Nana Asare revient sur l’Uruguay-Ghana de 2010 : « Même aujourd’hui, il reste de la colère chez les joueurs ghanéens »

En quart de finale de la Coupe du monde 2010, en Afrique du Sud, s’est déroulé l’un des matchs les plus mémorables de l’histoire de la compétition. Lors du choc entre l’Uruguay et le Ghana, Luis Suárez a détourné un ballon sur la ligne avec ses mains à la 120e minute. Retour dans le passé.

« J’avais les yeux rivés à mon écran de télévision, comme beaucoup d’autres Ghanéens et Africains ce jour-là », raconte Nana Asare à notre téléphone en évoquant le fameux quart de finale de la Coupe du monde 2010, entre l’Uruguay et le Ghana. L’ancien joueur ghanéen de La Gantoise et du FC Malines a rangé les crampons depuis quelques années, mais réside toujours en Belgique. Il travaille actuellement sur un projet en collaboration avec les Buffalos afin de mieux encadrer les joueurs africains.

L’ancien latéral gauche se souvient de ce moment avec une bonne dose d’humour. « J’étais immensément fier que mon pays soit déjà allé aussi loin. Ce match a marqué mon environnement. Ce qui s’est passé pendant cette courte période est trop fou pour être décrit. Mais c’est le football, non ? » Asare se souvient de cette période avec beaucoup de fierté, mais il reconnaît surtout que ce fut une occasion manquée pour le Ghana.

Contre toute attente

En phase de groupe, l’Uruguay s’est rapidement révélée être l’un des prétendants à une place d’honneur. Emmenée par l’expérimenté Diego Forlán, l’équipe sud-américaine se qualifie pour les 1/8e de finale en tant que vainqueur du groupe. Le Ghana a beaucoup plus de mal à s’en sortir. Les Black Stars finissent par se qualifier contre toute attente en prenant que quatre points, soit autant que l’Australie. C’est grâce à leur meilleure différence de buts qu’ils se qualifieront.

Asamoah Gyan, héros malheureux du Ghana de 2010. (Photo by Eric Verhoeven/Soccrates/Getty Images)

En 1/8e de finale, les deux équipes héritent d’adversaires à leur portée. L’Uruguay devra se frotter à la Corée du Sud, tandis que le Ghana défiera les États-Unis. Dans un match passionnant, Kevin-Prince Boateng donne l’avantage aux Ghanéens. Les États-Unis gâchent ensuite les occasions les unes après les autres. Le but égalisateur tombera finalement sur un penalty transformé par Landon Donovan. Ce sont donc les prolongations qui vont décider du qualifié. C’est là qu’Asamoah Gyan sort de sa boîte et offre l’extase d’un quart de finale à son pays dans un tournoi disputé sur le continent africain.

Le scénario du match de l’Uruguay sera presque le même sans les prolongations. Luis Suárez marque le 1-0 pour la Celeste, avant que les Coréens ne recollent au score. Ce n’est qu’à la 80e minute que l’Uruguay parvient à prendre de nouveau ses distances. Et c’est encore Suarez qui permet à son équipe de passer en quarts.

Anticlimax

Les deux pays se retrouvent donc au tour suivant. Ce n’est que la troisième fois qu’une équipe africaine dispute un quart de finale après le Cameroun lors du Mondial 1990 en Italie et le Sénégal en 2002 lors de l’organisation conjointe entre Japonais et Coréens du Sud. La possibilité d’écrire l’histoire de leur continent en accédant au dernier carré s’offre aux Black Stars.

Dans un FNB Stadium en pleine effervescence, les 84 000 spectateurs en auront pour leur argent. Le match est un régal pour le supporter neutre. C’est le Ghana qui est le premier à être applaudi. Juste avant la mi-temps, Sulley Muntari envoie le cuir dans les filets de la Céleste après une frappe de plus de 30 mètres. L’Uruguay doit réagir et y parvient rapidement. Elle obtient un coup franc à la limite des seize mètres à la 55e minute. Forlán se place derrière le ballon et le catapulte dans les filets. Ce n’est pas une coïncidence, car il s’avère être l’un des joueurs les plus à même de manier à la perfection le ballon si spécial de cette Coupe du monde: le fameux Jabulani.

