» Un arbitre va mourir aux tests « 

JérômeNzolo et ChristofVirant restent sur la touche : pour la deuxième fois, ils ont raté les tests physiques du Referee Office (ex-CCA).  » Je ne polémiquerai pas « , nous dit Nzolo. Mais il veut bien faire une mise au point parce qu’il se sent attaqué.  » La première séance de tests s’est faite en juillet. Ce jour-là, on conseillait à la radio et à la télé de ne pas faire de sport. Il faisait beaucoup trop chaud, il n’y avait pas d’air. J’ai entendu : -Il se plaint de quoi ? Il vient d’Afrique. Oui…  »

Nzolo vient donc de rater à nouveau son examen. Il regrette que les instances officielles n’aient pas signalé, dans leur communiqué, qu’il s’était blessé pendant l’examen. C’est costaud, ce test. Six fois 40 mètres en maximum 6.2 secondes (6 secondes pour les assistants), ensuite 20 x 50 mètres en 30 secondes avec 35 secondes de récupération.  » Je me suis claqué la cuisse après mon seizième sprint « , nous dit Nzolo. Il doit maintenant se soigner et aucun nouveau repêchage n’est programmé. Le Referee Office doit encore décider si lui et Virant recevront une autre chance en cours de saison.

 » C’est dément « , nous lance StéphaneDeraeve, arbitre international de futsal et ex-assistant international en foot de plein air.  » Ces tests sont bien trop exigeants. A 25 ou 30 ans, c’est faisable. A 40, ça ne l’est plus. La fédé a perdu un procès contre des arbitres qui contestaient la limite d’âge à 45 ans, et donc, elle durcit sans cesse les examens pour arriver à une élimination naturelle. J’ai vu des arbitres s’écrouler, inanimés. Une ambulance est sur place. On nous gueule des ordres, toujours en néerlandais. Un jour, il y aura un mort. Ne croyez pas que tous les arbitres boivent de l’eau claire. Un jour, on m’a dit à la FIFA : -On préfère ne pas contrôler.  »

Deraeve est en procès avec l’Union Belge. En juillet 2012, il s’est déchiré un tendon d’Achille pendant les tests.  » La douleur était horrible, j’ai dit que je partais à l’hôpital. On m’a dit : -Tu restes ici, tu passes d’abord l’examen théorique. Je l’ai passé en vitesse puis je suis parti et on a diagnostiqué la déchirure.  » Opération, un an de convalescence et un interminable bras de fer toujours en cours avec l’UB.  » Ils refusaient d’envoyer les documents à la mutuelle, ça a duré cinq mois, j’ai dû prendre un avocat. Mon employeur ne voulait évidemment pas intervenir puisque je m’étais blessé lors de tests imposés par la Fédération. Elle refuse d’admettre que c’est un accident de travail – je suis sous contrat avec l’UB. En mars de cette année, il y avait une séance de tests mais ceux qui arbitraient la veille avaient reçu un mail expliquant qu’on leur trouverait une autre date. J’avais un match, je n’y suis donc pas allé. Une semaine plus tard, j’étais renvoyé dans le foot amateur. Licencié. Mais on refuse de m’envoyer un C4 en bonne et due forme. J’ai un contrat jusqu’en 2022, j’ai droit à des indemnités, le tribunal du travail tranchera en octobre.  »

par pierre danvoye

Stéphane Deraeve

 » Tous les arbitres ne boivent pas de l’eau claire et la FIFA préfère ne pas contrôler.  »

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