SUR ORBITE

Voici comment le jeune défenseur a répondu aux attentes placées en lui durant le premier tour.

En début de saison, Daan Van Gijseghem (18 ans) était le jeune joueur que l’Excelsior Mouscron souhaitait lancer dans le grand bain. Parce qu’on sentait qu’il avait les capacités nécessaires, mais aussi parce qu’on avait envie de démontrer que, quoi qu’en disaient certains, le Futurosport était capable de produire des joueurs de talent. Gil Vandenbrouck a donc pris le pari de lui offrir une chance réelle, en le titularisant au détriment de joueurs beaucoup plus expérimentés, avec les risques que cela comporte mais en sachant aussi qu’un jeune joueur ap-prend avec les erreurs qu’il commet. L’expérience ne peut s’acquérir qu’en jouant. Six mois plus tard, le bilan est positif. Le dernier Flandrien de l’effectif hurlu a disputé 15 des 17 matches du premier tour.  » Lors du déplacement au Brussels, j’étais suspendu, et pour le match au stade du Pays de Charleroi, Vandenbrouck m’avait évincé pour des raisons tactiques « , se souvient Daan.  » Je devrai confirmer durant le deuxième tour, mais pour l’instant, j’ai tout lieu de me montrer satisfait. Mon objectif était de jouer, il a été atteint « .

Au-delà des espérances, peut-être. En août, Daan déclarait encore qu’il ne tenait pas nécessairement à jouer les 34 matches de la Ligue Jupiler, car un joueur de son âge éprouve de temps en temps le besoin de souffler.  » Mais pour l’instant, cela va « , admet-il.  » Je tiens le coup assez facilement. Il m’arrive parfois d’être fatigué le mardi ou le mer-credi, au sortir de deux séances d’entraînement éprouvantes, mais en fin de semaine, les entraînements sont plus légers ou plus tactiques, et je retrouve ma fraîcheur pour le week-end. D’une certaine manière, cela signifie aussi que les entraînements sont bien dosés « .

Une autre interrogation concernait la position que Daan occuperait sur le terrain. En début de saison, Vandenbrouck semblait décidé à le lancer en milieu de terrain. C’est à ce poste que l’international des -19 ans entama le championnat. Mais, assez rapidement, il apparut qu’il était plus à l’aise comme défenseur central.  » Je ne regrette rien « , précise Daan.  » Cette expérience en milieu de terrain fut très enrichissante. Elle m’a permis de découvrir une autre position et d’ajouter une corde à mon arc. Je suis devenu plus polyvalent et cela me sera certainement très utile pour la suite de ma carrière. Je crois que je n’étais pas encore prêt pour ce rôle. Je pouvais me débrouiller comme milieu de terrain purement défensif, mais on attendait aussi de moi que j’apporte ma contribution aux offensives. Là, c’était peut-être un peu trop demander, car je n’avais pas encore l’expérience requise. Après quelques matches, j’ai donc retrouvé mon poste de défenseur central, où je me sens plus à l’aise « .

A l’une ou l’autre position, Daan est bien entouré.  » Comme défenseur central, j’ai Geoffray Toyes à mes côtés, Steve Dugardein et Alex Teklak devant moi. C’est l’idéal. Geoffray me guide sans cesse, il corrige mon positionnement, m’avertit d’un danger qui se précise. Il est un peu, pour moi, l’entraîneur sur le terrain. Lorsqu’il crie lui-même, il évite à Gil de s’époumoner « .

A l’écoute des anciens

Les anciens, consultés il y a trois mois, étaient unanimes : parmi tous les jeunes du club, Van Gijseghem est l’un de ceux qui écoutent le plus.  » Je dois dire que cela n’a pas été tout seul « , reconnaît Daan.  » Lorsque je jouais en équipes de jeunes, j’étais l’un des meilleurs de ma catégorie. L’entraîneur était toujours content de moi. Je ne recevais quasiment que des éloges, et je continuais à jouer mes matches, sans trop me soucier de quoi que ce soit. Puis, lorsque j’ai intégré le noyau de l’équipe Première, j’ai eu l’impression que je ne faisais plus rien de bon. Je me faisais enguirlander à chaque touche de balle. Je me suis entretenu avec Gil Vandenbrouck à ce sujet. J’ai rapidement compris que c’était pour mon bien. Aujourd’hui, j’accepte facilement toutes ces remarques. Toyes a reconnu qu’il réagissait parfois de façon brutale et n’utilisait pas toujours les mots les plus doux, mais je le comprends. Dans le feu de l’action, on n’a pas le temps de réfléchir et on crie ce qui vient à l’esprit. C’est d’ailleurs réciproque. Je n’hésite pas, moi non plus, à donner des directives à Geoffray. Lui aussi accepte ces remarques, d’autant plus facilement qu’avec son expérience, il sait que dans une bonne défense, il faut beaucoup se parler « .

Toyes et Van Gijseghem forment donc un bon duo. Au point que, lorsque Kevin Hatchi est brièvement revenu de blessure en décembre, il a été positionné à l’arrière droit. Pourtant, a priori, Geoffray et Daan n’étaient pas nécessairement complémentaires.  » Ni l’un ni l’autre ne sommes de très grande taille « , constate Daan.  » Pourtant, on s’est rarement fait piéger sur les balles hautes. Geoffray a une très bonne détente et fait parler son expérience. Personnellement, je dois encore améliorer mon jeu de tête… tout comme mon pied gauche, sans doute mes deux points faibles. Je n’ai pas encore, non plus, la carrure d’un joueur de 22 ou 23 ans « .

