Bruno Govers

Un gentlemen’s agreement entre clubs ? Des foutaises !

Le médian du Standard William Vainqueur a donc utilisé la loi du 24 février 1978 pour obtenir finalement une revalorisation de son contrat chez les Rouches. Cet artifice, qui n’existe que dans notre pays, permet à un sportif rémunéré de rompre unilatéralement son bail, tout en dédommageant son employeur, grosso modo, à hauteur de la période qu’il lui restait à prester.

Par Bruno Govers Il aura fallu attendre 16 ans, et la saison 2004-05 plus précisément, pour qu’un joueur utilise ce procédé. C’était, à l’époque, le Lokerenois Davy De Beule, en conflit avec son président, Roger Lambrecht, et qui se recasa chez les voisins de Gand. Cette année, l’homme fort du club waeslandien a d’ailleurs dû faire face à la même méthode puisque Benjamin Mokulu a utilisé la même loi, naguère, pour racheter sa liberté.

Entre ces deux exemples, on relève d’autres cas de joueurs qui ont menacé de se saisir de cet argument pour faire pression sur leur employeur. Le premier aura été Steven Defour, mécontent d’avoir vu capoter un transfert à l’Ajax Amsterdam en raison de la gourmandise de ses patrons, à Genk, et qui, pour un moindre prix, se retrouva au Standard.

Toujours à Genk, Koen Casteels, lui, mit carrément ses menaces à exécution pour forcer, en 2011, son passage dans les rangs d’Hoffenheim, pensionnaire de Bundesliga. Dans la foulée, Ronald Vargas, alors joueur au Club Bruges, se servit du même spectre pour passer à Anderlecht. De 5 millions d’euros au départ, sa valeur marchande avait diminué subitement à 2,5 millions.

Longtemps, il fut question d’un gentlemen’s agreement parmi les clubs de notre élite footballistique, pour ne pas engager un joueur qui s’était servi de ladite loi pour partir. Un même terrain d’entente avait, au demeurant, été conclu quelques années plus tôt entre les clubs de D1 pour ne pas « se piquer » des jeunes joueurs.

Un accord qui n’avait guère tenu la route car les « kidnappings » auront été légion jusqu’ici. De Régis Genaux, passé en pleine adolescence de Charleroi au Standard, à Dennis Praet, arrivé à Anderlecht au départ de Genk, en passant par Jonathan Legear, qui avait lui-même quitté les Rouches, en bas âge, à destination du Sporting bruxellois.

Au même titre qu’un gentlemen’s agreement n’avait pas tenu la route pour les jeunes, on peut résolument craindre un « remake » concernant la loi de 1978. Le ton avait été donné en janvier dernier par Lucas Biglia, qui voulait tenter le tout pour le tout avec la direction mauve pour obtenir un transfert, avant de se raviser, conscient qu’Anderlecht ne lui mettrait plus de bâtons dans les roues en fin de saison. Quant à l’entourage du Standardman Michy Batshuayi, il avait lui-même fait pression sur Roland Duchâtelet pour faire baisser le montant du transfert du joueur, conscient de l’intérêt d’Anderlecht.

Alors, de deux choses l’une : ou bien le joueur rejoint à un prix soldé le Parc Astrid, histoire de retourner dans le club qui l’avait formé. Ou bien, il signe un contrat revu à la hausse à Sclessin. Dans tous les cas, c’est le joueur qui est gagnant. Quant au gentlemen’s agreement, on est loin du compte dans ce cas-ci aussi…

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire