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Cinquième étape: Vittel – La Planche des Belles Filles

La forme en J du tracé de cette édition a suscité moult réactions : le Tour évite en effet tout le Nord-Ouest de l’Hexagone, à la grande déception des Bretons et des Normands.  » Est-ce le Tour de France ou un Tour en France ?  » a-t-on entendu lors de la présentation.  » À moins que ce ne soit le Tour de PACA ?  » Il s’agit de l’abréviation Provence-Alpes-Côte d’Azur, la région où le Tour séjourne plusieurs jours en fin de parcours.

La délégation européenne du Front National de Marine Le Pen, a même diffusé un communiqué critiquant le départ en Allemagne ainsi que les passages en Belgique et au Luxembourg.  » Le Tour est de plus en plus amoindri.  »

Le motif de cette forme en J ? Cette année, ASO veut visiter tous les massifs montagneux français, 25 ans après le dernier Grand Chelem des Montagnes. On commence donc par cette étape des Vosges et on enchaîne avec le Jura, les Pyrénées, le Massif Central et les Alpes pour un total de 23 ascensions de deuxième, première et hors-catégorie. C’est quand même moins qu’en 2014 (25), 2015 (25) et 2016 (28).

UN CHANGEMENT RAFRAÎCHISSANT

La première côte n’est pas une inconnue : La Planche des Belles Filles. Contrairement à ce que suggère le nom, l’ascension est la moins attrayante de la charmante région des Vosges : elle offre peu de panoramas et le chemin, raide, est tracé dans un épais bois de conifères. Pourtant, Chris Froome l’avait qualifiée de  » changement rafraîchissant  » par rapport à d’autres pentes.

Ce compliment ne relève pas du hasard car c’est ici que le Britannique a signé sa première victoire d’étape au Tour, en 2012. Cette année-là, ça ne lui avait pas permis d’enfiler le maillot jaune à Paris, puisqu’il était deuxième derrière son coéquipier et leader Bradley Wiggins, mais deux ans plus tard, La Planche a servi de plate-forme de lancement à Vincenzo Nibali. En faisant allusion à ces grands vainqueurs, Christian Prudhomme a déclaré, en présentant le tracé, que  » les belles filles savent choisir leurs favoris.  »

Les deux hommes ont escaladé la Planche dans des temps impressionnants : Froome a abattu les 5,9 kilomètres en 16 minutes et 20 secondes, Nibali a monté avec 24 secondes de retard deux ans plus tard mais leur avance était inversement proportionnelle : le natif du Kenya n’avait que deux secondes d’avance sur Evans et Wiggins, sept sur Nibali. L’Italien a renvoyé le local Pinot à quinze secondes et un groupe comprenant notamment Valverde, Bardet et Porte à vingt secondes.

L’explication ? Nibali a attaqué beaucoup plus tôt, à trois kilomètres du sommet, et le trajet précédent était nettement plus sélectif qu’en 2012. Six cols et, avant l’ultime montée, le Col des Chevrères, qui fait deux kilomètres à 10 %. Deux ans plus tôt ; la Planche des Belles Filles était le seul obstacle.

L’étape de cette édition est une copie de 2012, même si elle compte 40 kilomètres de moins : une côte de troisième catégorie, puis les cols des Croix et de la Chevestraye, non-classés. En fait, ce sont deux zakouskis avant la finale.

La Planche ne manque pas de tronçons ardus : les coureurs sont d’emblée face à un mur : 500 mètres à 12,5 %. Ensuite, la pente affiche en continu 9 %, avec des pics à 11 % et même à 20 % dans les dernières centaines de mètres.

LES VERTS FÂCHÉS

Cette route a été faite en 2012, avec trois vastes parkings, pour pouvoir accueillir la caravane du Tour. À la grande colère des Verts, qui ont formé le groupe de protestation des Indignés de la Planche. De nos jours, il n’y a plus trace de la moindre contestation.

Surtout pas de la part de Froome. Il s’est même réjoui du retour à l’endroit où son conte de fées a commencé. Dès décembre, le coureur Sky a déclaré qu’il allait chercher un col de mêmes longueur et déclivité pendant sa préparation, afin de réfléchir à la meilleure manière de négocier La Planche. Selon lui, cet exercice de visualisation est powerful.

En tout cas, il peut lui rapporter le maillot jaune, après un bon contre-la-montre à Düsseldorf, même si, cette année, Richie Porte s’est imposé comme le spécialiste des côtes de longueur moyenne. Comme au Tour de Romandie : au Leysin, il a humilié tous ses concurrents, y compris Froome, qui se plaignait du dos. Ce 5 juillet, il va certainement redresser son dos. Il y a assez de belles filles auxquelles faire signe.

Cet année, le Tour veut visiter tous les massifs : c’est le Grand Chelem des Montagnes.

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