John Baete

Un EURO qui commence mal

L’EURO de football est l’une des plus importantes manifestations sportives du calendrier annuel. Du coup, les pays organisateurs sont scrutés avec la plus grande attention et -comme toujours- on souligne en premier lieu les points négatifs que vont rencontrer les visiteurs étrangers.

Par John Baete

Les infrastructures de transport peu au point, la conduite en état d’ébriété des locaux, la prostitution sauvage, les vols à la tire et -surtout- le racisme potentiellement violent à l’égard de quiconque n’a pas la peau assez blanche aux yeux des hooligans, surtout, ukrainiens.

Le Foreign office britannique (le ministère des Affaires étrangères) demande à ses nationaux d’origine asiatique, africaine, des Caraïbes ou de minorités religieuses d’être extrêmement prudents en Ukraine.

Comment en est-on arrivé là? L’UEFA a-t-elle été trop légère dans l’attribution de l’EURO? En général, on pense plutôt que le sport doit faire fi de la politique, quitte à tester à l’extrême la souplesse de certains principes moraux. Car si le sport ne parvient pas à arrondir les angles et à se faire rencontrer des peuples différents, c’est vraiment à désespérer de tout.

La Pologne a l’air plus ouverte car débarrassée de son encombrant pion russe. L’Ukraine semble bien plus conservatrice car toujours sous chape russe. Yulia Tymoshenko, leader de l’opposition ukrainienne, est d’ailleurs en prison et bien des représentants politiques européens hésitent toujours à venir applaudir leur équipe à l’EURO. Le manque d’ouverture confisque non seulement de la liberté mais empêche également le progrès et la clairvoyance.

En Angleterre, dont l’équipe nationale a été versée dans le groupe de l’Ukraine et qui jouera donc dans ce pays, la population a été choquée par un documentaire de la BBC qui a baladé ses caméras dans et autour des stades de foot des deux pays organisateurs.

Violence, racisme, nazisme…, que des horreurs. Du coup, les familles des joueurs de l’équipe à la Rose d’origines non anglaises ont annulé leurs déplacement. Et des tas de supporters ont fait de même. C’est un EURO qui commence mal. Sol Campbell, ex-défenseur noir de l’équipe d’Angleterre, est intransigeant à la fin du documentaire. Il dit de ne pas aller à l’EURO et de le regarder à la télé. Pour être sûr.

Exagère-t-il ?

Quand on parle d’excès qui s’apparentent ici à du hooliganisme pur-sang; ils ne concernent pas la majorité des gens. C’est cela qu’il faut retenir, même si la majorité silencieuse a évidemment plus de mal à s’exprimer là-bas que dans les vraies démocraties. On espère, dans un premier temps, que s’il se produit des actes de racisme dans une ville de l’EURO, le peuple local s’en prenne aussi à ses concitoyens criminels.

Mais après réflexion, le sport ne doit pas aller jusque-là. Il doit s’en tenir à un rôle de grand pacificateur muet et ne pas jouer de rôle actif car il doit -justement- être apolitique car traditionnellement au-dessus de toutes les différences.

Foin de naïveté: Platini et l’UEFA n’ont pas du tout l’intention de se prendre pour Kofi Annan et l’ONU. A chaque fois qu’un gros événement sportif se déroule dans un pays difficile, les organisateurs se cachent derrière la puissance du pouvoir local pour que tout se passe bien : « Chaque pays présente des problèmes », dit l’évasif Platini quand on lui parle de la situation raciste à l’EURO. Il faut espérer que personne ne sous-estime la question.

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