Mais dans les prolongations, Luis Suárez s’offre le rôle principal du thriller. À la 120e minute, l’Uruguayen écarte un ballon du chemin de son but avec ses mains. C’est la consternation autour des Ghanéens. L’arbitre brandit un carton rouge sous le nez de Suárez et accorde un pénalty.

France: le corps retrouvé dans la Loire est « très probablement » celui de Steve
L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

« Je n’en croyais pas mes yeux. J’avais déjà sauté de mon fauteuil parce que j’étais sûr que le ballon allait rentrer », se souvient Asare. « Et soudain, je vois la balle être déviée, mais pas par le gardien de but. J’étais vraiment perplexe car je n’avais jamais vu une telle chose auparavant. Après avoir pris conscience de la situation, je ne pensais pas que c’était si grave. J’étais convaincu que nous allions marquer le penalty. Gyan était notre meilleur tireur et un spécialiste de l’exercice ! », pensait l’ancien joueur de La Gantoise.

La réaction de Gyan

En effet, c’est bien Asamoah Gyan qui prend la responsabilité de son ballon de demi-finale. Il expédie le cuir sur le haut de la barre transversale, manquant son rendez-vous avec l’histoire. Sur le banc de touche, un attaquant uruguayen en liesse vient de sauver son pays de l’élimination. Comme si Dieu l’avait voulu, la séquence du penalty se transforme en délire sud-américain. Les tirs au but offrent une nouvelle occasion au Black Stars de se hisser parmi les quatre meilleurs pays du tournoi. Mais la dimension mentale de ce coup du sort va peut-être jouer dans certaines tête, alors que Gyan fait preuve de sang froid en convertissant malgré tout son tir. Malheureusement John Mensah et Dominic Adiyiah échoueront dans leurs tentatives. Le Ghana voit ainsi son rêve brisé.

Gyan est récemment revenu sur ce penalty manqué. Dans une interview accordée à une émission de radio de la chaîne britannique TalkSPORT, il a avoué cecid : « J’aurais fait la même chose que Suárez. Il a fini par s’assurer que son pays ait encore une chance de passer. Cela m’a fait très mal de louper le penalty car la pression était énorme sur mes épaules. Normalement, je ne tire jamais aussi haut, alors j’étais moi-même choqué de le voir s’envoler de la sorte. C’est vrai que c’est un épisode qui a marqué ma carrière. De temps en temps, on m’en reparle encore. Je dois juste apprendre à vivre avec ça », explique l’ancien artificier du Ghana.

Nana Asare. (Photo by JASPER JACOBS/BELGA MAG/AFP via Getty Images) © belga

Destinée

Lors de la dernière journée de cette phase de groupe de Coupe du monde, le Ghana et l’Uruguay se retrouvent ce vendredi à 16h. Les Black Stars pourront se contenter du partage alors que l’Uruguay devra l’emporter pour poursuivre sa route . « Le scénario pourrait être idéal pour une revanche », estime Asare.

« Ce match est encore gravé dans la mémoire de beaucoup d’Africains. Vous pouvez être sûr qu’il y a encore une certaine forme de colère chez les joueurs ghanéens. Pour nous, c’est LE match de la Coupe du monde. Sortir l’Uruguay du tournoi aurait un goût immensément doux dans notre bouche. Tout le Ghana est derrière son équipe et de plus, nous sommes convaincus des qualités de notre sélection. Si nous gagnons ce match, l’équipe emmagasinera beaucoup de confiance. Peut-être que de cette façon nous pourrons réussir là où nous avons échoué », conclut Nana Asare.

La prostitution est un « vice dégoûtant », écrit le pape François dans la préface d’un livre

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire