» STERCHELE AVAIT DÉJÀ SIGNÉ AU STANDARD « 

Michel Louwagie (Gand), Herman Van Holsbeeck (Anderlecht) et Luc Devroe (Ostende) sont managers professionnels depuis plus de 20 ans. Sport/Foot Mag les a réunis afin qu’ils s’épanchent sur leur vécu. Retour sur les coulisses du football belge.

HermanVanHolsbeeck (62), MichelLouwagie (60) et LucDevroe (50) sont plutôt surpris de constater que, des dix-huit clubs qui composaient la D1 il y a vingt ans, il n’en reste plus que sept. Le Germinal Ekeren (troisième cette année-là) n’existe plus, le RWDM (4e) est reparti sur de nouvelles bases en Promotion, tout comme Harelbeke (11e). Cette saison-là, Ostende disputait le tour final de D2.

L’histoire de Devroe démontre combien on peut devenir manager de club par hasard. Un jour, il était entraîneur des gardiens et troisième gardien. Le lendemain, il s’est réveillé dans la peau d’un directeur sportif. Le 2 janvier 1996, Ostende était en stage à Hooglede lorsque, à minuit, le président de l’époque, EddyVergeylen, est venu s’asseoir à côté de lui. Ostende venait de descendre de D1 et avait des problèmes financiers en raison de contrats trop élevés.

LUCDEVROE : Vergeylen m’a dit : Tu dois mettre un terme à ta carrière de gardien, j’ai besoin de toi en tant que manager de crise. Nous avons une dette de cent millions de francs (2,5 millions d’euros, ndlr). Les réviseurs d’entreprise lui avaient conseillé de déposer le bilan mais il ne voulait pas. Il m’a confié une seule mission : me débarrasser d’un maximum de joueurs afin d’arriver à une masse salariale en rapport avec la D2. Pendant six mois, j’ai fait la route pour vendre des joueurs.

HERMANVANHOLSBEECK : Après avoir été joueur et entraîneur, je voulais découvrir autre chose. Vermeersch m’a donné une chance dans son entreprise de construction mais, après six mois, il a repris le RWDM avec la Compagnie Immobilière de Belgique (CIB). Un an plus tard, Johan était en pétard avec eux mais ils avaient davantage d’actions. Un jour, ils sont venus me voir et m’ont dit : ou tu viens travailler avec nous, ou nous retirons nos billes. J’ai accepté. Deux ans plus tard, je suis parti au Lierse, où je suis resté quatre ans. Anderlecht a frappé à ma porte à deux reprises. La première fois, j’avais donné ma parole au président lierrois de l’époque, GastonVets. Six mois plus tard, j’ai accepté l’invitation du Sporting.

MICHELLOUWAGIE : En 1989, je suis entré en contact avec le beau-fils de l’ancien président, JeanVanMilders. L’ex-manager, FilipBenoot, avait été mon élève à la faculté des sports. Je me suis dit que ce boulot était fait pour moi car je ne me voyais pas rester toute ma vie à l’université. J’ai dû rencontrer au moins dix administrateurs et passer des tests auprès de l’entreprise de ressources humaines De Witte&Morel. C’est ainsi qu’en février 1990, je suis devenu coordinateur. A l’époque, il n’y avait pas tellement de managers dans le football professionnel. En 1993, on m’a donné ce titre et, en 2005, je suis devenu administrateur délégué.

 » IL FALLAIT VENDRE L’UN OU L’AUTRE JOUEUR CHAQUE ANNÉE  »

Comment était le football professionnel à l’époque ?

VANHOLSBEECK : Quand j’ai débuté au RWDM, quelques pensionnés s’occupaient du ticketing et des jeunes. J’ai connu quelques présidents pour qui le football n’était qu’un passe-temps mais ce hobby a quand même failli coûter une maison à certains d’entre eux. Quand on constate chaque année que les dépenses dépassent les revenus, on a un problème. Je ne pouvais vendre qu’une fois WesleySonck à Ekeren et une fois les frères Laeremans au Lierse. Nous jouions devant quatre ou cinq mille spectateurs de moyenne mais nous ne vendions que 1.500 places. Impossible de contrôler quoi que ce soit.

