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Yannick Ferrera

Tout heureux d’avoir assuré sur le fil son maintien en première division saoudienne, Yannick Ferrera ne se voit visiblement pas revenir tout de suite en Belgique. Et s’en explique.

1. Tu es arrivé à la tête d’Al-Fateh mi-octobre, alors que l’équipe était mal engagée. Un sacré défi qui t’amène finalement aujourd’hui à fêter le maintien. Quel bilan tires-tu de cette année en Arabie Saoudite ?

Je suis arrivé ici alors que le club avait pris un point sur 18. Tout le monde nous voyait descendant à mon arrivée et là, on se sauve avec les honneurs, c’est une belle histoire. Et je suis content de l’avoir partagée avec Jugoslav Lazic (ex-Lokeren) et Julian Jimenez, l’ancien adjoint de Victor Fernandez à Gand. Si celui-ci nous a quittés il y a un mois pour devenir le T2 de Domènec Torrent à Flamengo, lui-même l’ancien adjoint de Pep Guardiola à Barcelone et au Bayern, Jugoslav et moi avont récemment resigné pour deux ans.

2. Quand tu rejoins Al-Fateh, on est onze mois après ton licenciement de Waasland-Beveren. Si tu fais le choix de l’exil à ce moment-là, c’est parce que tu ne te sens plus respecté en Belgique ?

J’avais eu plusieurs opportunités assez concrètes, dont Roulers, pendant ces onze mois sans club, mais aucune ne m’avait réellement convaincu. Que ce soit sportivement ou économiquement, il y avait toujours quelque chose qui coinçait. Avec l’Arabie Saoudite, je me suis dit que j’avais là l’occasion de m’ouvrir à un autre marché, de m’y faire un nom. L’avantage, si tu marches bien en Arabie Saoudite, c’est que tu te fais vite connaître dans les autres pays du Golfe. Le Qatar, les Émirats suivent beaucoup le championnat saoudien, qui est le plus relevé de la région grâce au fait qu’on peut avoir jusqu’à sept étrangers par équipe.

3. Quand tu as commencé à coacher chez les jeunes à Anderlecht, au mitan des années 2000, tu te serais imaginé cette vie de backpacker ?

J’avais un plan de carrière qui a bien fonctionné jusqu’à mon renvoi du Standard. Après ça, j’ai compris que tout ne dépendait pas toujours que de toi et j’ai arrêté de faire des plans pour aller là où le vent me mène. Du moment que je peux m’éclater et faire du foot, je suis content. Et puis, je ne suis pas mal situé ici. À 1h20 de la côte est et de son aéroport international, à deux heures de route de Bahreïn et à une heure de vol de Dubaï.

4. Tu as été l’un des premiers à être considéré comme un geek du football en Belgique. Un peu comme les frères Still aujourd’hui, actifs au Beerschot et à l’Antwerp. Tu penses qu’avec ton approche théorique du football, tu as pu participer à professionnaliser le football belge ?

Je vais vous surprendre, mais je ne pense pas que j’ai cette image-là en Belgique. L’impression que j’ai moi, mais je me trompe peut-être, c’est que je ne suis pas apprécié et reconnu en Belgique. Je ne me vois pas comme un pionnier, pas plus que comme un théoricien du foot, simplement comme un entraîneur qui aime étudier le jeu. Je ne l’étudie pas plus qu’un Klopp ou un Guardiola, mais un peu plus qu’un ancien joueur qui débarque dans un vestiaire en se servant principalement de son aura. Moi, entre mes 22 et mes 31 ans, je me suis préparé à devenir coach. En me disant que le jour où je recevrais ma chance comme entraîneur principal, il faudrait que mes joueurs comprennent de suite que j’étais capable de les faire progresser. En un entraînement, en une causerie, il fallait que je fasse la différence. Parce que j’aime autant vous dire que quand vous débarquez comme T1 à Charleroi à 31 ans, votre aura, elle n’existe pas.

5. Revenir en Belgique pour signer dans un club condamné à lutter pour sa survie, comme Waasland à l’époque, tu ne le referais plus ?

Je ne correspondais pas du tout à ce club. Et ce club ne me correspondait pas du tout. Le problème, c’est que j’avais peur que les gens m’oublient. Je sortais d’une période de huit mois sans club après la fin de mon expérience à Malines et j’ai un peu paniqué. Je pensais que ce serait peut-être ma dernière expérience en D1 belge et que je ne pouvais pas la laisser passer. C’était une erreur. Je ne la commettrais plus à présent. Déjà parce qu’aujourd’hui, après un an en Arabie Saoudite, je n’ai plus de pression financière. J’ai le temps de voir venir. Si demain je me retrouve sans club, je prendrai le temps de voir ce qui se présente à moi.

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