Pourquoi a-t-on autant de temps additionnel à la Coupe du monde ?

Les matchs au Qatar semblent parfois interminables et pas toujours en raison du faible contenu proposé sur le terrain. De nombreuses minutes additionnelles sont à chaque fois ajoutées par les hommes en noir. On ne parle plus de 5 ou 6 minutes mais de 7,8 ou 9 en moyenne. Explications sur ce phénomène qui pourrait trouver son prolongement dans les compétitions de clubs au cours des prochains mois.

Vous l’aurez déjà remarqué lors des trois premières journées de compétition de cette Coupe du monde : les matchs durent beaucoup plus longtemps que les 90 minutes réglementaires et le temps additionnel est beaucoup plus important qu’avant le coup d’envoi de ce tournoi. Lors des cinq premiers matches, l’on a ajouté 75 minutes de jeu au-delà du temps réglementaire. C’est quasiment la durée d’un match complet. Et l’on s’approche encore plus des 90 minutes si l’on prend en compte les minutes supplémentaires disputées dans ce temps complémentaire en raison de blessures ou de vérifications de phases litigieuses par la VAR.

Lors de la rencontre inaugurale du tournoi entre le Qatar et l’Équateur, on avait déjà été surpris de voir le quatrième arbitre brandir un panneau indiquant 10 minutes de temps de jeu supplémentaire. Le phénomène s’est encore accentué lors d’Angleterre-Iran avec 27 minutes supplémentaires, Pays-Bas-Sénégal avec 12 minutes et Pays de Galles-États-Unis avec 13 minutes. Lors du premier des quatre duels au programme de ce mardi, Argentins et Saoudiens ont pu profiter 13 minutes de plus des rayons de soleil du Qatar.

Collina veut plus de temps de jeu effectif

Qu’est-ce qui explique cette situation ? Pour répondre à cette question, il faut interroger l’instance mondial du football, la FIFA, et surtout son chef des arbitres, Pierluigi Collina. L’ancien referee chauve aux yeux revolver avait annoncé la couleur avant même le coup d’envoi du tournoi mondial au Qatar. L’Italien veut en effet mettre un terme aux nombreuses pertes de temps récurrentes dans le football et veut augmenter le nombre de minutes effectives au cours des rencontres.

« Pour voir plus de vrai football, les personnes qui assistent à des rencontres devront accepter que ces dernières durent (beaucoup) plus longtemps. Un match avec, disons, trois buts, prendra déjà plus de temps », a affirmé Collina lors d’une interview. « A cause des célébrations, on perd rapidement 5 à 6 minutes de temps effectif. On perd en moyenne une minute et demie par but. Il appartient dès lors au quatrième arbitre de noter les secondes et minutes perdues sur ces actions et de les comptabiliser dans le temps additionnel qui sera ajouté par l’arbitre principal au terme des 90 minutes réglementaires », expliquait encore l’ancien arbitre charismatique.

Il est vrai que si l’on ajoute à cela les remplacements, les vérifications de la VAR, le traitement des blessures, les penalties et les contestations sur les distributions de cartes, la perte de temps emmagasinée devient vite très importante dans un sport, où contrairement au basket par exemple, le chronomètre n’est pas arrêté à chaque temps mort.

« Tout cela n’est pas nouveau non plus », ajoute Pierluigi Collina. En effet, lors de la Coupe du monde en Russie, on s’était déjà habitué à ce que le quatrième arbitre indique plus de cinq minutes de temps additionnel, alors qu’il n’était en moyenne que de trois ou quatre avant cela.

Pierluigi Collina, le chef des arbitres de la FIFA, veut plus de temps de jeu effectif lors des matches de foot. (Photo by Christopher Lee/Getty Images) © belga

Un pas dans la bonne direction ?

Avec de telles décisions, la FIFA veut préparer le football de demain. Au sein du siège de la Fédération mondiale, basée à Zurich, en Suisse, on reçoit l’écho que la nouvelle génération de consommateurs de football trouve les rencontres trop longues. Dans un monde où tout doit être plus rapide, la FIFA, et Arsène Wenger en particulier, réfléchit à des formats de matches de 60 minutes et à un système de temps de jeu effectif. Cela impliquerait d’arrêter le chrono à chaque décision importante ou moment plus calme d’une rencontre. L’instance du foot mondial voudrait aussi expérimenter des remises en jeu au pied au lieu de les faire à la main comme actuellement. Mais tout cela prendrait énormément de temps à être mis en place et validé.

L’objectif est certes louable, mais en prolongeant les matchs trop longtemps, il apparaît paradoxal d’essayer de séduire un jeune public qui se plaint déjà de la durée importante. Et certainement depuis le coup d’envoi de cette Coupe du monde.

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