LOUWAGIE : Je ne m’occupais pas du sportif. A l’époque, Gand comptait beaucoup de directeurs opérationnels : un pour le commercial, un pour l’administration, un pour les finances et un pour le sportif : IvanDeWitte. Je devais coordonner les différentes fonctions et rapporter au président. Il n’y avait pas de management. Quelques directeurs d’école s’occupaient de la vente des tickets et des rapports avec la fédération. Sur le plan financier, nous savions qu’il nous manquerait un bon demi-million d’euros à la fin de la saison. De plus, en 1991, nous devions construire une nouvelle tribune avec un beau business plan mais trop peu de revenus. En d’autres mots : nous devions vendre un joueur chaque année.

DEVROE : Au début, je ne m’occupais que du sportif : je devais vendre des joueurs. Nous avions pratiquement la tête sous l’eau. Outre le président, nous avions un avocat et un trésorier, aujourd’hui devenu échevin à Ostende. Ils avaient un boulot à temps plein et se réunissaient tous les mardis soirs dans un hôtel d’Ostende, où ils restaient jusqu’à deux heures du matin.

VANHOLSBEECK : Le président, GaëtanPiret, avait fait de hautes études mais il ne savait pas que le ballon était rond. Je suis le premier à avoir amené un joueur belge en Chine : HaroldDeglas, qui était sur une voie de garage au RWDM. Au Lierse, c’était l’inverse : pendant longtemps, j’ai été manager mais je n’avais rien à dire sur le plan sportif. Un jour, j’ai dit : je vais vendre 700 des 1000 sièges de la nouvelle tribune. Mais je les ai vendus tous les mille. A l’époque, Vets ne travaillait qu’avec un seul agent : WalterMortelmans. Lorsqu’il y a eu des problèmes avec le payement de la nouvelle tribune, j’ai vendu Tomasz Zdebel, HansSomers et WalterMeeuws en Turquie avec l’aide d’un manager turc. Cela nous a rapporté 200 millions de francs, soit 5 millions d’euros. Là, ils se sont dit que je m’y connaissais.

LOUWAGIE : Jusqu’en 1993, j’ai été impliqué dans les transferts sans avoir mon mot à dire. C’est ainsi que Gand a engagé MarcVanderLinden, d’Anderlecht. La direction n’était au courant de rien, Van Milders avait tout arrangé. Nous avons payé 34 millions de francs à Anderlecht. Avec son salaire, ça nous a coûté 1,25 million d’euros. C’était beaucoup trop cher pour Gand mais nous avions terminé troisième et l’intention était de concurrencer Anderlecht (il rit). Le premier transfert que j’ai fait, c’est celui de SuadKatana, en 1994. En rentrant à Gand, j’ai été arrêté par la police parce que je roulais à 150 km/h. Les policiers ont vu que j’étais tellement fatigué qu’ils m’ont laissé partir. Vendre et acheter des joueurs, ça s’apprend. Ce n’est pas un hasard si Herman et Luc viennent du milieu de la vente dans l’immobilier.

 » NOUS SOMMES LES SOUFFRE-DOULEUR DU FOOTBALL  »

DEVROE : A l’âge de 16 ans, je vendais des appartements. Hormis quand j’étais à Bruges, j’ai toujours travaillé dans l’immobilier. Mais dès cet été, je vais à nouveau me consacrer uniquement au football.

VANHOLSBEECK : La dispute entre Vermeersch et la CIB avait duré tellement longtemps que tout le monde était déjà en stage quand nous avons commencé à travailler. Personne ne voulait entraîner le RWDM. J’ai pris DanielRenders et je lui ai dit : Je ne sais pas ce qui va se passer mais on ira au bout de la saison, je ne te laisserai pas tomber. J’ai fini par devoir le limoger mais notre amitié n’en a jamais souffert. Plus tard, c’est lui qui m’a recommandé à Anderlecht. Mon premier transfert entrant fut celui de MichelRasquin. A l’époque, il y avait peu d’agents et Anderlecht n’éprouvait aucune difficulté à attirer les meilleurs jeunes du pays : Luc Nilis,PhilippeAlbert,MarcDegryse… Aujourd’hui, il faut entretenir tout un réseau à l’étranger pour rester dans le coup.

