John Baete

Tout n’est pas rose pour le champion d’automne

Le trio des plus grosses assistances de D1 est connu, il s’agit des trois clubs encore qualifiés en Europa League: 1. Standard, 2. Club Bruges et 3. Anderlecht. Le champion d’automne perd un bon millier de spectateurs en moyenne pour des raisons qui ne sont pas clairement déterminées.

Par John Baete

Attaque-vedette remodelée tardivement après le départ de Lukaku (puis amputée du spectaculaire Mbokani), style conquérant parfois en mode montagnes russes et puis ces satanés problèmes de parkings payants où les fans s’estiment traités de cochons de payants par la commune d’Anderlecht. Bref, malgré les apparences des résultats il reste encore -et toujours- à convaincre les supporters de se déplacer. Peut-être en innovant et en baissant le prix des places au stade Constant Vanden Stock?

La direction mauve doit de toute manière penser aussi à préserver une image actuellement éclaboussée par l’affaire Ivica Mornar, révélée par le journal Le Soir. En 2001, l’ailier quitte le Standard pour Anderlecht. Ce transfert fait désormais l’objet d’une enquête financière diligentée depuis Liège par le juge Philippe Richard qui a décidé depuis des années de mettre en coupes réglées les affaires de Lucien D’Onofrio. On aurait donc mis en évidence des pratiques illégales dans le chef d’Anderlecht pour payer l’ex-international croate au noir: comptes occultes à l’étranger, faux et usage de faux, évasion fiscale, blanchiment d’argent… Michel Verschueren, l’ancien manager d’Anderlecht, avait géré ce dossier mais aucune inculpation n’est actuellement prononcée et le club se tait évidemment dans toutes les langues. Personne ne sait où ça finira, mais l’année ne se termine pas idéalement pour le champion d’automne. De quoi apporter de l’eau au moulin du conseil d’administration mauve qui a repoussé l’idée du président Roger Vanden Stock de faire une place à Lucien D’Onofrio en son sein.

Précisons tout de même qu’à l’époque du transfert de Mornar vers Anderlecht, D’Onofrio ne possédait aucune fonction officielle apparente à Sclessin et devait être uniquement considéré comme agent de joueurs. De quoi permettre à Pierre François, le DG des Rouches, de pousser son refrain devenu traditionnel -Ceci concerne une période où Monsieur D’Onofrio ne figurait pas dans l’organigramme du Standard de Liège. Deux bémols: LD allait y figurer et l’affaire concernait bien le club de Sclessin.

Voilà, en tout cas, qui tombe mal pour tous ces dirigeants à un moment où le salut économique de tous passe par plus de transparence et moins de privilèges déguisés. On ne voit pas pourquoi les banquiers et financiers indélicats de tout poil seraient mis en cause et pas les gestionnaires truqueurs des grands clubs pros. L’éthique et le sens civique ne peuvent s’arrêter à l’entrée des stades. L’amour du foot ne permet pas toutes les fantaisies comptables. On en a assez d’entendre -Mais tout le monde le fait… Le fair-play financier doit commencer dans le club dont on est fan.

Mais les premières décisions mauves doivent se faire en termes de transferts. La popularité d’un club est également testée par la fidélité des joueurs les plus appréciés. Il est très vraisemblable que le défenseur Roland Juhasz soit bloqué jusqu’en été. Mais Matias Suarez va être très demandé dans les jours qui viennent et on se demande si le club pourra résister. Lucas Biglia, qui a été opéré à l’épaule, va reprendre l’entraînement. Cette convalescence est sans doute la seule chose qui va empêcher son départ en janvier.

Dans les semaines qui viennent, la pression va progressivement augmenter sur le club qui veut redevenir champion ; notamment pour atteindre directement les poules de la Ligue des Champions. Résultats et spectacle ? Ariel Jacobs et son équipe vont devoir assurer.

Suite à cet édito, vous avez été nombreux à réagir. Voici la transcription d’un courrier édifiant envoyé par un lecteur de Sport/Foot Magazine à la rédaction :

Monsieur le rédacteur en chef, J’ai lu avec intérêt votre édito ainsi que votre article consacré au Sporting d’Anderlecht dans votre dernier numéro, et plus particulièrement le passage consacré au règlement communal qui vaut à bien des spectateurs des matches du Sporting de se faire verbaliser d’une amende de 60,00 €. C’est que je figure au rang de ces spectateurs verbalisés. Le dimanche 20 novembre dernier, j’ai été invité par le gérant de mon agence de banque BNP Paribas Fortis à l’accompagner pour assister au match Anderlecht – Saint-Trond. Nous sommes partis avec ma voiture et nous sommes garés rue des Fruits, pas très loin du stade. A notre retour, vers 20h25, nous trouvons sous l’essuie-glace un dépliant intitulé « Zone Astrid » qu’on prend, dans un premier temps, pour un dépliant promotionnel. Une fois sur le ring, le gérant de mon agence Fortis ouvre le dépliant et découvre un procès-verbal d’un montant de 60,00 € ! Il lit rapidement le contenu du dépliant et s’aperçoit que je m’étais garé dans une zone où il eut fallu mettre mon disque bleu de stationnement. Toutefois, ce n’eut alors été valable que pour une heure. Sachant qu’un match de foot dure 1 heure 30, sans compter la mi-temps et les trajets de la voiture au stade et du stade à la voiture, ça équivaut à dire que, même en plaçant mon disque bleu, j’aurais de toute façon été verbalisé. Belle arnaque : il serait plus honnête de décréter la rue en stationnement interdit les soirs de matches du Sporting, sauf pour les titulaires d’une carte de riverain. J’ai donc écrit au Bourgmestre de la Commune et au Président du Sporting d’Anderlecht pour contester ce procès-verbal arguant du fait que, venant de hors Bruxelles, je n’avais bien évidemment pas pu prendre connaissance de leur règlement communal; d’autant que, sauf erreur de ma part, je n’avais pas vu de panneau informatif à l’entrée de la rue. J’ai reçu une première réponse du Bourgmestre d’Anderlecht rejetant ma demande, précisant que ladite Zone Astrid avait été « mise en place après de longs mois d’information et de sensibilisation », avec la participation du Sporting, ajoutant que des possibilités de stationnements alternatifs avaient été mises en place et reprochant au Sporting « une communication imparfaite envers une partie de ses visiteurs ». J’ai ensuite reçu un deuxième courrier de la Commune, plus précisément du service joliment intitulé « Cadre de vie – Stationnement » ( !), m’expliquant la même chose que le Bourgmestre tout en ajoutant que, de toute façon, je ne présentais « aucun argument légal permettant d’envisager l’annulation de la taxe ». Suffisait de demander ! La loi du 16 mars 1968 relative à la police de circulation routière rappelle en son article 12 que : « les mesures prises pour régler la circulation (…) doivent, pour être obligatoires, être portées à la connaissance des intéressés par des agents portant les insignes de leurs fonctions et postés sur place, ou par une signalisation appropriée (…) ». Ce que la Cour de Cassation rappelle dans un arrêt du 18 janvier 2010. Il suffit de consulter la jurisprudence du site du Moniteur Belge (accessible à tout un chacun, sans aucun code d’accès) et de lancer une recherche avec les mots circulation routière ou signalisation routière, et on trouve cette jurisprudence. Le dimanche 20 novembre dernier, rue des Fruits, il n’y avait ni agent portant les insignes de leurs fonctions, ni signalisation appropriée. En d’autres termes, le règlement communal de la Zone Astrid ne m’était pas opposable juridiquement et mon procès-verbal doit être annulé. Mais plus généralement, ce règlement communal ne me paraît opposable à aucun usagé des rues de ladite Zone Astrid vu l’absence sur place d’agents portant les insignes de leurs fonctions, et l’absence d’une signalisation appropriée… Et je ne pense pas que la campagne d’information invoquée par la Commune réponde à la notion de signalisation appropriée. Je pense aussi que le spectateur est ainsi victime d’une interminable guèguerre que se livrent Commune et Sporting d’Anderlecht, chacun se renvoyant la balle. Je note toutefois qu’à ce jour, je n’ai reçu aucune réponse de Monsieur Roger Vanden Stock. En termes d’accueil et de réception des invités de son sponsor principal, on a déjà vu mieux… Un fidèle lecteur de votre magazine

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