Vadis Odjija

Voici pourquoi le Club Bruges a eu raison de directement croire dans ce jeune médian.

Positif

A 21 ans, sa marge de progression est encore énorme, d’autant plus que cela ne fait qu’un an qu’il s’est installé dans le 11 de base d’une équipe professionnelle. Ses clubs précédents (Anderlecht et Hambourg) ne lui avaient pas vraiment donné sa chance, ce qui n’est pas le cas de Bruges. Arrivé en janvier 2009, il s’est tout de suite imposé mais reste très perfectible dans de nombreux domaines.

Il est plus un médian récupérateur constructeur qu’un numéro 6 uniquement capable de détruire. Il est tout le temps disponible en possession de balle et il est le véritable relais entre la défense et les deux échelons supérieurs. Il est tout à fait capable de remplir ce rôle et de donner l’impulsion au jeu de son équipe. Malgré un poste où les duels sont nombreux et l’envie de réussir au top niveau, il n’a pas écopé du moindre carton rouge en 57 participations avec les Blauw en Zwart.

Il possède des qualités techniques de bon niveau. Ses contrôles et ses enchaînements sont toujours réalisés très proprement et ses gestes effectués avec une certaine élégance. Il s’exprime très bien dans les petits espaces et il parvient à bien orienter le cuir, même quand il doit subir le pressing adverse. Lorsqu’il reçoit le ballon avec le jeu dans son dos, il arrive très rapidement, grâce à sa maîtrise technique, à se remettre dans le sens du jeu.

Il est doté d’une bonne frappe de balle mais il utilise plus son intérieur que le cou du pied. Avec son droit, en Espoirs, il avait tenté un lob, sans élan, du milieu de terrain et le gardien avait réussi à détourner le ballon in extremis. Cela prouve à suffisance sa qualité de frappe. Toutefois, il pourrait essayer de se mettre plus en position de tir et tenter plus fréquemment sa chance au but.

Le demi défensif de Bruges est doté d’un bon gabarit (1m85 pour 79 kg) et il le met bien à profit pour s’imposer dans les duels. Il résiste très bien aux charges et malgré son jeune âge, il ne se laisse pas bousculer par des joueurs plus expérimentés en utilisant les bras à bon escient. Dans les contacts épaule contre épaule, il reste solide sur ses appuis et c’est très difficile de le faire bouger.

Il possède un tacle de très bon niveau grâce à une technique presque parfaite. Il se laisse glisser plus facilement du côté droit et il fait preuve d’un grand engagement physique sans tomber dans la brutalité. Son agressivité est tout à fait saine et il essaie, en priorité, de récupérer le ballon proprement plutôt que de commettre la faute en faisant preuve d’impétuosité.

Son volume de jeu est d’excellent niveau. Il travaille inlassablement d’un rectangle à l’autre en essayant constamment d’être très proche du ballon. Ce côté fourmi lui permet de toucher beaucoup le ballon et d’être très présent à la récupération de celui-ci.

Négatif

Même s’il possède une vitesse de course assez correcte, Vadis manque de vivacité sur les premiers mètres. Il doit aussi apprendre à changer de rythme car il a tendance à jouer souvent sur le même tempo. Il ne sera jamais un joueur explosif mais, avec l’expérience, il doit parvenir à moins évoluer comme un diesel.

Malgré son 1m85, son jeu de tête est loin d’être exceptionnel. Très présent dans le duel aérien en récupération, quand le ballon arrive face à lui, il est par contre trop peu performant dans les airs en possession de balle (principalement devant le but adverse). Il doit encore améliorer son timing offensif ce qui, à son âge, est tout à fait possible.

Il manque clairement de polyvalence. Les postes de demi défensif ou de demi relayeur sont quasiment les seuls où il est capable d’être performant. C’est purement un joueur axial qui, dans quelques années, pourrait peut-être aussi prester en défense centrale.

Lepied gauche est un point faible. Cela ne se voit pas trop dans les petites combinaisons où il est capable de donner une bonne passe courte avec son deuxième pied. Par contre, dans le jeu long et dans les frappes au but, son enchaînement n’est pas naturel. On voit que le geste est forcé pour essayer d’y mettre de la puissance.

Au niveau du coaching, son rôle de régulateur doit le pousser à prendre plus de responsabilités pour guider les autres. Il se contente encore trop de son propre jeu et néglige souvent de corriger le positionnement d’un partenaire mal placé. Sa personnalité et quelques mois d’expérience supplémentaires devraient lui permettre de gommer ce petit défaut.

Le jeu long est une spécificité qu’il ne maîtrise pas encore très bien. Même s’il est capable de changer de flanc quand c’est fermé d’un côté, il le fait rarement par une passe à 40 mètres, en renversement de jeu. Il a plutôt tendance à prendre un appui intermédiaire pour transmettre le ballon vers l’autre flanc.

Même si sa mentalité et son envie de bien faire ne peuvent être mises en cause, sa position, principalement en perte de balle, n’est pas toujours opportune. Tactiquement, il doit encore progresser car il lui arrive de se jeter sur un adversaire, de se faire éliminer trop facilement et ainsi, de créer des brèches dans son dos. Ce comportement risque parfois de désorganiser tout le bloc-équipe et il devrait encore plus agir en fonction des partenaires évoluant dans les zones voisines pour être sûr que l’échelon inférieur ait bien suivi son pressing.

Né en 1963, Etienne Delangre joua comme défenseur au Standard de 1981 à 1992 (267m en D1 et 6b, champion en 82 et 83). Ex-chargé de cours à l’Ecole du Heysel, il coacha de la P1 à la D1 (Charleroi).

par étienne delangre

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