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COACH JANNE ANDERSSON (SWE)

Vous êtes devenu sélectionneur à l’issue d’un EURO décevant. La Suède n’a pas pris le moindre point et Zlatan Ibrahimovic a effectué ses adieux. Comment était-ce ?

JANNE ANDERSSON : C’est un job très attrayant, sans doute le plus intéressant qu’on peut avoir en Suède. J’avais déjà entraîné 19 ans en D1 suédoise, comme adjoint et comme T1, et le défi était énorme. Zlatan et six autres joueurs ont renoncé à l’équipe nationale et nous avons dû reformer une sélection. Ce n’était pas facile mais intéressant et enrichissant.

Comment entame-t-on pareil processus ?

ANDERSSON : Mes adjoints et moi avons demandé aux joueurs s’ils étaient disposés à s’engager pour les deux prochaines années. Nous avons écouté leurs idées et visionné énormément de matches. Nous avons rapidement établi avec quels joueurs nous voulions nous qualifier et nous avons pu raccourcir la longue liste de 70 à 80 joueurs disponibles. Il nous en restait une quarantaine en septembre 2016 quand nous avons disputé notre premier match de la campagne, contre les Pays-Bas.

Quelle est votre philosophie du football ?

ANDERSSON : Je commence par aborder les joueurs humainement. Nous avons dû déterminer comment nous comporter ensemble, sur le terrain et en-dehors, définir nos relations avec la presse et la manière dont les supporters pouvaient nous aider. Peter Wettergren, mon adjoint, et moi avons cherché un système de jeu qui permette aux joueurs d’obtenir un rendement optimal. Nous sommes un petit pays et nous ne disposons pas des onze meilleurs joueurs du monde, de sorte que tous ont compris que nous devions nous y prendre collectivement. Les joueurs doivent travailler les uns pour les autres. Nous le leur avons expliqué dès les premières séances.

Emil Forsberg
Emil Forsberg© BELGAIMAGE

Vous avez une préférence pour le 4-4-2 ?

ANDERSSON : Tout à fait. Nous avons plusieurs schémas offensifs mais en défense, nous appliquons un 4-4-2 pur, clair pour tout le monde. Ce n’est pas un hasard si nous n’avons encaissé que neuf buts lors de nos dix matches de qualification. C’est trois de moins que la France, lauréate de la poule. Les autres pays nous ont dépeint comme une formation qui ne pensait qu’à défendre mais je ne suis pas d’accord : nous avons inscrit 26 buts, huit de plus que la France.

Décelez-vous des possibilités dans cette poule ?

ANDERSSON : Nous nous attendons à trois matches difficiles. La Corée du Sud en est à sa neuvième participation d’affilée, sans parler de l’Allemagne. Le Mexique dispute son septième Mondial de suite. C’est une poule intéressante.

La question inévitable : Zlatan Ibrahimovic était-il bienvenu, pour vous ?

ANDERSSON : J’ai dû respecter sa décision d’arrêter il y a deux ans. S’il avait changé d’avis, il n’avait qu’à me téléphoner pour en discuter. Mais il ne l’a pas fait.

VU DU PAYS : Pär Zetterberg

Ancien international suédois (30 sélections, 6 buts)

 » Sur le papier, la Suède a moins de qualités que les trois autres équipes du groupe. L’Allemagne, c’est évidemment hyper costaud. Le Mexique et la Corée du Sud, c’est très bon aussi. Mais c’est un groupe idéal parce que ces trois adversaires devraient faire le jeu contre nous et les Suédois sont surtout efficaces quand ils peuvent miser sur la contre-attaque. Ça s’est encore confirmé dans les éliminatoires. Sur papier, on ne devait pas passer puisqu’on avait la France et les Pays-Bas dans notre poule. Mais on a fini deuxième en réussissant à battre la France. Après ça, on a encore pratiqué notre style de jeu favori contre l’Italie en barrages et c’est encore passé. La Suède joue mieux au foot depuis la retraite de Zlatan Ibrahimovic. Sans doute parce que tout était trop concentré sur lui, et donc ça paralysait pas mal d’autres joueurs, ça les empêchait de s’exprimer totalement. Les gens voient ça est c’est sans doute pour ça que les avis étaient fort partagés quand il a déclaré qu’il avait envie d’aller à la Coupe du Monde. On voit aussi qu’il n’a plus jamais été le même depuis sa grave blessure en Europa League contre Anderlecht. Et donc, la question de son retour éventuel a été un sujet de conversation en Suède, sans en être vraiment un. Ça fonctionne très bien sans lui et les gens n’ont pas trop envie de tout révolutionner.  »

Jakob Johansson
Jakob Johansson© VI Images / Pieter Stam de Jonge

L’ÉTOILE MONTANTE : Emil Forsberg

Ce médian offensif de 26 ans est une star de Leipzig et il a participé au récent beau parcours de ce club en Europa League, avec l’élimination en quarts de finale par Marseille. Il a quitté le championnat suédois en 2015, après deux titres de champion national avec Malmö et trois trophées de meilleur médian du championnat. Avec Leipzig, il a forcé la promotion en Bundesliga, et aujourd’hui, il est cité avec insistance du côté d’Arsenal, qui serait prêt à débourser plus de 50 millions d’euros pour lui. Il serait le premier gros poisson recruté par Unai Emery.

Zlatan Ibrahimovic
Zlatan Ibrahimovic© AFP

Emil Forsberg va participer à sa première Coupe du Monde mais il a déjà un EURO à son actif. En 2016 en France, il a disputé les trois matches de son équipe et il a d’ailleurs affronté les Diables Rouges. Il était titulaire lors des 17 derniers matches officiels de la sélection et il a pris une part importante dans la qualification. Il fait partie de ces joueurs offensifs censés combler le vide laissé par la retraite internationale de Zlatan Ibrahimovic. Gros défi.

BON À SAVOIR TOP 6

Les Suédois ont inscrit 26 buts lors de la campagne éliminatoire – sans Ibrahimovic… Ils figurent ainsi dans le top 6 des meilleures attaques sur la route de la Russie. Un top 6 où on retrouve aussi l’Allemagne, la Belgique et le Portugal.

La Suède est le seul pays à avoir battu la France durant les qualifications et a fini deuxième du groupe. Le gardien bleu Hugo Lloris avait fait une grosse boulette qui avait permis cette victoire.

Jakob Johansson est un héros : c’est lui qui a marqué le seul but des deux matches de barrage contre l’Italie.

26/04/2018

Nouvelle date clé dans l’histoire de l’équipe nationale suédoise. La fédération a alors annoncé officiellement que Zlatan Ibrahimovic ne participerait pas à la Coupe du Monde. Après plusieurs semaines pendant lesquelles il avait fait part de son envie d’aller en Russie, la décision définitive est tombée.  » J’ai parlé à Zlatan, il m’a annoncé qu’il ne voulait pas revenir « , a déclaré le directeur technique national.

Les Blagut : c’est le surnom des internationaux suédois. Ça veut dire les Bleu et Jaune.

COACH JANNE ANDERSSON (SWE)

55 ans ? Coach depuis l’âge de 26 ans, après une carrière en D3 et en D4. Il voue une profonde admiration à Bengt Johansson, son professeur de gym, qui a conduit l’équipe suédoise de handball à des titres mondiaux et des médailles olympiques ? Il a été champion avec l’IFK Norrköping et est sélectionneur depuis 2016.

Suède
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