Voici pourquoi il part

Durant un saut au Caire de jeudi à dimanche dernier, le médian a annoncé qu’il prendra une décision quant à la suite de sa carrière d’ici à la fin de la saison. Il a également confirmé qu’il est en pleines négociations avec les deux plus grands clubs égyptiens.

Sa visite à son domicile cairote a été brève : Ahmed Hassan (32 ans) a un agenda chargé. L’international égyptien nous a assuré que la principale raison de sa visite éclair était de rendre visite à sa famille et prioritairement à sa mère, malade, et non de discuter avec des clubs égyptiens, contrairement à ce que certains journaux avaient annoncé. Il a néanmoins reconnu avoir rencontré certains dirigeants par hasard ( sic) et d’avoir évoqué le thème de son retour mais que cela s’est limité à de simples discussions et qu’aucun accord n’a été pris.

Ceci dit, l’enquête que nous avons menée nous permet de dire qu’il y a 90 % de chances que Hassan n’ira pas au bout de son contrat de deux ans avec Anderlecht. Les négociations avec les grands clubs égyptiens sont intensives : Al-Zamalek et Al-Ahli le veulent et sont prêts à compenser Anderlecht. Hassan sait que la concurrence à son sujet est forte et est prêt à profiter de la plus belle offre. Les médias égyptiens sont sur la balle et estiment que le joueur temporise pour effectuer la plus belle affaire.

Bien entendu, comme il le dit dans l’interview, ce sont ses préoccupations familiales qui sont à la base de toutes ces discussions sur son retour en Egypte. C’est pour elle aussi, pour la mettre encore plus à l’abri financièrement, qu’il attend la meilleure offre. Une chose est sûre : il ne quittera pas Anderlecht pour un autre club européen. On sait que Galatsaray s’est mis sur les rangs, mais Hassan est convaincu que son prochain club sera égyptien :  » Et si n’est pas le cas, ce pourrait être un autre club arabe « .

Au Caire, la semaine passée, il a donc consacré ses journées à accompagner sa mère malade chez les médecins et à passer plus de temps que d’habitude avec ses trois enfants, Hassan (huit ans), Bibo (cinq ans) et Mallak, une petite fille de six mois. Tout cela ne l’a pas empêché de rencontrer des dirigeants de clubs locaux et de consacrer également du temps à ses affaires au Caire.

Convaincre Hassan de nous accorder une interview a relevé du parcours du combattant mais il nous a finalement reçu au gymnase où il se faisait masser.

Ahmed Hassan :  » Je sais que tout le monde s’intéresse à mon avenir, en Belgique comme en Egypte. Je n’ai pas encore pris de décision. C’est difficile mais je devrai trancher, tôt ou tard. Ce n’est pas encore pour maintenant. Je communiquerai ma décision d’ici à la fin de saison. Je réfléchis toujours. Soit j’honorerai mon contrat à Anderlecht jusqu’à l’été 2008, soit je reviendrai au Caire… Je suis vraiment tiraillé entre ces deux options, soit rester en Belgique ou revenir en Egypte. Ce n’est pas une décision facile à prendre. Je dois beaucoup à Anderlecht. Tout le monde y est vraiment charmant, qu’il s’agisse des dirigeants, des journalistes ou des supporters. Ils m’entourent d’affection et de respect et j’apprécie cela. Grâce à eux, ils me font sentir chez moi en Belgique.

S’il m’a fallu énormément de temps pour me bâtir une réputation et des relations en Turquie où j’ai joué pendant presque huit ans et y devenir très populaire auprès de publics formidables, en Belgique, c’est très différent. J’ai été surpris, touché et étonné par la chaleur de l’accueil. Dès le premier jour, dès mon premier match, j’ai été le bienvenu auprès de chacun. D’habitude, quand vous êtes nouveau dans un club, que vous soyez une star ou pas, il vous faut du temps pour être accepté par les supporters et par les différents publics. Les Belges m’ont surpris par leur passion, leur chaleur et leur convivialité. C’est vraiment une tout autre expérience. C’est ce qui rend ma décision de partir avant la fin de mon contrat si pénible à prendre « .