En revanche, Daan possède un sens de l’anticipation très prononcé.  » Peut-être, mais je ne dois pas en abuser. Car, si l’on rate son interception, l’attaquant adverse file seul au but « .

Van Gijseghem n’hésite pas à faire son autocritique.  » J’ai parfois l’impression que beaucoup de joueurs, dans le championnat de Belgique, sont trop vite contents d’eux. Ce n’est pas mon cas. Je n’ai aucun mal à reconnaître mes erreurs. Lors du match contre Genk, en championnat, je me suis fait rouler dans la farine par Kevin Vandenbergh et cela avait coûté un but. C’était pour ma pomme et je l’avais admis immédiatement. Il est déjà arrivé souvent que des gens viennent me féliciter après un match. Presque à chaque fois, je leur réponds : – C’est gentil, mais là et là, j’ai encore commis une erreur ! Lorsqu’on évolue comme défenseur central, on est en principe le dernier défenseur avant le gardien de but. Une erreur se révèle donc souvent fatale, mais cela fait partie du football. Lorsque j’en suis responsable, je ne suis pas du genre à chercher des excuses, en incriminant l’arbitre, le terrain ou un partenaire. Il faut rester droit dans ses bottes et admettre que, de temps en temps, on peut passer à côté. Après tout, personne n’est parfait « .

Partira, partira pas ?

Il y a deux mois, la rumeur circulait que Van Gijseghem était l’un des joueurs que l’ancienne direction, aux abois sur le plan financier, envisageait de vendre durant le mercato pour donner un peu d’oxygène au club. Lorsqu’on a le couteau sous la gorge, on n’a pas toujours le choix, mais se séparer déjà de ce jeune talent aurait été une erreur. Parce que son départ aurait déforcé l’équipe, parce que le joueur vaudra plus d’argent dans un an ou deux s’il poursuit sa progression mais aussi parce qu’il est un joueur formé dans le sérail : un élément auquel le public peut s’identifier, ce qui est devenu de plus en plus rare, au Canonnier comme ailleurs. Aujourd’hui, la donne a changé. L’injection d’argent frais n’oblige plus la direction à vendre à tout prix. Mais ce sont les clubs plus puissants qui, tombés sous le charme de Daan, s’intéressent à lui.

 » Pour l’instant, il n’y a rien de concret « , assure Van Gijseghem.  » Je sais que Vitesse Arnhem s’est effectivement intéressé à moi. Mon manager me l’a confirmé. En ce qui concerne les autres clubs – Bruges, le Standard, Zulte Waregem – j’ai simplement lu ces rumeurs dans la presse, comme tout le monde. Personnellement, je ne cherche pas à partir. Je pense même qu’un départ vers un club plus ambitieux serait prématuré pour moi. Lorsque j’étais plus jeune, j’ai refusé des offres d’Anderlecht, de Bruges, de Bolton Wanderers et du PSV Eindhoven. Je ne suis pas du genre à me jeter sur la première proposition venue. Pour l’instant, l’argent n’est pas le plus important à mes yeux. Ce qui compte avant tout, c’est de jouer. A Mouscron, j’ai, si pas la garantie, au moins de grandes chances d’être titulaire. Je ne veux pas connaître le sort de TimothyDreesen, dont on disait monts et merveilles lorsqu’il jouait au Lierse et qui se retrouve aujourd’hui en Réserve à Bruges. Je le connais bien, pour l’avoir côtoyé en équipe nationale des -19 ans. Il a rejoint un grand club, mais a-t-il pour autant progressé sportivement ?  »

Van Gijseghem resterait volontiers à Mouscron jusqu’au terme de son contrat, en juin 2008 :  » Je pense, effectivement, qu’une saison supplémentaire comme titulaire en D1 ne me ferait pas de tort « . Mais, s’il va au bout de son contrat, il pourrait partir gratuitement. Et, dans ce cas, ce serait le club qui n’y retrouverait pas son compte.  » Je pense que, bientôt, on m’invitera à la table des négociations afin d’envisager une prolongation et éviter ce cas de figure. Je suis tout disposé à prolonger. Pas à n’importe quelle condition, bien sûr, mais je serai à l’écoute de ce qu’on me proposera « .

Et si le club, acculé par les problèmes financiers, était malgré tout obligé de le vendre ?  » Dans ce cas, je n’aurais pas le choix. Si l’argent récolté par la vente pouvait aider le club à survivre, je n’aurais plus qu’à m’exécuter. Mais, si je pars, ce serait à regrets « . Et si Vitesse Arnhem déposait un million d’euros sur la table et le voulait à tout prix ?  » A quoi bon envisager des cas qui, actuellement, n’en sont toujours qu’au stade des hypothèses ? « , se demande-t-il.  » L’argent, je le répète, n’est pas le plus important à mes yeux. Si, en plus d’un beau contrat, Aad de Mos m’assurait d’une place de titulaire, cela mériterait réflexion car une équipe du subtop néerlandais, c’est tout de même un niveau plus élevé que Mouscron. Les attentes qui pèseraient sur ma personne seraient donc plus élevées également. Je ne sais pas si je suis déjà prêt à répon-dre à ces exigences, car après tout, je n’ai encore disputé que 25 matches de D1. Même en Belgique, je n’ai pas encore démontré toute l’étendue de mes possibilités. Qu’irai-je déjà faire aux Pays-Bas ou en France ? En fait, l’idéal serait qu’un grand club m’achète, m’offre un beau contrat… et consente à me laisser jouer encore une saison à Mouscron. Mais c’est un cas de figure presque utopique. Lorsqu’un club achète un joueur, il veut en disposer, c’est logique « .

DANIEL DEVOS

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