LOUWAGIE : En Scandinavie, les transferts domestiques sont très bon marché. Un jeune part pour 600.000 euros mais si un club étranger se présente, c’est 1.500.000 euros. Les clubs belges sont trop gourmands entre eux et on en arrive à demander 3 millions pour un joueur.

De quoi êtes-vous le plus fier depuis le début de votre carrière ?

VANHOLSBEECK : Au début, après deux mauvais matches, le public scandait le nom de MichelVerschueren. A un certain moment, ArunaDindane est reparti en Côte d’Ivoire en disant qu’il ne porterait plus jamais le maillot d’Anderlecht. Après une victoire sur Gand, j’ai dit en conférence de presse que Dindane allait revenir. Le lendemain, ConstantVandenStock m’appelait pour demander comment j’allais m’y prendre. J’ai pris l’avion, j’ai impliqué des proches de Dindane qui sont devenus des amis et il est revenu.

Là, j’ai appris que faire la guerre à un joueur n’était pas la bonne solution car s’il reste contre son gré, tout le monde est perdant. Je me souviens aussi du transfert de MboMpenza, que Bruges et le Standard voulaient aussi. Par contre, il y a eu des revers, comme avec FrançoisSterchele. Je pose avec lui pour la photo et le lendemain, il signe à Bruges. J’adore les situations difficiles. Le jour où je n’aurai plus envie de les résoudre, il sera temps d’arrêter. Nous sommes souvent les souffre-douleur car nous prenons et nous communiquons les décisions difficiles. Un jour, j’expliquerai ce qui s’est réellement passé avec VandenBorre.

Vous pouvez le faire maintenant.

VANHOLSBEECK : Je comprends les journalistes qui me demandent pourquoi nous laissons encore la porte ouverte. Si je le fais, c’est pour une bonne raison mais je ne peux pas encore la donner. Maintenant, c’est NicklasPedersen qui attaque Michel mais Michel sait ce qui s’est passé.

 » SANS LE SOUTIEN DE LA DIRECTION, ON COURT À NOTRE PERTE  »

LOUWAGIE : Nous avons pris une décision tous ensemble (le président, l’entraîneur, le staff médical, le coordinateur technique) et je l’ai communiquée à Nicklas et à ses managers en présence de notre juriste. Je lui ai dit : Tu es un bon joueur mais, physiquement, tu es trop court pour Gand. Hormis Mircea Rednic, aucun entraîneur n’aurait dit à un joueur qu’il devait partir. C’est logique car il doit travailler avec eux. Donc, le public demande des comptes à Louwagie ou à Van Holsbeeck.

La première fois qu’on a réclamé ma tête, c’était en 1997 à Harelbeke mais Ivan De Witte et FransVerheecke, le sponsor principal, ont toujours été derrière moi. C’est le plus important, sans quoi on ne peut plus travailler. Ils m’ont toujours dit : Dis-nous ce qu’on doit faire, on te soutiendra.

VANHOLSBEECK : Nous avions acheté NicolasFrutosen Argentine à un moment difficile. Pour son premier match au Beerschot, il gelait. Il n’avait jamais vu de la glace et avait glissé pendant tout le match. Nous avions perdu et tout le public avait scandé le nom de Michel Verschueren. Je me suis dit qu’il fallait que les choses changent rapidement. La semaine suivante, nous étions menés 0-2 face au Cercle et Frutos a inscrit deux buts. Le match suivant, contre Genk, la police m’a quand même demandé de garer ma voiture ailleurs mais nous avons gagné 4-1 avec un excellent Frutos et nous avons été champions. Je veux dire par là qu’à un certain moment, il faut des résultats pour éviter la crise, sans quoi on ne peut plus rien faire.

L’année où nous avons vendu Mbark Boussoufa, nous avons terminé troisièmes. Juste avant le Fan Day, nous étions en train de négocier avec Dieumerci Mbokaniet Milan Jovanovic. J’ai dit au président qu’on pouvait présenter Jovanovic le jour du Fan Day mais que ça allait coûter beaucoup plus cher. Nous avons choisi de ne pas le faire. Le jour du Fan Day, le président a pris le micro. Il y avait 15.000 personnes. Quand ils m’ont vu, ils ont sifflé. Je suis rentré dans mon bureau. Le président est venu me voir et m’a dit de ne pas m’inquiéter : Tant que tu travailleras de la sorte, je te soutiendrai. Deux semaines plus tard, Jova et Mbokani signaient. Avec eux, nous avons remporté deux titres.

