John Baete
Tchité, le transfert le plus improbable
Les clubs sont parfois prêts à tout pour se renforcer lors d’un mercato. Et certains joueurs sont parfois prêts à tout pour s’enrichir personnellement sur le dos de leur employeur.
Par John Baete
Si on en croit les chroniqueurs judicaires, le Standard mène largement devant Anderlecht en termes d’inculpations à titres divers de membres (ex ou non) du club concerné. Précisons que si être inculpé ne veut pas dire charrette, il vaut quand même mieux ne pas l’être. Donc, à Sclessin, on compte trois ex-directeurs généraux, un ex-directeur sportif et un ex-vice-président exécutif face à un seul et maigre ex-manager général. 5-1, c’est presque un score-tennis. Et dire que l’un d’entre eux aurait pu revêtir de hautes fonctions à l’Union belge et que l’autre représente son club dans le cénacle uefiste. Cela fait tache. Mais en Belgique, on attend des lunes pour un jugement. Donc, en attendant, tout le monde fait comme si de rien n’était. Pourquoi éviter des pratiques douteuses si rarement sanctionnées ?
Au Standard, Dudu Biton est appelé à succéder à Mémé Tchité et en a le potentiel. On a le souvenir entrevu chez les Zèbres d’un grand gars tonique et mobile, assez complet techniquement et à l’aise dans les appels et contre-appels de balle, une-deux et déviations. Un arsenal sans doute trop vaste pour une pointe chez les Rouches où on ne demande généralement qu’à courir, sauter et frapper. Mais les temps ont changé: il y a désormais un coach hollandais aux commandes et il risque fort d’être plus exigeant sur le style de jeu que ses prédécesseurs, souvent adeptes du power-play.
D’ailleurs, il y a des chances que Jelle Van Damme, parfois aberrant flanc gauche sous le visionnaire Jose Riga, soit replacé au stopper. C’est dire s’il faut désormais de la technique pour s’imposer dans les lignes avant des Rouches. Par rapport à Tchité, Rob Jans aurait pu le placer sur le flanc, position où il avait eu de bonnes périodes -contraint et forcé il est vrai- à Anderlecht. Mais Tchité ne va jamais donner d’assists à Biton: il va tenter de transformer les bons ballons de Maxime Lestienne et Thomas Meunier.
Mémé est un cas: il est le premier joueur de l’histoire de la D1 à jouer pour le top 3. En attendant Genk? On est triste pour lui qu’il ne se sente vraiment bien nulle part. Apatride sur le plan de l’attachement à un club, le véloce attaquant l’est aussi sur le plan des nationalités par rapport à la FIFA. Il est né de mère congolaise et de père rwandais au Burundi. Mais son agent -Alfred Raoul- déclare que son client n’a jamais eu la nationalité burundaise « car, pour l’avoir, un de ses deux parents doit être burundais ». Pourtant, Tchité a joué avec les -20 du Burundi en 2002. Et il n’a pu honorer en 2008 une sélection pour les Diables à cause de ça! Même si, parmi ses documents, il possède désormais un passeport belge et doit donc être considéré comme faisant partie de notre beau royaume.
Mémé aimerait tant devenir Diable Rouge mais la FIFA ne veut pas et l’Union belge a déclaré au printemps que, pour elle, le dossier était refermé. Qui peut l’aider alors? D’après Tchité et son entourage, le Club Bruges, pardi!, dont le président d’honneur n’est autre que Michel D’Hooghe, ex-boss de l’Union belge et membre du comité exécutif de la FIFA. L’agent de Tchité déclare que c’est son client qui a imaginé tout cela, ajoutant même que le coach du Club « c’est Georges Leekens, l’ex des Diables Rouges. Et Jean-Luc Dehaene, ex-Premier ministre, est supporter! Il est malin Mémé… »
Ouais, mais qui va imaginer que l’Union belge va lever le petit doigt pour aider D’Hooghe ou faire plaisir à Leekens? Personne. Et Dehaene, patron du fair-play financier à l’UEFA, doit quand même devenir un rien dégoûté par le cynisme ambiant du Club, non? La seule chance de Tchité pour devenir Diable Rouge est que la FIFA lui remette un document déclarant que sa sélection U20 avec le Burundi est annulée. Et que Marc Wilmots ait besoin de lui, chose qui semble aller de soi pour le clan Tchité. Tant de naïveté est touchant.