 » J’ai progressé techniquement à Anderlecht  »

Hassan a confié à Sport/Foot Magazine ses raisons qui le poussent à partir :  » Mais avant tout, je tiens à réaffirmer à tous, dirigeants anderlechtois, journalistes et à mes chers supporters, que je suis vraiment très heureux en Belgique. C’est là que j’ai vécu ma plus belle expérience, même si je me suis produit pour quatre autres clubs en Turquie. Le football belge est meilleur, ses équipes sont plus fortes et plus puissantes. Je pense que le championnat est un des plus physiques d’Europe et le jeu est aussi très discipliné. Grâce à cela, j’ai énormément progressé en peu de temps, sur le plan technique. La seule différence entre la Belgique et la Turquie est la taille de cette dernière, qui compte près de 70 millions d’habitants, comme l’Egypte. Ces deux pays sont dingues de football et la Belgique est un petit pays comparé à eux en termes de popularité du sport et de soutien au football « .

 » J’ai le mal du pays  »

 » J’ai le mal du pays. J’évolue depuis près de dix ans en Europe maintenant. Ma nostalgie ne concerne pas ma seule famille mais aussi mon pays, sa culture, ses traditions, son style de vie. J’ai vécu des années en Turquie mais ma famille m’y avait accompagné. Elle est restée auprès de moi pendant six ans. Mes enfants étaient encore petits. Il nous était donc plus facile de nous en occuper et de les élever. Maintenant ils ont grandi et je suis séparé d’eux depuis deux ans à cause de leur scolarité. Les deux garçons fréquentent une école en Egypte. Nous nous manquons. Je veux être proche d’eux. Nos conversations téléphoniques ne nous suffisent pas, pas plus que mes courtes visites au Caire, d’autant que quand je suis au pays, comme vous le constatez, je suis très pris par toute une série de choses et des rendez-vous. Nous avons besoin d’être réunis et de vivre ensemble « .

Hassan explique pourquoi il ne peut faire venir sa famille en Belgique.  » C’est un pays agréable, ses habitants sont gentils et amicaux mais je sais que mes enfants recevraient une meilleure éducation ici. Car la Belgique est un pays européen. La culture, les traditions, la religion et le style de vie y sont différents. Quand mes enfants étaient petits, ces choses n’avaient pas d’importance ; elles ne me tracassaient pas. Maintenant, c’est différent. Je veux élever mes enfants dans l’environnement qui m’a moi-même vu grandir « .

Le médian égyptien est conservateur et religieux. Musulman, il a l’habitude de diriger ses coéquipiers pendant la prière lors des stages, des tournois internationaux ou des matches. Il connaît le coran par c£ur. Il a fréquenté des écoles islamiques et a obtenu un diplôme de l’université islamique Al-Azhar.

 » La vie en Egypte, avec ma famille et mes amis, me manque. Où que j’aille, ici, je rencontre des gens que je connais. On ne se sent jamais seul en Egypte. J’ai passé suffisamment de temps en Europe. J’ai apprécié ce chapitre car ma carrière en Europe m’a beaucoup apporté : ma réputation, la gloire, l’expérience et, bien sûr, suffisamment d’argent pour assurer mon avenir et celui de ma famille « .

Il a lancé un business dans le tourisme

Elu meilleur joueur de la Coupe d’Afrique des Nations en 2006 remportée par son pays, le capitaine aux 119 sélections admet aussi avoir lancé sa propre affaire au Caire. Il estime devoir être sur place pour la tenir à l’£il :  » C’est une entreprise privée dont il me serait difficile de suivre le développement ou d’assurer la surveillance de loin. J’ai des personnes de confiance qui s’en occupent ici au Caire mais pour garantir le succès de cette affaire, je dois en rester très proche « .

Hassan refuse de dévoiler la nature exacte de son business, se bornant à préciser qu’il n’a rien à voir avec le sport. Cependant, selon certaines sources proches du joueur, elle opère dans le secteur du tourisme égyptien.

Les grands clubs égyptiens le pourchassent

Si Hassan décide de quitter la Belgique pour revenir dans son pays, où se posera-t-il ? Quel club rejoindra-t-il ? Avant de s’expatrier en Turquie, Hassan a été un joueur clef d’Ismaili, un club qui avait toujours été un peu à la traîne d’Al-Ahli et d’Al-Zamalek, les deux grands d’Egypte. Mais alors qu’Al-Ahli domine le championnat de la tête et des épaules depuis quelques années, la concurrence est devenue très âpre entre Al Zamalek et Ismaili, l’ancien club d’Hassan devenu le troisième meilleur du pays.

