par l’injonction d’un commissaire.

De quoi créer un début de polémique, même si Laurens Sweeck n’avait pas tenu à remettre en cause le titre national de Michael Vanthourenhout.

Le gouvernement lance un marché public pour équiper les administrations

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire