Un oeil au beurre noir

Animé par un formidable duo Stoica-Ceh, le Club aurait pu infliger une lourde défaite à Dortmund et refaire le coup du 9 décembre 1987.

Mercredi dernier, le Club Brugeois a offert un magnifique récital à la Venise du Nord. Face au Borussia Dortmund, un des géants de la Bundesliga, il est parvenu à hausser le niveau de son jeu. Il s’est sublimé, surtout dans une première mi-temps au rythme exceptionnel, pour réduire à néant les plans de Matthias Sammer. La tragique erreur de Dany Verlinden a rendu quelque espoir au géant de la Ruhr. Celui-ci s’y accroche comme un noyé à une branche. Le fait est, en soi, éloquent : Dortmund a vraiment tremblé à Bruges et va continuer à se poser des questions jusqu’au match-retour. Gerd Niebaum, le président du Borussia, ne s’en est pas caché :  » J’avais envisagé les choses autrement. Nous avions signifié aux joueurs l’enjeu financier et sportif de cette rencontre. Nous leur avions répété que nous redoutions Bruges. Ils ont été trop amorphes « . L’ ARD, la première chaîne allemande, n’a pas manqué de rappeler un précédent : lors de la formidable campagne UEFA de 1987-1988, le Club de Henk Houwaart avait étrillé le Borussia 5-0, le 9 décembre.

Trond Sollied n’a pas eu d’états d’âme au moment de coucher sa sélection sur papier. Froidement, il a aligné de concert Nastja Ceh et Alin Stoica, sans redouter les effets de son audace face à un ténor européen. Une attitude qui contraste avec la frilosité de Hugo Broos à Anderlecht, face à des adversaires de moindre tenue. Parfaitement renseigné, Matthias Sammer savait que Gaëtan Englebert, souffrant, ne jouerait pas mais il se méfiait du petit Roumain. Il avait adapté sa composition à Bruges en privilégiant Sebastian Kehl, plus défensif qu’ Addo. En vain, puisque c’est l’entrée au jeu d’Addo, en seconde période, qui a permis au Borussia de mieux contenir le Club. Sammer ne se retranche derrière aucun effet de surprise, derrière aucune excuse :  » Nous avons frôlé la catastrophe. Le score aurait pu être de 4-0 à la mi-temps. Je vous confirme que les murs du vestiaire ont tremblé… Nous pouvons nous estimer très heureux de ce 2-1 mais nous devrons afficher plus de rage de vaincre pour nous qualifier. A l’aller, mon équipe a été à 70 % de ses capacités, tout au plus. Elle a manqué de confiance, elle s’est laissé bousculer « .

Peu de pertes de balles

La presse allemande a repris une image, à l’unisson :  » Dortmund revient avec un £il au beurre noir « . L’ ARD n’a pas hésité à évoquer le Club des années 70, sous la direction d’ Ernst Happel, même si l’entraîneur autrichien imprimait davantage de rythme encore à son football. Outre-Rhin, tous les observateurs se raccrochent donc au but d’ Amoroso, mais ils préviennent :  » Si Bruges joue comme ça à Dortmund, il se qualifiera « .

Curieusement, l’abattage de Ceh, dont la forme n’est pas encore optimale, a davantage fait impression que le génie de Stoica, mêlé cette fois d’une motivation toute brugeoise. Les deux médians ont privilégié un jeu court et ultrarapide, soutenus par un Verheyen qui s’était laissé glisser à la hauteur du Roumain, et par Timmy Simons, sans le travail duquel cette tactique aurait recelé de terribles risques. Traditionnellement, les clubs allemands cherchent surtout en eux-mêmes les motifs de leur échec mais Michael Zorc, le manager de Dortmund, confie : » Bruges a édifié une sorte de double rideau qui nous a gênés mais nous n’avions pas à le laisser s’installer. Ceh a souvent battu Kehl dans leurs duels, FlavioConceiçao a sombré face à Stoica. Notre défense a pris l’eau. Trop souvent, nous avons laissé de larges brèches entre les différentes lignes. Par manque de punch ou parce que Bruges coupait notre équipe en trois ? Je dois reconnaître que le Club a aligné un cocktail détonnant de technique, de sens tactique et d’engagement. Si Stoica a apporté un plus, c’est parce qu’avant tout, il a affiché la même mentalité que ses coéquipiers. Jointe à son génie… Les combinaisons rapides et courtes qu’il privilégie avec Ceh peuvent entraîner des pertes de balles mais si elles réussissent, comme ce fut le cas, surtout en première mi-temps, elles sont meurtrières « .

Lors du tirage, Sammer avait dit que de tous les adversaires possibles à ce stade, Bruges était le pire. Ce n’était peut-être pas une simple formule de politesse….

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