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Uli Hoeness lance une (nouvelle) bombe

Même s’il n’a plus rien à dire au Bayern, Uli Hoeness ne se laisse museler par personne.

En novembre dernier, Uli Hoeness a passé le flambeau à Herbert Hainer à la présidence du Bayern. Il assiste toujours aux réunions du conseil d’administration, mais sans aucun mandat. Hoeness continue à faire appel à son réseau quand on le lui demande. Il donne parfois son avis sur le cours des choses au quotidien, mais il n’a plus le droit de prendre des décisions.

Ça ne signifie pas qu’il se tait. Il y a deux semaines, Hoeness a accordé une interview au renommé quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung. Il a parlé de l’évolution du football (« Le Bayern ne va plus faire de gros transferts « ), de 2008, quand le Bayern avait préféré Jürgen Klinsmann à Jürgen Klopp au poste d’entraîneur, et de l’approche du coach actuel, Hansi Flick, qui lui a beaucoup appris.  » Avant, je pensais qu’un entraîneur devait conserver ses distances, mais cette époque est révolue « , raconte Hoeness.  » Flick implique les joueurs dans tout. Dans la tactique, mais il discute même avec eux des repas que le club va servir lors des mises au vert. Avant chaque séance, il va dans le vestiaire et s’informe de l’état des joueurs et de leurs partenaires. Il veut vraiment connaître le vécu de ses joueurs. Il est très différent de Pep Guardiola, qui allait droit de son bureau au terrain d’entraînement, sans parler à quiconque avant.  »

Un footballeur ne doit pas avoir le sentiment d’être une marchandise.

Hoeness est revenu avec franchise sur son emprisonnement pour fraude et évasion fiscale.  » Les neuf premiers mois, durant lesquels je n’ai pas pu rentrer chez moi le week-end, m’ont formé, d’une certaine façon. J’ai été traité avec beaucoup de correction et je ne me suis jamais isolé. Au début, les autres détenus me tenaient à l’écart, car ils pensaient que j’allais bénéficier d’un traitement de faveur. Quand ils ont réalisé que ce n’était pas le cas, nous avons eu beaucoup de contacts. Nous avons beaucoup discuté et nous avons souvent joué au tennis de table. Je suis devenu un bon adepte de ce sport en prison.  »

Uli Hoeness a également parlé du Borussia Dortmund, le seul concurrent du Bayern pour le titre, ces dernières années. Il fustige la stratégie du rival sans mettre de gants.  » Quelque chose me dérange. Quand le Borussia Dortmund achète un footballeur très talentueux et que celui-ci s’épanouit, quelques mois plus tard, on entend, au sein du club ou en-dehors, qu’ à un moment donné, ce joueur sera un objet à vendre. Je ne trouve pas ça raisonnable du tout. Comment un footballeur peut-il comprendre l’ADN d’un club et s’y identifier à 100% s’il a le sentiment d’être une marchandise ? Ça n’existe pas chez nous. Nous engageons des joueurs pour le Bayern. Pas pour faire des affaires avec eux.  » Et d’ajouter :  » Tant que Dortmund ne changera pas de système, les joueurs ne fourniront pas les dix derniers pour-cents qu’il leur reste dans les matches importants. Un footballeur a besoin de se sentir impliqué dans son club.  »

Une déclaration qui a fait l’effet d’une petite bombe. Le Borussia Dortmund l’a très mal pris.  » C’est facile de parler quand on a un budget supérieur au nôtre de 250 millions d’euros « , a déclaré le manager sportif Michael Zorc. Le CEO Hans-Joachim Watzke a ajouté que les deux clubs faisaient de leur mieux depuis des années pour se traiter mutuellement avec respect et a regretté que pareilles déclarations minent ces efforts. L’ancien gardien Roman Weidenfeller a dit que Hoeness était frustré parce que les jeunes joueurs préféraient souvent le Borussia au Bayern, comme la récente embauche du grand talent anglais Jude Bellingham (seize ans) le démontre.

Le Bayern s’est dit étonné par l’interview d’Uli Hoeness, qui n’en avait parlé à personne. Il n’y était d’ailleurs pas obligé, évidemment. L’ancien président a le droit d’exprimer son opinion. Il a d’ailleurs relu l’interview avant d’en autoriser la parution. Le Bayern laisse passer la tempête. Il n’est pas toujours d’accord avec l’ancien président, mais c’est accessoire. La présidence de Hoeness avait aussi été marquée par des avis contradictoires.

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