» Un peu l’étranger « 

Ce n’est pas parce qu’il n’a pas joué la Supercoupe que le milieu de terrain flandrien ne va pas conquérir le Tivoli.

La Louvière a perdu la Supercoupe à ce que l’on a coutume d’appeler la  » loterie  » : le capitaine Thierry Siquet a loupé la conversion du premier tir au but, et plus personne après lui n’a manqué la cible. Cela arrive.

Au cours des 90 minutes réglementaires, les Loups avaient laissé entrevoir de bonnes dispositions, montrant un visage séduisant en première mi-temps, prenant l’avantage par l’intermédiaire d’un Yannick Vervalle en forme ascendante, puis tenant le choc en seconde période en ne s’inclinant qu’à une seule reprise. Daniel Camus, très autoritaire en milieu de terrain, n’hésita pas à parler d’un  » match de propagande  » pour le football.

 » Je trouve que l’équipe a dévoilé son véritable potentiel « , affirme-t-il.  » La Louvière est, par beaucoup de gens, considéré comme un club de seconde zone. Nous avons démontré samedi que nous valions bien plus que cela. C’est la première fois, depuis que je suis professionnel, que je participe à une préparation aussi parfaite. Rien n’a été laissé au hasard, que ce soit sur le plan tactique, technique et physique. Les apparitions fréquentes du président Filippo Gaone sont aussi très appréciées, elles renforcent le sentiment de faire partie d’une famille. Depuis le début, je me sens très à l’aise au Tivoli, mais je dirais que c’est facile de trouver ses marques dans un groupe aussi soudé. J’ai directement été accepté « .

Si la prestation de La Louvière au stade Jan Breydel est de bon augure pour le championnat, la déception d’avoir loupé la Supercoupe est bel et bien là :  » Les trophées ne se ramassent pas à la pelle, surtout dans un club comme La Louvière. Alors, lorsqu’on a l’occasion de mettre la main sur la Supercoupe, et cette occasion était réelle, c’est toujours dommage de la laisser passer. En première mi-temps, nous étions la meilleure équipe sur le terrain. Nous avons joué offensivement, avec trois attaquants, et nous nous sommes créé plusieurs occasions franches. En deuxième mi-temps, la fatigue a gagné nos rangs et nous n’avons plus su nous montrer aussi entreprenants, mais dans une autre configuration, nous avons bien tenu le coup. Une équipe capable de jouer de différentes façons est généralement une bonne équipe, et je pense que La Louvière peut devenir l’une des bonnes surprises de la compétition « .

En pointe, Manaseh Ishiaku a confirmé sa bonne forme actuelle. Sur le flanc droit, Ariel Jacobs avait préféré Peter Odemwingie à Sammy Van den Bossche, tandis que sur le flanc gauche, Serge Djamba-Shango s’est autorisé quelques incursions de la meilleure veine.

Un ex-international espoir

Sammy Van den Bossche (26 ans) n’est pas le footballeur le plus médiatisé du pays. Dans la partie francophone, il est même encore relativement méconnu. Il fut pourtant, en son temps, international Espoir sous la houlette d’Ariel Jacobs et participa au Championnat du Monde 1997 en Malaisie en compagnie de Jean-François Gillet, Gauthier Remacle, Cédric Roussel et consorts, mais a dû, depuis lors, se contenter d’équipes modestes comme Alost et Westerlo.

Samedi, vous n’avez pas joué en Supercoupe. Une déception ?

SammyVandenBossche : Bien sûr, chacun a envie de faire partie de l’équipe et je n’échappe pas à la règle. J’avais disputé la plupart des matches amicaux sur le flanc droit et je ne m’attendais vraiment pas à être évincé. L’entraîneur ne m’a pas donné d’explication. Je suppose qu’il voulait essayer Peter Odemwingie à ce poste.

Comment avez-vous atterri à La Louvière ?