Envisagerait-il de retourner dans son ancien club ou préférerait-il signer dans un des deux grands ? Al-Ahli et Al-Zamalek sont le rêve de tout footballeur égyptien. La plupart de ceux qui se produisent dans d’autres clubs se battent comme des lions dans leurs joutes contre ces monuments, dans l’espoir de se faire remarquer par l’entraîneur adverse et de recevoir une offre de transfert.

Shawki Gharieb, le sélectionneur national, commente :  » Ce n’est pas le cas d’un joueur de l’envergure d’Ahmed Hassan, qui est convoité par tous les clubs. Hassan a le talent, l’expérience, il jouit aussi d’une grande popularité auprès des supporters de ces deux clubs. Aujourd’hui, ce n’est pas Hassan qui recherche une place dans un de ces clubs. Ce sont eux qui le courtisent. Bien qu’il soit médian, Hassan est capable de jouer à n’importe quelle position. Grâce à lui, tant il est polyvalent, un entraîneur peut aisément effectuer des modifications en cours de match. Il est également un leader sur le terrain, avec ou sans brassard « .

Au Caire, on joue le derby pour gagner Hassan

En tout cas, même si Hassan est toujours à Anderlecht, les deux clubs égyptiens ont entamé des négociations avec lui dès que la nouvelle de son intention de rentrer au Caire a été annoncée.

Les dirigeants de ces clubs et le joueur n’ont absolument pas démenti le fait qu’ils ont eu des entretiens. Inutile de préciser que la presse égyptienne suit l’affaire de très près et essaye de savoir vers quel club va la préférence du médian. Elle fait le point et tous les jours. Vu que les deux clubs ont confirmé leur intention de s’adjoindre le médian, c’est devenu un derby dont l’objectif n’est pas de gagner le titre ou la Coupe mais pour emporter les faveurs d’Hassan.

Mamdouh Abbas, le président d’Al-Zamalek, a confirmé qu’il mettait tout en £uvre pour convaincre le capitaine de l’Egypte de signer pour son club :  » Hassan est un joueur important. Nous le voulons « . Il le répète aux journalistes locaux à tout moment. Un élément ajoute encore plus de crédibilité à l’information : Henry Michel, l’entraîneur français, avait refusé de signer son contrat de deux ans avant d’obtenir du président qu’il promette d’engager cinq joueurs, dont Hassan. Les deux autres internationaux sont Beshir El-Tabei, qui joue à Reizspor, en Turquie, et Haithem El-Morabety, qui se produit en Tunisie à Sfax. Michel a signé son contrat il y a deux semaines, pour un salaire de 60.000 dollars (50.000 euros) et martèle qu’Hassan est très proche d’un transfert à Al-Zamalek.

Hassan lui-même s’est dit impressionné et fier d’apprendre qu’Henry Michel insistait pour l’avoir comme titulaire. Il a déclaré beaucoup apprécier cette attitude, venant d’un entraîneur aussi expérimenté et réputé comme le Français, un coach qu’il a rencontré à maintes reprises quand il dirigeait l’équipe nationale du Maroc ou de Côte d’Ivoire.

Les dirigeants d’Al-Ahli ont également approché le joueur, avec une bonne offre, et ils seraient tout aussi heureux de l’embaucher. Le vice-président du club, Mahmoud El-Khatib, légende du football local, seul Egyptien à avoir été élu Joueur africain de l’Année en 1983, a confirmé qu’Al-Ahli discute sérieusement avec le joueur, soucieux d’enrichir sa liste des meilleurs footballeurs du pays.  » Hassan nous intéresse. Nous adorerions l’avoir dans l’équipe « .

Si les deux clubs ont confirmé leur intérêt pour le médian anderlechtois, ils n’ont toutefois pas révélé les détails de l’offre faite au joueur. Une chose est certaine : ils sont prêts à surenchérir. Al-Zamalek doit respecter la promesse faite à Henri Michel et jamais Al-Ahli ne laisserait son adversaire remporter l’affaire sans broncher. Or, Al-Zamalek est en proie à quelques soucis financiers alors que la trésorerie d’Al-Ahli est prospère, grâce à sa cinquième victoire dans la Ligue africaine des Champions en novembre 2006 et à sa troisième place au Championnat du Monde des clubs obtenue en décembre dernier.