Luc, vous avez tout connu : le bas de la D2 et les sommets avec Bruges.

DEVROE : Mon premier match avec le Club Bruges, c’était le 2 mars 2007 au GBA. Nous avons perdu 4-0 : deux buts de Sterchele et deux de Jurgen Cavens. Le lundi soir, on m’appelait pour me dire qu’après le match, un de mes joueurs dansait sur les tables, mort saoul, et qu’il avait crashé sa voiture. C’était la fin d’une époque, celle de Trond Sollied et de joueurs qui avaient tout connu. Presque tous les joueurs avaient plus de trente ans, il fallait tout reconstruire. Je n’ai été limogé qu’une fois : à Bruges. Nous avons été plusieurs à être sacrifiés puis Bruges a été repris à la va-vite. Avec un MarcCoucke, ça ne se serait pas passé comme ça.

 » LE COACH DOIT SENTIR CHAQUE JOUR QU’ON EST LÀ  »

A Bruges, vous avez toutefois transféré François Sterchele au nez et à la barbe de Herman.

DEVROE : Ce que vous ne savez pas, c’est qu’il avait déjà signé au Standard. Seulement, LucianoD’Onofrio avait l’intention d’attendre le 31 août parce qu’il ne voulait pas payer la somme réclamée par le GBA. Sterchele avait signé un pré-contrat avec une clause suspensive liée à l’accord du GBA. Le Standard n’a pas obtenu cet accord, Heerenveen non plus. Nous avons réglé cela en 24 heures, notamment grâce au fait que JackyMathijssen avait été son entraîneur à Charleroi. J’ai vite trouvé un accord avec Jos Verhaegen. Nous sommes arrivés au bon moment.

Comment vous entendez-vous avec les entraîneurs ?

LOUWAGIE : Quand un entraîneur connaît son métier, il faut le laisser faire. Si c’est un leader, pas besoin d’intervenir. Nous nous réunissons une fois par semaine : le président, l’entraîneur, GuntherSchepens et moi. Pour le reste, Gunther suit l’aspect sportif de près.

DEVROE : J’ai toujours été proche des entraîneurs. J’ai demandé qu’on aménage un bureau au centre d’entraînement comme ça, quand je suis à Ostende, je sens ce qui se passe.

VANHOLSBEECK : Notre principe c’est que le coach doit sentir chaque jour que nous sommes là. Ce n’est que comme cela que nous pouvons sentir quand il faut intervenir. BesnikHasi a abattu un boulot fantastique lors des play-offs il y a deux ans mais, l’an dernier, certains joueurs n’étaient plus aussi forts. Nous avons alors compris qu’il lui fallait une ou deux personnes qui lui parlent, qui lui disent qu’il avait déjà accordé beaucoup de crédit à MatiSuarez et qu’il était temps qu’il pense à sa personne.

DEVROE : Il est important que ce soit la direction qui prenne les options car un entraîneur peut être parti dans les six mois.

 » ON VEND MAL PAR RAPPORT AUX CLUBS HOLLANDAIS  »

Les joueurs sont-ils plus difficiles qu’avant ?

VANHOLSBEECK : Ils gagnent plus.

LOUWAGIE : Le marché anglais, avec 2,2 milliards de droits de télévision, détermine tout. L’an dernier, nous étions champions et nous avons touché 6,8 millions de droits de TV. Si nous l’avions voulu, nous aurions pu vendre de nombreux titulaires en janvier.

Les joueurs se basent-ils sur les normes en vigueur en Angleterre ?

LOUWAGIE : Si pas les joueurs, les managers…

DEVROE : Il y a quelques semaines, nous avons discuté avec un joueur réserviste à Lille. Nous lui avons proposé le même salaire mais quand son manager a vu cela, il a dit : Monsieur Coucke est milliardaire, vous devez donner le double à mon joueur.

LOUWAGIE : Nous nous vendons mal. Les Hollandais vendent leurs joueurs 50 % plus cher que nous.