Je devais quitter Westerlo, à la fois parce que le nombre de joueurs dans le noyau était excédentaire et parce que les relations n’étaient plus au beau fixe avec l’entraîneur Jan Ceulemans. Compte tenu de cela, je me suis mis à la recherche d’un nouvel employeur. J’étais sur le point de signer au Cercle de Bruges lorsque La Louvière s’est présentée. Cela m’intéressait car j’avais apprécié Ariel Jacobs en équipe nationale Espoirs. Je savais avec qui je m’engageais alors que je n’avais jamais discuté avec Jerko Tipuric, qui se trouvait à l’étranger au moment où j’aurais aimé le rencontrer. Sportivement, le club hennuyer me semblait aussi offrir plus de garanties. Et puis, je ne connaissais aucun joueur du Cercle de Bruges, alors qu’ici, je retrouve Georges Arts et Davy Cooreman que j’avais côtoyés à Alost.

Que s’était-il passé entre Jan Ceulemans et vous ?

Je n’irai pas jusqu’à dire que nous nous sommes disputés, mais nous n’étions pas sur la même longueur d’onde au sujet de la position que je devais occuper sur le terrain. Au départ, il m’avait affirmé qu’il m’engageait pour occuper le poste de médian central, mais je n’ai jamais évolué à cette position. J’étais baladé de gauche à droite, de l’arrière à l’avant, au gré des indisponibilités et des sautes d’humeur. J’ai perdu deux ans à Westerlo. J’étais parti là-bas plein d’espoirs, pensant gravir un échelon et confiant dans les intentions de l’entraîneur, qui m’avait lancé en équipe Première à Alost alors que je n’avais que 18 ans. Le résultat n’a pas répondu à mon attente. Peut-être était-ce en partie de ma faute : déçu, je n’étais pas bien dans ma tête et j’ai sans doute laissé tomber les bras trop rapidement. Aujourd’hui, j’ai à c£ur de récupérer le temps perdu. Je ne peux pas me permettre de gâcher une troisième saison.

A La Louvière, vous ne jouerez pas davantage comme médian central. Lors de la plupart des matches de préparation, vous avez été aligné sur le flanc droit…

Oui, mais ici, c’était clair dès le départ. Ariel Jacobs ne m’a jamais promis une place de médian central, il m’a spécifié qu’il m’alignerait là où je serais le plus utile à l’équipe. Je suis polyvalent, c’est à la fois un avantage et un inconvénient.

Un an seulement !

Vous n’avez signé que pour un an…

En fait, j’appartiens toujours à Westerlo, qui n’a pas voulu me céder définitivement : Jan Ceulemans ne restera, en effet, pas éternellement. Chacun, là-bas, espère que je disputerai une bonne saison sous le maillot des Loups. Dans ce cas, soit le nouvel entraîneur souhaitera me conserver, soit je pourrai être vendu à un bon prix…

C’est votre première expérience en Wallonie…

Jusqu’à présent, cela se passe bien. L’ambiance est excellente. Ariel Jacobs est tel que je l’avais connu : humainement, c’est un type bien, et tactiquement il est très fort. Evidemment, ce n’est pas pareil de côtoyer quelqu’un en tant que sélectionneur national ou en tant qu’entraîneur de club avec lequel on doit travailler tous les jours, mais mes premières impressions de La Louvière sont favorables. Je ne maîtrise pas parfaitement le français. Je le comprends, mais je le parle encore difficilement. C’est le seul obstacle que je dois encore franchir. En fait, pour moi, La Louvière c’est un peu l’étranger. Mais hormis la barrière de la langue, il n’y a pas plus de différences entre La Louvière et Westerlo, qu’entre Westerlo et Alost. J’avais été surpris par les différences de mentalité existant entre la Campine et la Flandre Orientale. C’était un humour totalement différent, par exemple. Et puis, Westerlo était un village tranquille où il ne se passe jamais rien, et cela se reflète aussi dans la vie du club. Alost, au contraire, s’enflamme très rapidement. On est aussi prompt à faire la fête qu’à critiquer.

On vous connaît mal au sud de la frontière linguistique. Quel fut votre parcours, jusqu’à présent ?

