Un cas d’école

Le jeunot du RSCA ne progresse plus dans son club et, du coup, des voix s’élèvent pour qu’il s’en aille. Mais est-ce vraiment dans son intérêt ?

Qu’est-ce qui se passe donc avec lui ? C’est la question que beaucoup se posent, au Parc Astrid, concernant Anthony Vanden Borre (19 ans). Toutes compétitions confondues, ses dernières prestations n’ont nullement été à l’aune de son talent. Il y a d’abord eu son renvoi prématuré au vestiaire, alors qu’il venait à peine d’entrer au jeu comme back, lors du match amical entre la Belgique et la Tchéquie. Et, voici deux semaines, le Sportingman, pourtant aligné d’emblée à sa place de prédilection, au sein de la ligne médiane, était carrément passé à côté de son sujet, en championnat, face à Mouscron. Remplacé à un quart d’heure de la fin de la rencontre et pris en grippe par le public du RSCA, le jeune international préféra, après coup, se dérober aux médias. Le surlendemain, pour les besoins du traditionnel point presse, le principal intéressé brillait toujours autant par son absence. A la nuance près que, cette fois, c’était l’entraîneur en personne, Franky Vercauteren, qui l’avait exhorté de ne pas s’épancher.

Plus tard, durant cette même journée du lundi, une entrevue eut d’ailleurs lieu entre le staff technique, le psychologue Johan Desmadryl et Yvon Verhoeven, l’accompagnateur du joueur, pour tenter de résoudre l’épineux casse-tête présenté par VDB. Sans parvenir, pour autant, à des réponses probantes.  » Il nous laisse tous perplexes « , entend-on en haut lieu au RSCA.

Et si le mal-être d’Anthony Vanden Borre était tout simplement lié à son avenir ? En dépit d’un contrat qui court jusqu’en 2010, il ne se passe guère de semaine sans que son nom soit cité à l’étranger. Lors du dernier mercato, il avait notamment été question de l’intérêt, pour sa personne, de la part des deux clubs de Séville, le Betis et le FC, ainsi que des Londoniens de Tottenham. A présent, il semble que plusieurs clubs transalpins lui fassent les yeux doux : la Juventus Turin, la Fiorentina, la Lazio Rome et Livourne, entre autres.

Son entourage dit qu’il doit partir

Déçu de ne pas avoir trouvé de terrain d’entente avec un grand cercle étranger au cours de la grande transhumance du mois de janvier – même si la direction anderlechtoise ne voulait pas entendre parler d’un départ à mi-saison – le médian du Sporting, encouragé par quelques amis de longue date, a choisi de s’ouvrir à un nouveau manager, l’Italien Antonio Stina, alors que son homme de confiance, avec qui il s’était lié le 25 octobre 2005, avait pour nom Didier Frenay. Ce qui n’est pas du goût de tout le monde dans la famille.

 » Nous avons signé un contrat de deux ans qui, jusqu’à présent, avait agréé toutes les parties  » observe Franck, l’un des frères aînés du joueur.  » Anthony s’était non seulement fait seconder efficacement dans l’optique de la prolongation de son contrat (on évoque le chiffre de 700.000 euros par an, ndla) mais il avait conclu aussi un bel accord avec l’équipementier Nike. Ce n’est tout de même pas parce qu’il n’a pas encore trouvé chaussure à son pied ailleurs qu’il doit soudain tout remettre en question. Pour moi, le seul habilité à négocier au nom de mon frangin est Frenay.

Si d’autres ont une solution concrète à nous proposer, libres à eux de prendre contact avec lui. Pas plus tard que la semaine passée, j’ai eu 14 coups de fil de personnes qui prétendaient pouvoir caser Anthony à l’étranger en fin de campagne. J’en ai pris note et je les ai aiguillées vers celui qui gère les intérêts de mon cadet. Si départ il y a, Frenay sera immanquablement impliqué dans le transfert. Anthony lui a peut-être fait parvenir de sa propre initiative un recommandé signifiant son intention de couper les ponts avec lui. Mais il oublie que l’accord, prévu pour deux ans, porte jusqu’au 25 octobre de cette année. Par correction, j’estime qu’il doit être respecté.

Pour moi, une chose est sûre : Anthony ne sera plus Sportingman la saison prochaine. Il a fait le tour du propriétaire au stade Constant Vanden Stock et, c’est l’évidence même, il n’y progressera plus. Je ne sais pas ce qui se passe là-bas, mais il y a manifestement un problème de post-formation dans ce club. En catégories d’âge, on ne peut être logé à meilleure enseigne qu’au Parc Astrid. Mais, arrivé au plus haut niveau, rares sont les jeunes qui décollent. Avant Anthony, Vincent Kompany en avait déjà fait l’expérience lui aussi. C’est un problème de compétences, manifestement. Avec les gens en place, Anthony est arrivé au bout de son apprentissage. Pour s’étoffer, il doit adopter la même démarche que Vince et aller voir ailleurs. Ce dernier a choisi l’Allemagne comme point de chute. Moi, je vois plutôt Anthony en Italie. Il y a pas mal d’intérêt pour lui là-bas et je m’attends à ce qu’une de ces offres se concrétise. Malgré ses déboires, mon frère est toujours bien en cour là-bas et j’y prévois un dénouement heureux. De toute façon, il n’a plus rien à apprendre au RSCA. A la limite, il y perd même son temps « .

