Stephane Vande Velde

Standard: Duchâtelet porte le peuple au pouvoir

Roland Duchâtelet a donc cédé à la pression populaire en annonçant vouloir remettre le Standard. En posant ce geste, il a capitulé (une première en Belgique) mais a également admis la force et le pouvoir des supporters, une faction ô combien importante mais si souvent ignorée dans le monde du football-business.

Par Stéphane Vande Velde

Il aura donc fallu attendre le Standard pour voir aboutir tous ces mouvements de contestations populaires qui surgissent dans des clubs habitués à prendre des décisions contraires et opposées à la volonté des supporters. Ce que les fans de Charleroi, Zulte Waregem, Courtrai et du Beerschot n’auront pas réussi, eux qui ont protesté des mois durant devant les décisions parfois aberrantes de leurs dirigeants, les Rouches l’ont fait !

On ne doit cependant pas s’étonner que cette petite révolution footballistique soit initiée par ce peuple liégeois, si prompt à la rébellion, mais si fidèle aux couleurs de son club. Face à la peur de se voir évincée des tribunes mais également de voir leur club perdre son âme, cette foule, dont une partie avait déjà été rodée aux luttes ouvrières, est montée aux barricades. Ce public qui a fait de son stade un enfer, a également montré qu’il pouvait mener la vie dure à quiconque toucherait à son blason.

Les supporters du Standard ont peut-être montré la voie à suivre à ceux d’autres clubs. Ils ont en tous cas fait plier un homme, de plus en plus isolé et perdu dans cette jungle du foot moderne. En businessman averti, Duchâtelet avait des recettes pour faire fructifier son club mais il n’a jamais su dégager un projet sportif cohérent. Sans doute par méconnaissance des codes – pas toujours éthiques – qui régissent le monde du haut niveau. Les joueurs et leurs agents semblaient de plus en plus confrontés à quelqu’un qui ne parlait pas leur langue. Il n’a jamais compris la passion et l’âme qui habitait un club de football. Une passion sans doute plus dévorante au Standard qu’ailleurs. Il a sous-estimé la pression du chaud public de Sclessin, lui qui n’a jamais été confronté à un quelconque mouvement de contestation (du moins certainement pas de cette ampleur) au sein de ses entreprises.

En deux ans au Standard, Roland Duchâtelet, lui qui avait avoué venir au Standard pour élargir son carnet d’adresses et bénéficier d’une plateforme médiatique plus large afin de véhiculer ses idées, a failli dans sa mission. Tant personnelle que sportive. Sur le plan personnel, il n’aura pas su créer autour de lui un réseau efficace et puissant. Il n’aura pas réussi non plus à faire passer son message. Même si certaines de ses idées méritaient plus qu’une réflexion, il n’a jamais su les vendre ni susciter un élan autour de celles-ci. Il s’est surtout fait remarquer par sa communication maladroite et souvent décalée. Un comble pour un politicien censé maîtriser parfaitement le timing et l’annonce de ses projets !

Jamais, Duchâtelet n’a su dévoiler le côté réfléchi, intelligent, innovant et ouvert de sa personnalité. Le public de Sclessin et lui resteront donc sans doute sur un profond malentendu.

Sur le plan sportif, Duchâtelet a donné raison à ceux qui doutaient de sa capacité à diriger un club de foot de l’envergure du Standard. Il n’a jamais voulu faire confiance à ceux qui maîtrisaient le terrain de A à Z, se laissant berner par l’un ou l’autre agent ou conseiller de passage. Cela l’a conduit à débourser trop d’argent pour des joueurs moyens et à se montrer économe face à des joueurs de qualité.

Comme un baroud d’honneur dans sa volonté de se faire aimer, Roland Duchâtelet a donc rendu le pouvoir aux supporters. Finalement, sans doute la meilleure initiative de son règne…

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