Je suis originaire d’Alost. J’ai débuté à Moorsel, un petit club de 3e Provinciale adjacent à la Cité des Oignons. J’ai été transféré à l’Eendracht à 12 ans. En fait, j’aurais déjà pu être transféré plus tôt, mais à l’époque, les petits clubs avaient encore le droit de demander une indemnité de transfert conséquente, même pour un gamin. J’ai suivi toute la filière des équipes de jeunes à Alost. A 18 ans, Jan Ceulemans m’a introduit en équipe Première. C’était l’année où le club a participé à la Coupe de l’UEFA. Je ne suis pas monté sur le terrain, mais j’étais du voyage à Sofia et à Rome. Il y avait des joueurs comme Yves Vanderhaeghe, Koen De Vleeschauwer, Godwin Okpara, Harald Meyssen ou Edwin Van Ankeren. J’ai débuté comme attaquant de pointe. Puis j’ai un peu reculé, pour jouer comme attaquant en retrait. C’est là que j’ai évolué le plus souvent. J’ai tout vécu à Alost : les bons moments comme les mauvais moments. Lors de mes débuts, tout était réglé comme du papier à musique. Puis, ces dernières années, plus rien n’allait. Financièrement, c’était le gouffre. Au niveau de la gestion, c’était le chaos.

Alost, c’était génial

Quels sont les meilleurs moments que vous ayez vécu à Alost ?

Tous mes bons souvenirs remontent à la période alostoise. A commencer par mes débuts en D1. Mais le reste fut à l’avenant : j’ai toujours éprouvé beaucoup de plaisir à jouer là-bas, même lorsque les problèmes financiers ont surgi. Victoire ou défaite, c’était toujours la fête. J’ai vécu mes meilleurs moments à Alost et je ne pense pas que je revivrai cela un jour. Je n’ai passé qu’un seul mauvais moment, vous devinez lequel.

Ces accusations de corruption ont-elles précipité votre départ pour Westerlo ?

En grande partie, oui. Après le départ de Wim De Coninck, j’ai encore disputé le dernier match de la saison avec Alost, mais une discussion avec les dirigeants et avec le nouvel entraîneur Manu Ferrera m’a fait comprendre que, dans l’intérêt de tous, il était préférable que je change d’air. Lorsque Westerlo s’est présenté, je n’ai pas hésité : j’avais vécu tellement de bons moments avec Jan Ceulemans…

L’avez-vous trouvé changé par rapport à la période alostoise ?

Oui, dès le début. Il me semblait moins enthousiaste. D’une certaine manière, cela peut se comprendre : à Alost, c’était son premier contrat d’entraîneur, c’est normal qu’il était encore tout feu tout flamme. Mais à Westerlo, il m’a donné l’impression de paniquer assez rapidement, parce que les résultats ne suivaient pas. Ces deux dernières saisons, l’équipe avait complètement loupé son départ en championnat. Chacun prétendait que Jan Ceulemans conservait son calme, mais ce n’était qu’une apparence. Il modifiait fréquemment son équipe, sans trouver la solution, se demandait quel sort allait lui être réservé. Heureusement pour lui, il jouissait d’un immense crédit, grâce aux bons résultats obtenus précédemment, dont la victoire en Coupe de Belgique. Et puis, il en faut beaucoup pour que Westerlo procède à un changement d’entraîneur. C’est un club tranquille, où chaque décision est mûrement réfléchie et où chaque sou est compté. Les dirigeants sont très réalistes.

Vous avez été international Espoir, au sein d’une très bonne génération. A 26 ans, ne vous dites-vous pas que vous auriez dû connaître des clubs plus huppés qu’Alost, Westerlo et La Louvière ?

Si, et c’est pourquoi cette saison-ci sera cruciale pour moi. Lorsque j’étais international Espoir, j’avais suscité l’intérêt d’Anderlecht et de Roda JC. J’ai préféré rester à Alost, où j’avais la certitude de jouer. Ai-je laissé passer ma chance ? J’espère qu’une bonne saison avec La Louvière me permettra d’être à nouveau convoité… même si, dans le fond, je ne peux pas trop me plaindre. Jusqu’ici, j’ai eu la chance de connaître la Coupe d’Europe avec les trois  » petits  » clubs où j’ai évolué, puisque j’ai affronté Hertha Berlin avec Westerlo et que je m’apprête à découvrir l’Europe avec les Loups. En revanche, mon palmarès demeure vierge car j’arrive toujours dans un club alors qu’il vient de remporter la Coupe de Belgique. Westerlo venait de battre Lommel en finale lorsque j’ai rejoint la Campine et l’histoire s’est répétée avec La Louvière. Espérons, si je quitte le Tivoli au terme de cette saison, que le prochain vainqueur de la coupe soit… un grand !

 » J’arrive toujours dans un club qui vient de remporter la Coupe « 

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