Au Racing, on se réjouit du retour de Pelé Mboyo. Car on ne demande qu’à revoir ce qu’il a montré avec Jelle Vossen face à Zulte Waregem.

Dimanche 15 septembre 2013. On dispute la 69e minute du match entre le Racing Genk et Zulte Waregem. Le marquoir affiche un score de deux buts à un en faveur de l’équipe locale. Soudain, sur un coup franc donné par Julien Gorius, Pelé Mboyo décroche et adresse un centre parfait à Jelle Vossen. Ce dernier devance Karel D’Haene au duel de la tête et fait 3-1. Deux minutes plus tard, Mboyo s’infiltre bien entre les lignes, il reçoit un nouveau ballon de Gorius sur le flanc gauche et adresse une passe millimétrée à Vossen qui contrôle et profite d’une mésentente entre Frédéric Duplus et le gardien Sammy Bossut pour faire 4-1. Depuis le début du match, Mboyo et Vossen semaient le danger dans la défense adverse. Ces deux buts, c’est la récompense de leur travail. Pour beaucoup d’observateurs, une nouvelle paire est née. On l’appelle déjà Vosboyo.

Au lendemain de cette rencontre, Mario Been est l’invité d’Extra Time, sur la VRT. L’entraîneur de Genk y parle de Mboyo, acheté à Gand cet été. Quand on lui demande s’il lui fait penser à Christian Benteke, passé de Genk à Aston Villa l’an dernier, Been répond :  » Je pense que Christian était plus évolué à tous les points de vue. Il faisait jouer les autres. Il gardait bien le ballon et dominait le trafic aérien. Mais les deux joueurs sont incomparables. Mboyo a un rayon d’action fantastique et il peut accélérer à tout moment. Contre Zulte Waregem, il a livré un de ses meilleurs matches. C’est aussi dû au fait qu’il est beaucoup plus souvent à Genk. Lorsque sa copine était à l’hôpital (suite à un accident de la circulation, ndlr), il devait lui rendre visite chaque jour et il y laissait pas mal d’énergie. Aujourd’hui, on remarque qu’il est plus reposé. Je suis très content de lui.  »

Quatre jours plus tard, on se demande si Vossen et Mboyo pourront rééditer leur prestation au Dinamo Kiev, en Europa League. Vossen est aligné dans le dos de Mboyo, qui doit quitter le terrain après une demi-heure de jeu, blessé aux ischios. Dans l’attente de son retour, Sport/Foot Magazine a sondé quelques connaisseurs pour avoir une idée du potentiel de ce duo Vossen-Mboyo.

Un complément idéal

 » Des duos de pointe, j’en ai connu beaucoup « , dit Pierre Denier, entraîneur-adjoint du Racing Genk.  » Branko Strupar et Souleymane Oulare, Moumouni Dagano et Wesley Sonck ou encore, l’an dernier, Jelle Vossen et Marvin Ogunjimi ou Christian Benteke. Au cours des dernières semaines, en voyant Jelle et Pelé travailler, je me suis dit que, tôt ou tard, ça allait fonctionner. A l’entraînement, ça se passait souvent bien mais en match, ce n’était pas toujours le cas. Jusqu’à ce match face à Zulte Waregem. Il était logique que ça prenne un peu de temps. Quand on débarque dans un club, comme c’était le cas de Mboyo, il faut d’abord s’habituer à d’autres méthodes d’entraînement et à d’autres priorités. Tout compte fait, je me dis qu’il n’a pas fallu si longtemps pour que ces deux-là se trouvent.  »

 » Ce duo me fait un peu penser à celui que formaient Sonck et Dagano. Jelle ressemble beaucoup à Wesley : il sait se placer, décroche intelligemment, court entre les lignes et a une très bonne détente. Dagano, comme Mboyo, protégeait bien son ballon, il utilise bien son corps et était fort dans le jeu aérien. Mboyo est un bon fournisseur pour Jelle. Benteke l’était aussi. Ce sont des joueurs qui fixent toujours un ou deux adversaires. Jelle peut en profiter. Pelé place parfaitement son corps entre l’adversaire et le ballon, il permet à l’équipe de remonter le terrain et il sait remiser.  »

