Vivement samedi !

En avril dernier, un rien oublieux du fait que  » sa  » FIFA ne possédait pas les pouvoirs de l’IFAB, Gianni Infantino ouvrait fort grand sa bouche pour clamer aux médias que le VAR serait utilisé lors du Mondial 2018. Ce n’est pourtant que ce samedi 3 mars que nous saurons si sa grande bouche avait vu juste : ce que j’espère de tout mon coeur… sans arriver à me défaire d’une petite appréhension ! Car l’International Board décideur est chicaneur, lent à la détente, et dominé par des Britanniques qui viennent seulement de daigner débuter leur expérimentation online : juste au moment où notre KU Leuven avait l’honneur de rendre le rapport officiel des tests de VAR, menés un peu partout dans le monde, via 804 matches depuis déjà 6 mois ! Or donc, méfiance, angoisse, touchons du bois, plus que trois fois dormir avant l’AG annuelle du Board…

Tôt ou tard, on n’échappera pas au VAR et ce sera un progrès… qui n’empêchera pas que demeure du boxon ! Hands volontaire ou pas, arrachage de ballon excessivement engagé ou pas, position de hors-jeu influençant l’action ou pas, le VAR ne nous fera pas sortir de l’auberge polémique. MAIS il permettra d’enfin distinguer clairement la chienlit/conséquence d’un arbitrage bigleux, et la chienlit/conséquence du pouvoir siffleur d’interprétation ! Parce que le foot est un sport de contact, l’estimation de la dangerosité sera toujours présente et subjective. Deux choses sont alors nécessaires pour tendre vers l’objectivité : revoir la phase (c’est-à-dire recourir à une vidéo-assistance) et confronter les subjectivités (c’est-à-dire être plusieurs à revisionner).

À terme, je vous parie mon slip qu’on supprimera ce trottinement ridicule du siffleur s’en allant voir son p’tit écran. Par micro et oreillettes, le referee devra juste être en relation continue avec le chef du petit staff campant devant l’écran ET LUI FAIRE CONFIANCE… ça pourra être à des kilomètres du match, qu’importe ! Et nous ignorerons ce que ces deux-là se disent, ça ne nous regardera d’ailleurs pas, c’est même préférable : nous ne pourrons plus jouer les frustrés parce qu’il y a parfois recours au VAR et parfois pas, car nous ne saurons pas toujours s’il y a eu échange d’avis. Terminé, le poids de la décision reposant exclusivement sur le siffleur : il y aura guidance invisible plutôt que recours, responsabilité collective, et ce sera bien mieux. Le referee qui s’en estimera décrédibilisé est un sacré maso.

Hein ? Ça va ralentir le jeu ? Casser sa fluidité ? Poussez pas bobonne dans le grand rectangle ! Le foot est déjà un sport où temps morts et arrêts de jeu sont légion, ça palabre à chaque coup de sifflet, ça se tord de douleur, ça s’empile pour s’effusionner, il faut 95 minutes pour en prester 60 de jeu effectif… en comptant large : en octobre dans Sport/Foot Magazine, Roberto Martinez disait même regarder des tas de matches entiers mais via un programme qui ne montre que quand le ballon est en jeu, c’est-à-dire entre 23 et 28 minutes !

Le VAR ne troublera pas notre rythme de spectateur, il s’intégrera tout seul comme un grand à nos flâneries. La preuve par ce rapport de la KUL : le temps perdu par le VAR représente 1 % du temps total… et voici les autres temps de perte : 9,5 % lors des coups francs, 8 % lors des rentrées en touche, 6 % lors des coups de pied de but, 4,5 % lors des coups de coin, 3,5 % lors des changements ! Alors oui, peut-être aboutira-t-on à une officialisation des coupures, un chronométrage du temps de jeu effectif comme au basket. Et alors ?

Hein ? Il va y avoir une perte d’émotion car certains buts seront annulés, après explosion de joie prématurée ? Pas grave. D’abord, ça arrivait déjà. Ensuite, ça attisera le suspense, un peu comme quand on attend le résultat d’une photo-finish. Et surtout, plus souvent, on laissera aller les hors-jeu possibles au lieu d’agiter erronément les drapeaux… ça fera plus de buts, même s’ils sont annulés, ce sera toujours ça de pris, il y en a si peu ! Mieux vaut voir un beau but annulé que pas de but du tout ! Les télés pourront même nous proposer un top des plus beaux buts annulés, établir un classement des buteurs frustrés, faire élire le but annulé de l’année… vive le VAR, the show must go on !

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