SVEN VANDENBROECK

Sven Vandenbroeck (37 ans), ex-joueur de Malines et de Roda JC, est l’adjoint d’Hugo Broos au Cameroun, avec lequel il dispute la Coupe d’Afrique au Gabon, à partir de samedi.

1 La Coupe d’Afrique tombe mal pour les clubs européens qui alignent des internationaux africains. Vous avez subi des pressions afin de ne pas sélectionner des joueurs ?

Pas directement mais les clubs influencent leurs joueurs. Huit de nos internationaux ont décliné leur sélection, dont trois sous la pression de leur club, sans aucun doute. La fédération a décidé de tenter d’en libérer cinq via la FIFA mais ils continuent à refuser. On connaîtra les sanctions prononcées à leur égard dans les prochains jours.

2 Après votre match nul, sur vos terres, dans le match de qualification pour le Mondial contre la Zambie, le 12 novembre, Hugo Broos a été la cible de violentes critiques. Que redoutez-vous le plus à la CAN : vos adversaires ou votre entourage ?

Il y a plusieurs choses à craindre. Pendant la préparation, on se heurte à son propre entourage. Depuis le mois d’août, les grandes lignes de cette préparation sont établies et on pourrait croire que quatre mois suffisent à tout régler mais des problèmes continuent à surgir tous les jours. Ainsi, la veille de notre départ en stage en Guinée Équatoriale, nos visas n’étaient pas en ordre. On s’attend aussi à des fuites. Donc, on fait attention aux personnes auxquelles on communique des informations. Il est aussi important de bien gérer la presse afin de rejoindre le Gabon dans une bonne ambiance, d’autant qu’elle est très négative depuis ce match nul contre la Zambie : on a oublié tous les éléments positifs qui avaient précédé ce match. On a baissé l’intensité des entraînements la veille des matches amicaux pour faire meilleure impression et obtenir des résultats positifs, en espérant que ça contribue à former une bonne atmosphère.

3 La CAN est une fête du football mais elle est souvent marquée par le chaos. En 2013, Hamdi Harbaoui a déclaré que ses coéquipiers tunisiens buvaient et avaient des relations sexuelles la nuit. Quels sont les risques et quelles mesures avez-vous prises pour que tout se déroule avec professionnalisme, pendant le stage et le tournoi ?

On connaît ces histoires. On nous a dit que le Cameroun en avait vécu de semblables dans les éditions précédentes. Notre staff comprend deux anciens internationaux qui savent où se trouvent le danger. Ça aide. Dans tous les hôtels, on a loué un étage pour les joueurs et deux membres de la sécurité le gardent en permanence. Seuls les joueurs sont autorisés à gagner cet étage et on contrôle tous les sacs en plastique. En l’espace de huit mois, on n’a dû intervenir qu’une seule fois et c’était un problème mineur. Dans l’ensemble, le groupe est brave. Personne ne se prend pour une vedette.

4 Vous êtres versés dans le groupe le plus faible sur papier, avec le Burkina Faso, la Guinée-Bissau et le Gabon. Qui préférez-vous rencontrer en quarts de finale : le Sénégal ou l’Algérie de Georges Leekens ?

C’est quand même une poule dangereuse, avec le pays organisateur, le Burkina Faso, qui aligne beaucoup de talents en attaque, et une nation montante en football, la Guinée-Bissau. Mais passer le premier tour est un must absolu. Ensuite, je préfère le Sénégal. L’Algérie est très forte tactiquement, elle développe un football rapide et soigné, le genre de football qui nous complique la vie. En plus, les équipes de Leekens sont toujours fortes sur les phases arrêtées.

5 Où placez-vous cette expérience africaine dans votre carrière d’entraîneur ? Vous voulez continuer à exercer ce job ou vous attendez un coup de fil de Belgique ?

Je place cette expérience au premier rang. Humainement, c’est un enrichissement incroyable et sportivement, le poste est chouette et m’apprend beaucoup. Une équipe nationale est beaucoup plus complexe qu’une équipe de club. Ces dernières semaines, j’ai reçu deux coups de téléphone de Belgique mais je n’abandonne pas ce poste. Comme jeune entraîneur, j’aimerais être davantage sur le terrain mais je vise le Mondial russe et j’aimerais aussi participer à la Coupe d’Afrique 2019, au Cameroun. Peut-être n’aurai-je plus jamais la chance de participer à de tels grands tournois par la suite.

CHRISTIAN VANDENABEELE

 » Notre poule est dangereuse mais passer le premier tour est un must absolu  » SVEN VANDENBROECK

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