Qu’est-ce qui vous a le plus surpris au cours des 20 dernières années ?

VANHOLSBEECK : L’évolution des médias, la rivalité entre les journaux, la vitesse à laquelle l’information se transmet via les réseaux sociaux et l’impact que cela a sur notre football ainsi que sur l’opinion publique. J’ai de plus en plus envie de savoir quelles sont les relations humaines au sein de la presse afin de comprendre qui écrit quoi, quand et pourquoi.

DEVROE : Il y a quelques années, il n’y aurait pas eu de photographe devant le stade à 23 heures pour attendre Boussoufa.

LOUWAGIE : Ce qui me surprend, c’est que les Belges sont une race à part. Nous jalousons les moyens des autres mais nous conservons un bon niveau avec les nôtres.

Qu’est-ce qui rend la Belgique si intéressante ?

DEVROE : Nous sommes proches de l’Angleterre, de nombreux scouts viennent voir nos matches.

VANHOLSBEECK : Nous avons touché le fond et nous avons compris que la seule solution, c’était la formation des jeunes. Même toi tu l’as compris, Michel.

LOUWAGIE : Absolument. Si Anderlecht vient me piquer un jeune, je lui en repique un, même si ça coûte cher.

VANHOLSBEECK : Vas-y, Michel. La réussite de Gand tire notre football vers le haut car elle nous motive. Je n’ai jamais vu Roger Vanden Stock aussi motivé que lorsque Gand a été championne car nous savions que nous devions réagir. Maintenant, Ostende peut venir…

DEVROE : Ne sous-estime pas notre président et sa capacité à faire la part des choses. Après le nul contre Mouscron, il a quand même chanté : nous venions de battre un record de recettes horeca.

Qui vous succédera. Un seul homme ou toute une équipe ?

LOUWAGIE : Il faut s’avoir s’entourer de collaborateurs de haut niveau. C’est la grosse différence avec il y a 20 ans.

VANHOLSBEECK : C’est nécessaire mais le core-business d’un club, ça reste le foot. Et là, il faut des spécialistes.

LOUWAGIE : Il faut un bon équilibre. Je trouve qu’avant, le foot était un milieu trop fermé.

 » IL Y A TOUJOURS UNE LIMITE À NE PAS FRANCHIR  »

De quel transfert êtes-vous le plus fier et quel transfert raté vous poursuivra toute votre vie ?

DEVROE : En décembre 2010, je suis allé en Angleterre, j’ai trouvé un accord avec Jelle Van Damme et avec son club mais il a quand même signé au Standard. Mais le pire, c’est le décès de François Sterchele. Je n’oublierai jamais ce 8 mai 2008. Ma plus grande fierté, c’est Antolin Alcaraz, venu à Bruges pour un salaire que beaucoup de joueurs d’Ostende n’accepteraient pas aujourd’hui. On se posait beaucoup de questions à son sujet mais il a joué en Coupe du monde en Afrique du Sud. Je suis aussi très content d’avoir fait Ivan Perisic, dont on a parlé pendant des mois. Je le voulais déjà en mars mais Adrie Koster, qui avait remplacé Mathijssen, ne voulait que des Hollandais. Perisic est finalement arrivé en août pour 200.000 euros. Aujourd’hui, il est titulaire à l’Inter Milan et est international croate. Je n’aurais jamais pu prévoir cela mais j’avais vu qu’il avait du potentiel. L’été dernier, il a été vendu pour 22 millions.

VANHOLSBEECK : Les transferts entrants dont je suis le plus fier, c’est Jovanovic et Mbokani. Ma plus grande déception, c’est Thorgan Hazard. En football, il y a toujours une limite à ne pas franchir. Il était convenu que Thorgan ne se rende pas à la remise du Soulier d’Or pour forcer un transfert. J’ai alors téléphoné au président pour lui dire que je ne le sentais pas, même si je savais qu’on allait nous tirer dessus à boulets rouges si nous rations et Hazard et Michy Batshuayi.

