» Standard-Anderlecht 67 : arrêt sur image « 

 » Je suis partisan de la vidéo pour aider les arbitres à prendre les bonnes décisions dans les cas litigieux. On ne compte plus les situations qui ont fait couler tant d’encre inutile avec, à la clef, des résultats faussés. Il y a longtemps, le 5 novembre 1967, Anderlecht se rendit à Sclessin pour l’affiche de la 8e journée du championnat. Les Mauves étaient leaders avec deux points d’avance sur un trio : Club Bruges, Beveren et Standard. Fred Delcourt dirigea ce Clasico qui déclencha une fameuse polémique. Les relations entre les clubs étaient aussi tendues que de nos jours. Roger Petit, le Lucien D’Onofrio d’antan, estimait qu’Anderlecht pratiquait un  » football de tuberculeux « . Le Standard, c’était l’engagement, la  » verticalité « , un jeu british et la tête de Roger Claessen. En 1965, une tête du 9 liégeois avait enflammé la finale de la Coupe de Belgique : son ballon avait-il franchi la ligne de but ou pas ? Je l’ignore, mais le but ne fut pas accordé et Claessen exclu après un incident avec le juge de touche.

Deux ans plus tard, rebelote mais en championnat : corner tiré par Léon Semmeling et Claessen canonne de la tête, Jean Trappeniers est battu mais Jean Cornélis, notre arrière gauche, repêche le ballon dans la cage. J’ai levé le bras en signe de déception mais l’arbitre n’y vit que du feu et le jeu continua. Claessen était furieux à juste titre. L’affaire n’en resta pas là en raison du talent d’un photographe : Frans Lebrun, de Sport ’67 (un des ancêtres de Sport/Foot Magazine). Un de ses clichés prouvait clairement qu’il y avait but. Lundi Sports (l’ancêtre de Studio1/La Tribune) eut l’autorisation de diffuser le document. Le quotidien Les Sports photographia (sans autorisation) l’écran TV… et apporta la preuve le mardi de la validité du but de Claessen, 24 heures avant la parution de Sport ’67. Cette image, c’était celle de la rivalité entre deux clubs mais aussi entre les médias.

Le match se termina sur un nul blanc. Nous avions une grande défense (seulement 12 buts encaissés en 30 matches) mais ce n’était pas rien de se mesurer à une ligne d’attaque rouche alors formée par Cajou, Claessen et Semmeling. Il fallait se les farcir. A la fin de la saison, Anderlecht fut champion avec deux points d’avance sur le Club Bruges. Le Standard se classa quatrième mais on devinait que Michel Pavic mettait une grande équipe au point.  »

né en 1941, heylens fut un excellent back droit (67x diable rouge, équipe d’europe 65, mondial 70 au mexique, 7 titres et 3 coupes de belgique avec anderlecht). coacha une douzaine de clubs (passa 5 ans au losc et fut coach belge 1984 à seraing)

propos recueillis par pierre bilic

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire