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Simone Biles ou l’équilibre absolu

Les premières années de sa vie auraient pu la faire basculer du mauvais côté, mais Simone Biles est un modèle d’équilibre qui virevolte au sommet de la gymnastique mondiale depuis 2013 et devrait décrocher bien des étoiles à Rio.

A 19 ans, l’Américaine est la reine incontestée de la gymnastique, peut-être même la référence ultime de la discipline, et donne un coup de vieux à la légende de la Roumaine Nadia Comaneci.

« Elle est sans doute la +gym+ la plus talentueuse que j’ai jamais vue et je crois qu’elle n’a montré qu’une fraction de ce qu’elle pouvait faire, elle est imbattable », admire sa compatriote Mary Lou Retton, sacrée championne olympique en 1984.

Biles est un phénomène au talent rare, une bête de concours : elle est la première dans l’histoire à avoir remporté trois concours généraux des Championnats du monde de suite, qu’elle a agrémentés de sept autres couronnes planétaires, par équipes et aux agrès.

Simone Biles
Simone Biles© AFP

Il ne lui manque plus que l’or olympique, un métal qu’elle pourrait décrocher dans cinq des six épreuves à son programme : les barres asymétriques lui rappellent souvent qu’elle est, après tout, une simple mortelle, soumise elle aussi à la pesanteur.

Drogue, alcool et adoption

Son enfance ne la prédestinait pourtant pas à un tel destin en or : perdue dans la drogue et l’alcool, sa mère la néglige, elle et ses trois frères et soeurs, et les services sociaux de Columbus (Ohio) doivent intervenir.

Simone, cinq ans, sa soeur Adria, trois ans, et ses deux frères Ronald et Adam sont alors placés dans des familles d’accueil.

La veille de Noël 2002, son grand-père maternel Ron et sa femme Nellie décident d’accueillir les deux soeurs dans leur maison de Spring, près de Houston, puis de les adopter.

Quelques mois après son arrivée dans le Texas, Simone découvre dans un centre aéré la gymnastique, puis rencontre à huit ans Aimée Borman, qui l’entraîne toujours depuis.

Plus encore que son explosivité ou sa grâce qui lui permettent de réaliser des routines d’une rare difficulté, l’atout maître de Biles est son mental.

« Elle a décidé un jour qu’elle serait une grande gymnaste et elle a tout fait pour depuis », expliquait Borman récemment à l’hebdomadaire Time.

Simone Biles
Simone Biles© AFP

Son enfance l’a préparée à faire front. Elle est toujours en contact avec sa mère biologique qui l’appelle pour son anniversaire et les fêtes de fin d’année, mais elle a tourné la page.

Décontraction et joie de vivre

« Quand j’étais plus jeune, je me demandais ce qu’aurait pu être ma vie si rien de tout cela ne s’était passé. Parfois encore, je me demande si (sa mère biologique) regrette et aimerait avoir fait les choses différemment, mais j’évite de me poser ces questions, ce n’est pas à moi d’y répondre », assène-t-elle.

Du haut de ses 145 cm, Biles étonne aussi par sa décontraction en compétition et sa joie de vivre à l’entraînement, au grand dam initialement de Marta Karolyi, l’emblématique directrice de l’équipe des Etats-Unis et épouse de Bela, qui a conduit Comaneci à ses cinq titres olympiques à Montréal en 1976 et Moscou en 1980.

« Elle me disait +Fais-en un petit peu moins+, mais elle a compris que j’avais besoin de cela pour me sentir bien », se souvient Biles.

Le secret de celle qui a complétement éclipsé Gabby Douglas, autre prodige noir-américain de la gymnastique et double championne olympique en 2012 (concours général, par équipes), est peut-être qu’elle a l’impression de vivre un rêve éveillé.

« Quand j’ai gagné mon premier titre en 2013, j’étais sous le choc, je ne m’en pensais pas capable. J’ai commencé à davantage croire en moi en 2014 où je me suis dit : +Peut-être que je suis bonne après tout+ », raconte-t-elle. « Mais de là à participer aux JO, c’est tout simplement hallucinant ! »

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