LOUWAGIE : Les deux meilleurs : Ruiz et Depoitre, pour lequel j’ai un peu insisté. Depoitre me faisait penser à Lorenzo Staelens : un joueur qui avait accordé la priorité à ses études et se révélait sur le tard. Ses tests physiques étaient exceptionnels. Comme on doutait tout de même un peu de lui, je ne lui ai proposé qu’un contrat de trois ans au lieu de quatre.

VANHOLSBEECK : Si Ruiz avait marqué son penalty lors de la dernière journée, le Standard n’aurait pas été champion et il serait probablement venu chez nous.

LOUWAGIE : Nous avions déjà discuté du prix. Ma pire expérience, c’est Junior Edmilson, avec deux agents qui, ensemble, exigeaient une commission d’un million d’euros. Ce n’était pas possible.

 » TOUS LES JOURS ON A DES APPELS D’AGENTS  »

Vous n’avez jamais songé à devenir agent ?

DEVROE : Il y a cinq ans, on me l’a demandé mais je n’ai pas accepté. Mon métier, c’est une vocation. Pas celui d’agent. Même si j’ai régulièrement affaire à eux.

Mogi Bayat, lui, a franchi le pas.

VANHOLSBEECK : Son frère et lui ont trouvé leur voie. Mehdi sera un bon dirigeant. Mogi était trop impulsif pour cette fonction mais c’est un très bon agent.

LOUWAGIE : Pour moi, un bon agent, c’est celui qui ne pense pas qu’en fonction du joueur mais aussi en fonction du club. Ceux qui m’appellent ne répondent pas tous à ce critère.

VANHOLSBEECK : Tous les jours, je reçois au moins cinq appels d’agents. Quand ils ont fini de parler, je leur demande quel joueur ils peuvent m’aider à vendre. Et je n’ouvre la porte qu’à ceux qui sont capables de vendre pour trois millions un joueur qui en vaut un.

Quel fut votre transfert le plus bizarre ?

DEVROE : Jamaïque Vandamme. Il est venu d’un petit club, Hermes Ostende et a été le transfert sortant le plus cher de l’histoire de Roulers : vendu pour 375.000 euros à Roda.

LOUWAGIE : Mido. Il est arrivé chez nous en 2000, il n’avait pas encore 18 ans. Un jour, son père me dit qu’Anderlecht lui propose 30 millions de francs belges à la signature. Nous lui avons donc proposé un contrat. Son père estimait que c’était trop peu mais les contre-propositions nous permettaient de gagner du temps. Après Gand, il aurait dû aller à Anderlecht mais nous l’avons vendu à l’Ajax pour 4,5 millions d’euros. L’Ajax lui offrait un million d’euros à la signature, ce qu’Anderlecht ne voulait pas faire.

VANHOLSBEECK : En Côte d’Ivoire, nous avions vu jouer un gars dans la rue : Cheick Tioté. Quand nous y sommes retournés, nous avons organisé un match sur le seul terrain en herbe d’Abidjan. C’était la première fois qu’il jouait avec des chaussures. Il était phé-no-mé-nal. Nous l’avons ramené mais Frank Vercauteren a dit qu’il avait les pieds carrés. Finalement, il n’a joué qu’un match : le dernier de la Ligue des Champions contre le Betis Séville, parce que c’était avant un match important à Bruges et Vercauteren avait aligné une équipe de jeunes, plus Vanderhaeghe. C’est la seule fois où le président a imposé d’aligner un joueur. Il a été élu homme du match mais trois jours plus tard, il n’était pas sur la feuille à Bruges. A la fin de la saison, nous l’avons laissé partir à Roda avec Roland Lamah. Il a ensuite joué à Twente et maintenant, il est en Premier League depuis dix ans. C’est un joueur qui aurait dû nous rapporter bien plus.

PAR THOMAS BRICMONT, GEERT FOUTRÉ ET PETER T’KINT – PHOTOS BELGAIMAGE – JASPER JACOBS

 » Un jour, j’expliquerai ce qui s’est réellement passé avec Vanden Borre.  » – HERMAN VAN HOLSBEECK

 » Si Anderlecht vient me piquer un jeune, je lui en repique un, même si ça coûte cher.  » – MICHEL LOUWAGIE

 » J’ai acheté Ivan Perisic pour 200.000 euros. L’été passé, il a été vendu 22 millions à l’Inter.  » – LUC DEVROE

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