Vincent Kompany et ses Citizens furent dimanche un des clous du cercueil de Sir Alex. Tout comme Philippe Albert et ses Magpies l’avaient été le 15 octobre 1996. Mais il y a une fondamentale différence entre le 1-6 d’hier et le 5-0 d’il y a quinze ans ; le score de tennis a été obtenu à Old Trafford et l’autre à St. James Park. Ferguson a d’ailleurs mis tout le monde d’accord en essuyant ses lunettes embuées le week-end dernier : « La pire défaite de ma carrière… ».
Par John BAETEKompany avait, comme d’habitude en Premier League, revêtu son habit de lumière (Et pourquoi – comme les autres Diables Rouges – il ne joue pas toujours au même niveau avec le Club Belgique ? Hein, pourquoi ?). Derby oblige, le choc des titans mancunians fut une des affiches planétaires du week-end, rivalisant avec la finale du Mondial de rugby ou l’imprévue dernière course de Marco Simoncelli en moto GP.
En 20 ans, la Premier League est devenue une machine à rêves. Les tribunes et les banquettes en bois qui sentaient la bière et le goudron ont été remplacées par des stades futuristes aux effluves champagnisées dont les images passent en temps réel sur la toile. Tout le monde veut son morceau de championnat anglais mais ça coûte cher ; il faut bien payer les stars. Dans notre « Document » (page 84) , on apprend que Ryan Giggs gagnait moins de cent euros par semaine à ses débuts à Man U et qu’actuellement, le salaire moyen des joueurs de Ferguson est de 70.000 ! À Man City, l’argent pompé par l’équipe bat tous les records. L’espoir de jouer pour être champion est à ce prix, mais l’aventure de la Premier League est également sportive, brassant joueurs et coaches de toutes les nationalités et constituant le laboratoire le plus vivant du foot contemporain.
Il y a un an, trois jours après la victoire 5-1 du Standard contre Anderlecht, nous avions mis Zoro Cyriac en couverture : « L’effet Cyriac, portrait et interview de la révélation du Standard ». Malheureusement pour lui – et son club – l’Ivoirien se blessa juste après et ne revient véritablement dans le parcours qu’aujourd’hui. Contre Zulte Waregem, il fut l’auteur du seul but du Standard en trois matches… L’équipe est en crise et les supporters râlent. José Riga a beau tout essayer avec les joueurs disponibles, la sauce ne prend pas. Peu de construction et forcément d’occasions de but. Du coup, on se souvient des paroles du nouveau président Roland Duchâtelet dans notre magazine de la semaine dernière : « A l’avenir, il faudra réduire le nombre de joueurs et la masse salariale. D’autant qu’il faudra libérer de la place pour les jeunes du club. »
Le genre de commentaire qui fait hurler ces supporters qui voient leur équipe péricliter. Mais Duchâtelet a confiance dans son staff d’entraîneurs et est persuadé qu’à part des superstars, la valeur des joueurs est relative et dépend du travail des coaches. Que les supporters se fassent une raison : le nouveau propriétaire du Standard devenu millionnaire grâce à ses idées ne change pas facilement de plan.
Riga a accepté les règles du jeu, à lui d’assumer mais on sait ce que la reconstruction d’une équipe exige en termes de vision technique et de philosophie de la patience. Au risque de déplaire à certains, il doit être jaloux du matériel humain à disposition d’ Ariel Jacobs… Si le stress vécu par Riga peut faire penser à celui qui habite un chirurgien du service des urgences, Jacobs a dorénavant surtout à donner des conseils psychologiques de vie en commun à d’excellents joueurs qui se prennent parfois pour des caïds de bacs à sable.
Dans ce dernier ordre d’idées, on peut conseiller à certains Mauves de se précipiter sur la rubrique Foot de nos pages Lifestyle pour prendre connaissance d’un excellent article consacré aux nouveaux… ballons sur le marché. Même si c’est parfois dur à accepter, le foot ça reste One team, one ball.