Sentimentalement, Hassan n’est ni pro-Al Zamalek, ni pro-Al-Ahli

Mais qu’en pense Hassan et quel club aurait sa préférence ? Il confirme avoir eu de longs entretiens téléphoniques avec les deux ces dernières semaines, avoir reçu des offres sérieuses et avoir eu de longues réunions lorsqu’il se trouvait au Caire :  » La situation est délicate. Ce sont les deux meilleurs clubs du pays. Tout footballeur égyptien rêve de se produire pour l’un ou l’autre et je n’ai joué pour aucun d’eux. Je ne dois donc aucune loyauté à l’un ou à l’autre. Je suis un professionnel, je dois être correct à l’égard de celui où je signerai, c’est-à-dire le club qui offrirait la meilleure offre pour moi-même ainsi que pour mon club belge, car la décision dépend de lui également « .

Hassan dément la nouvelle parue dans certains journaux de même que la rumeur selon laquelle Al-Zamalek aurait ses faveurs, parce qu’il entretient d’excellentes relations avec le président Mamdouh Abbas :  » Nous sommes en effet en excellents termes. Monsieur Abbas est un homme que je respecte beaucoup mais c’est personnel, cela n’a rien à voir avec mon avenir sportif. Je ne rejoindrai pas un club pour une personne mais pour le club lui-même, son histoire, sa réputation. Ce sont mes principaux critères car les personnes vont et viennent, en fonction d’élections, de désignations. Le club en tant qu’institution demeure. Al-Zamalek a un nom, c’est un très grand club. Al-Ahli également. Se produire pour le club africain du siècle constituera un honneur pour n’importe quel footballeur, d’autant qu’il est le leader incontesté de ces dernières années. Achever sa carrière dans un club qui a valu tant de gloire à toute une nation est certainement magnifique. Je le répète : je vais étudier les deux offres et sélectionner la plus intéressante, pour mon club actuel et pour moi « .

Le conseil du coach national : rester à Anderlecht !

Alors que la presse et les fans attendent impatiemment le retour d’Hassan au pays, Gharieb pense que quitter la Belgique au profit de l’Egypte pourrait constituer un danger.  » Il risquerait de perdre sa place en équipe nationale. S’il est un élément essentiel pour l’Egypte, c’est parce qu’il évolue en Europe. Mieux vaut qu’il y reste. Je lui ai rendu visite en février et j’estime que son expérience là-bas, aussi courte soit-elle, lui a apporté beaucoup. Le championnat de Belgique est excellent et participer à une Coupe d’Europe avec Anderlecht a élargi son expérience. Le moment de revenir en Egypte n’est pas encore venu. Hassan devrait, selon moi, honorer son contrat de deux ans avant de songer à un retour. Rejouer dès maintenant en Egypte ne lui apportera rien, il perdrait de l’expérience alors qu’il peut en emmagasiner en restant en Belgique et en disputant un championnat costaud « .

C’est clair :  » Gagner le titre et la Coupe avant de partir  »

Hassan conclut en soulignant à quel point il est touché par la réaction du public belge à son intention de partir :  » Normalement, ce genre de demande émane du club lui-même. Mais en Belgique, la presse et les supporters mettent la pression. Cette manifestation me fait chaud au c£ur. Je suis aussi très fier d’avoir pu connaître le succès en Belgique et d’avoir été un bon ambassadeur de mon pays. Les dirigeants sont tellement compréhensifs… J’ai exposé mes motifs au président et au manager. Ils ont fait preuve du plus vif respect pour ma situation. Les journalistes m’ont également témoigné beaucoup de respect durant mon séjour en Belgique, qu’il s’agisse de mon jeu ou de ma personne. Ils ont presque fait de moi un héros, tant ils m’ont soutenu. Le public est pareil. Donc, il n’est pas question de laisser tomber Anderlecht comme ça. Je veux laisser un bon souvenir à ce pays qui m’a tant donné en aussi peu de temps. Je voudrais pouvoir aider Anderlecht à remporter le titre national et la Coupe de Belgique cette saison, avant de partir « .

par inas mazhar

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