Pour une fois, je vous refile quelques nouvelles footeuses de cette lointaine province de Luxembourg que j’habite de très près : celle qui se la pète un peu via son slogan Une ardeur d’avance, mais dont la verdeur d’avance est apaisante autant qu’incontestée. Celle dont les clubs ne cartonnent pas, il est vrai, en divisions nationales, mais dont la démographie ne cartonne pas non plus : 255.000 habitants, soit 7,5 % des Wallons. Qui dit moins ? N’empêche qu’en D2, Virton est notre extraterrestre depuis maintenant cinq saisons, le Brabant wallon n’y fait pas mieux malgré Tubize, et Namur y brille toujours par son absence. Ceci en rappelant que 7 wallons sur 36 clubs en D1 et D2, ça ne nous donne pas l’autorisation de donner des leçons de gestion footballeuse à nos amis bruxellois (3) et flamands (26)…

Paradoxalement, si la performance de l’Excelsior Virton est comme une fierté provincialiste, elle préoccupe bien moins nos 133 clubs de province que les résultats de nos 4 Promotionnaires. Chaque saison, en effet, chez nous comme ailleurs, via barrages en veux-tu en voilà, c’est la dégringolade éventuelle d’un ou plusieurs Promotionnaires qui entraînera dégringolades en cascade à tous les échelons de la pyramide provinciale ! Ainsi les supputations vont-elles bon train depuis des semaines, ainsi les Promotionnaires sont-ils générateurs d’angoisse chez plus petits qu’eux. Des Promotionnaires eux-mêmes angoissés, comme si le foot avait été créé pour se faire du mouron, et qui n’auront pas arrêté cette saison de faire l’actualité en province de Luxembourg…

Ça a commencé en automne avec Bertrix qui devrait être un club heureux, rendez-vous compte : deuxième saison en Promotion alors que le club était encore en P2 voici 3 ans, pas de hantise de relégation au moment d’aborder l’hiver, vu de l’extérieur ça grandissait bien. Sauf qu’à l’intérieur, c’était davantage impatient : sans doute l’effort financier consenti donnait-il à rêver vers plus haut encore, le limogeage du coach Guy François ne fut en tout cas qu’un classique de circonstance. Ce qui le fut moins, c’est que Jean-Marie Steifer, jeune dirigeant/sponsor auquel tout avait jusqu’alors souri, annonça soudain qu’il ne rempilerait pas la saison prochaine à la présidence de l’Entente bertrigeoise. Lassitude exprimée au bout d’à peine un lustre, sentiment d’isolement, manque d’aides déploré, aigreur juvénile.

Ça s’est poursuivi voici un mois avec le FC Bleid de Renato Costantini, président/mécène ayant extrait le club de P3 voici 8 ans à peine : troisième saison en Promotion, ambitions affichées de montée en D3. Bleid mène la danse jusqu’à sa défaite à Hamoir et le président rugit : arbitrage malhonnête, projet de faire appel à Luc Misson pour porter plainte ! Nouveau résultat décevant la semaine suivante, Costantini annonce sa démission : avant de se rétracter avec classe quatre jours plus tard, confessant avoir agi en péteur de plombs égoïste ! Mais une lassitude réelle, un zeste de paranoïa de persécution, une lucidité chaque saison plus grande pour s’obliger d’admettre que sérieux+travail+fric n’impliquent pas le succès en foot comme en affaires. Aigreur d’homme mûr.

Rebelote voici quinze jours à Bercheux, où la direction est collective et où le passé promotionnaire se borne aussi à trois saisons : au moment pile où le club sort un peu la tête de l’eau dans sa lutte contre la relégation, le triumvirat annonce en bloc son retrait des affaires en 2007/08 ! Même chanson à base de lassitude, de solitude, de critiques subies autant qu’imméritées. Ras-le-bol d’allonger du fric pour seulement tenter de durer en D4, constat douloureux que les portefeuilles réunis ne suffiront jamais pour la D3… Aigreur tricéphale.

Trois aigreurs qu’on peut comprendre, mais qui manquent de pudeur lorsqu’on compare au quatrième larron qui est le Lorrain Arlon ! C’est à lui que je voulais en venir. Yves Lemaire est président du Lorrain depuis qu’il l’a fondé en 1972, le Lorrain en est à sa…35e saison en Promotion ! Yves Lemaire a parfois failli la quitter par le haut, sans jamais réussir à décrocher sa lune. Il l’a déjà brièvement quittée par le bas, et la quittera peut-être à nouveau cette année car il est le plus mal barré des quatre, le maintien s’annonce incertain… Mais Yves Lemaire ne parle pas de démission. Yves Lemaire aime le foot mieux que les autres.

par bernard jeunejean

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