Un cas unique

La Masía-Old Trafford-Camp Nou : l’étonnante trajectoire du jeune défenseur catalan.

Le FC Barcelone est l’équipe du moment. Son trio d’attaque, constitué par LionelMessi, SamuelEto’o et ThierryHenry, fait feu de tout bois. Au point que l’on oublie que les Blaugranas possèdent également la meilleure défense de la Liga. Dans l’arrière-garde, et sans que ce soit péjoratif, on peut considérer que le jeune GérardPiqué (qui aura 22 ans lundi prochain, le 2 février) est un peu la cinquième roue de la charrette : il est le premier remplaçant dans le quatuor défensif constitué, de droite à gauche, par DanielAlvés, CarlesPuyol, RafaelMarquez et EricAbidal. Mais comme, à quasiment chaque match, il y eut un absent pour blessure, suspension ou choix de l’entraîneur, Piqué a joué une majorité de rencontres. Toujours comme défenseur central avec son 1,92m, Puyol glissant sur le flanc en cas d’absence d’Alvés ou d’Abidal.

Piqué est un cas à part pour une autre raison : il est l’un des rares produits de La Masía, le prestigieux centre de formation du Barça, à être revenu au bercail après avoir tenté sa chance à l’étranger. Et pas n’importe où, puisqu’il est parti à 17 ans à Manchester United après avoir fréquenté toutes les catégories d’âge du club catalan. Il faisait partie de l’une des meilleures équipes de jeunes de l’histoire du Barça. Ses coéquipiers de l’époque se nommaient, entre autres, Messi, CescFabregas et VictorValdés. En 30 matches de championnat, ce Dream Team avant l’heure avait inscrit la bagatelle de 200 buts. Durant cette période, Piqué a noué des liens d’amitié très forts avec Fabregas, qu’il a conservés dans les Iles malgré la rivalité qui oppose les Gunners aux RedDevils. Aujourd’hui, Piqué est de retour dans son club formateur.  » Revêtir à nouveau le maillot blaugrana, c’était un rêve « , affirme-t-il.

En fait, son parcours est très particulier : il a joué de 2004 à 2006 à Manchester United, puis a été prêté un an à la Real Saragosse (22m/2b) avant de revenir une saison à ManU où il a été aligné à 12 reprises. Avec les -21 espagnols, il compte aussi 11 sélections !

Il est rare qu’un joueur qui quitte Barcelone y revienne :  » Vous savez, le club veut toujours acheter les meilleurs joueurs du monde. S’il a consenti à me rapatrier, c’est qu’il estime que j’ai désormais le niveau requis. J’ai beaucoup mûri à Manchester. Au départ, le défi m’effrayait un peu, mais j’ai choisi de le relever parce que c’était aussi une occasion d’apprendre une autre culture, une autre langue et une autre manière de concevoir le football, au milieu de joueurs qui comptent parmi les meilleurs d’Europe. D’ailleurs, l’an passé, Manchester a remporté la Ligue des Champions. J’espère que, cette saison, ce sera le Barça.  »

Ferguson et Guardiola

A son retour, Piqué n’a pas découvert de grands bouleversements.  » Le club n’a pas beaucoup changé « , assure-t-il.  » Mon défi était de jouer un maximum de matches et je ne peux pas me plaindre jusqu’à présent. Je ne compte pas m’arrêter là : je veux devenir un joueur important du Barça. J’apprends beaucoup au contact de joueurs expérimentés comme Puyol ou Marquez. D’un point de vue tactique, je n’ai pas été trop dépaysé : on joue en 4-3-3, comme à Manchester. Il y a quelques variantes, toutefois. A Barcelone, les ailiers ont tendance à s’écarter, alors que chez les RedDevils, ils rentrent plus volontiers vers le centre du jeu. En Angleterre, le jeu est plus direct : l’objectif est toujours de rallier le rectangle adverse le plus rapidement possible. A Barcelone, on joue beaucoup sur la possession du ballon, on se fait beaucoup de passes avant d’entamer une action. Le jeu est aussi plus physique en Angleterre, c’est connu. Mais au niveau des entraînements, je trouve qu’il n’y a pas beaucoup de différences. Outre-Manche, les séances sont très éprouvantes en avant-saison, mais avec Barcelone on a aussi travaillé très dur durant cette période.  »

Piqué a donc évolué chez deux des principaux favoris de la Ligue des Champions. Des différences entre Sir AlexFerguson et PepGuardiola ?  » Ferguson remplissait plus la fonction de père que d’entraîneur. Il laissait généralement la responsabilité des séances sur le terrain à CarlosQueiroz. Mais il possède évidemment une énorme expérience et il n’a pas son pareil pour motiver ses troupes. Il intervient à bon escient, mais comme tout s’est bien déroulé la saison dernière, il n’a pas dû souvent élever la voix. Guardiola, je l’ai découvert comme je me l’étais imaginé. Comme joueur, il était emblématique. Comme entraîneur, il nous transmet son caractère et nous enseigne à jouer sous pression. Son message passe et ses principes fonctionnent, tant sur le plan offensif que défensif.  »

par daniel devos – photo: reporters

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