Ses coaches disent qu’il peut rester

Daniel Renders, qui a entraîné Anthony chez les jeunes, au RSCA, avant de le retrouver au plus haut niveau, comme entraîneur adjoint, ne partage pas le même avis, loin s’en faut :  » Anthony n’est pas encore arrivé au bout de son apprentissage chez nous. Il ne faut quand même pas oublier qu’il a débuté en Première à une place de back droit, qui n’était pas vraiment la sienne. Cette saison encore, avant l’arrivée de Marcin Wasilewski, c’est lui qui à l’une ou l’autre reprise avait dû faire office de dépanneur à ce poste. En réalité, il a rarement été utilisé jusqu’ici dans son rôle favori, au sein de la ligne médiane. Et, à mes yeux, il y manque toujours de points de repère. Quoi de plus normal, dans la mesure où des garçons comme Walter Baseggio et Christian Wilhelmsson jouaient dans ses parages au cours de la campagne passée alors que cette saison, nonobstant le retour de Walt, il a dû composer avec d’autres têtes comme Lucas Biglia ou Ahmed Hassan. Je pense qu’il n’a toujours pas assimilé les contours de cette nouvelle réalité. Lors des séances d’entraînement, sa bonne volonté n’est quasi jamais prise en défaut mais on sent tout de même un certain découragement chez lui, malgré tout, lorsque ses passes n’arrivent pas ou lorsqu’il bute sur l’incompréhension d’un de ses coéquipiers. De fait, Anthony doit être rassuré en permanence. Et dans le contexte d’une formation où pas mal de joueurs sont en quête de leurs meilleures sensations, il se pose logiquement pas mal de questions, lui aussi. Or, lorsqu’il est vraiment en proie au doute, Anthony accuse une baisse de régime beaucoup plus importante que les autres. Certains, confrontés soudain à une période de moindre conjoncture, sont capables de tirer leur épingle du jeu. Anthony n’a sans doute pas cette faculté. Lui, il a réellement besoin de se sentir bien dans sa peau et à l’aise dans son rôle pour donner la pleine mesure de ses possibilités « .

 » Les critiques à son égard sont exagérées  » embraie le T1, Frank Vercauteren.  » Tout le monde est tombé à bras raccourcis sur lui, après Belgique-Tchéquie, alors qu’il n’était sûrement pas le Diable Rouge le plus médiocre ce soir-là. Face aux Hurlus, il n’a pas réalisé non plus un non match, comme d’aucuns se sont plu à l’écrire. Au contraire, il a livré une prestation d’honnête facture d’après moi. Mais il a suffi qu’il prenne une carte rouge contre la Tchéquie et qu’il n’aille pas au bout des 90 minutes face à l’Excelsior pour que la critique fuse. Comme si quelques-uns ne voulaient retenir que les mauvaises choses chez lui. Moi, je n’emboîte nullement leur pas. Anthony a besoin de sérénité et d’encouragements actuellement. De ce point de vue-là, il peut compter sur moi. De toute façon, je n’ai jamais eu qu’à me louer de son ardeur au travail, ainsi que de son attitude en général « .

Son accompagnateur dit qu’il ne peut pas partir

Le même son de cloche est perceptible chez Yvon Verhoeven.  » Tout le monde vous le dira à l’unisson : Anthony est un garçon charmant et toujours animé des meilleures intentions  » observe-t-il.  » Lors des séances de media-training instaurées par le fils de l’entraîneur, Andy, il est toujours l’un des éléments les plus actifs. Et, personnellement, je ne dois jamais insister non plus lorsqu’il s’agit de rendre visite dans l’une ou l’autre école. Récemment, Anthony a passé une heure et demie avec des enfants qui fréquentent un établissement scolaire sur le territoire de la commune et tant les gamins que lui-même étaient absolument ravis de cette rencontre. En vérité, tant qu’Anthony est pris en charge, il n’y a pas le moindre problème avec lui. C’est d’ailleurs l’un des seuls footballeurs anderlechtois à apprécier les mises au vert. Pourquoi ? Tout simplement parce que, dans ces moments-là, il sait comment son temps sera meublé. En revanche, lorsqu’il est livré complètement à lui-même, il présente un problème d’autogestion. Non seulement dans la vie de tous les jours mais également sur le terrain. En fait, dans les deux domaines, il a besoin d’être guidé en permanence. Ce n’est pas anormal, dans la mesure où Anthony n’a jamais que 19 ans. C’est la raison pour laquelle je frémis tout de même un peu en entendant tous ces bruits de transfert qui le concernent. Car est-il réellement suffisamment solide pour voler déjà de ses propres ailes ailleurs ? J’ai mes doutes à ce sujet. Le seul point positif pour lui, en cas de départ, ce sera une moindre dispersion au contact des copains ainsi qu’une réputation à bâtir sur place. Mais est-ce déjà indiqué à cet âge ? Je ne sais pas « .

Sa direction dit qu’il peut partir

Côté direction, on est moins dubitatif.  » Anthony a besoin de se relancer  » souligne le manager Herman Van Holsbeeck.  » Si les trois parties peuvent réaliser une bonne opération, pourquoi pas  » ? Contractuellement, la tête du jeune Anderlechtois est mise à prix pour 5 millions d’euros. Mais la rumeur veut que la direction du RSCA est prête à négocier à partir d’un montant de 3 millions d’euros…

par bruno govers

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