 » Au cours des dernières saisons, c’est toujours Jelle qui a dû s’adapter à un nouveau compagnon en pointe. Il a donc pas mal de mérite puisque ça marche à chaque fois. Comme Sonck par le passé, Vossen sait se déplacer en fonction de son partenaire. C’est pourquoi le rôle qui lui convient le mieux est celui d’attaquant en retrait, derrière Mboyo. Cela lui laisse de l’espace et lui permet de se placer à des endroits où il est difficile de l’arrêter. Cela explique que, chaque saison, il marque entre douze et quinze buts : il sait où le ballon va tomber, il a le nez fin. De plus, il est souvent au bon endroit pour disputer le rebond. Et puis, il peut aussi jouer tout seul en pointe quand c’est nécessaire, comme face à Kiev. A chaque fois, il nous dépanne.  »

 » A Gand, Pelé était habitué à jouer seul en pointe mais à Genk, quand l’équipe tourne, nous nous retrouvons parfois à quatre devant : les deux attaquants plus deux ailiers offensifs, Thomas Buffel ou Benjamin De Ceulaer à droite et Steeven Joseph-Monrose ou Anthony Limbombe à gauche. Mboyo doit s’adapter mais c’est là qu’on voit qu’il a du talent car, dans ces moments-là, il se place très bien. Cela m’a surtout frappé quand Fabien Camus ou Julien Gorius ont joué à gauche : Mboyo se déplaçait alors plutôt vers les coins car il savait que Fabien et Julien préféraient rentrer dans le jeu.  »

L’un pour l’autre

Geert De Vlieger était consultant pour la télévision lors du match entre le Racing Genk et Zulte Waregem.  » Dans ce match, on a vu qu’il y avait quelque chose entre Mboyo et Vossen « , dit l’ex-gardien.  » Il n’est pas illogique que cela ait pris un peu de temps car j’imagine bien que Mboyo a dû analyser la façon de penser et de courir de son collègue. J’estime d’ailleurs que toute l’équipe de Genk n’a pas très bien joué au cours des premiers matches et l’un entraîne l’autre : si le duo de pointe fonctionne bien, l’équipe joue mieux. Et si l’équipe joue bien, les attaquants reçoivent beaucoup de ballons et tournent à plein régime.  »

 » Vossen sent bien à quel genre d’équipier il a à faire. Il a déjà prouvé qu’il pouvait jouer avec plusieurs types d’attaquants car Mboyo, Ogunjimi, Benteke ou De Ceulaer, ce n’est pas pareil. Cela exige des facultés d’adaptation et Vossen les possède. Ces dernières années, on lui a chaque fois associé quelqu’un d’autre et ça a toujours marché. Cela signifie que Vossen est un pion très important. Lui ne semble pas accorder trop d’importance au type d’attaquant qui joue avec lui car il s’épanouit à chaque fois, se crée des occasions et inscrit des buts.

Il profite à merveille du sens de la profondeur et de la puissance au duel de ses équipiers. Ce qui me frappe aussi, chez lui, c’est l’intelligence dont il fait preuve dans ses déplacements. Si Mboyo se déporte à droite, Vossen se dirige vers le but. S’il est marqué, il va vers le ballon et crée ainsi de l’espace pour Mboyo. Ou alors, il se place en pivot et remise vers Mboyo. C’est un duo qui travaille dans les deux sens et c’est ça qui fait le secret d’une bonne paire. Si Mboyo et Vossen veulent se mettre en évidence, le meilleur moyen est de bosser l’un pour l’autre.  »

 » Je ne sais pas si on peut déjà dire que Genk dispose de la meilleure attaque de Belgique. Je pense que les paires d’attaquants de Genk, d’Anderlecht et du Standard se valent. Ce que Matias Suarez et Aleksandar Mitrovic ont montré lors du match Anderlecht – FC Malines promet également beaucoup. Et à Liège, Michy Batshuyai et Imoh Ezekiel sont également très forts et très complémentaires à leur manière, même s’ils sont un peu plus individualistes et combinent donc un peu moins. Ils peuvent facilement faire la différence tout seuls en profondeur car ils misent avant tout sur leur vitesse tandis que Vossen préfère aller au ballon et jouer derrière Mboyo, comme en début de match contre Kiev. Ce qui permet d’avoir un médian de plus en perte de balle.  »

PAR KRISTOF DE RYCK – PHOTOS: IMAGEGLOBE

 » Ces dernières années, on a chaque fois associé quelqu’un d’autre à Vossen et ça a toujours marché. Cela signifie qu’il est un pion très important.  » Geert De Vlieger

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