Bruno Govers

Le Suédois parle de son implication dans le transfert de Max Von Schlebrügge.

P är Zetterberg :  » Une mise au point d’abord : le passage au RSCA de mon compatriote Max Von Schlebrügge n’est pas de mon seul ressort. Il est la résultante d’un travail d’équipe auquel ont participé d’autres membres de la cellule scouting, comme Werner Deraeve ou encore Albert Martens. Max Von Schlebrügge est peut-être Suédois, au même titre que moi et j’ai beau, en tant que scout, avoir la Scandinavie comme terrain d’investigation, ce n’est pas par mon intermédiaire que le nom du joueur a été cité au Parc Astrid. Il existait déjà un dossier au moment où j’ai commencé mes activités au sein de la cellule de recrutement du club. Je n’ai donc fait que reprendre une affaire en cours, puisque le défenseur d’Hammarby faisait partie d’un contingent d’une demi-douzaine d’éléments nordiques pistés par le Sporting. Von Schlebrügge ne constituait toutefois pas une inconnue pour moi. Dans la mesure où il avait déjà été appelé à l’une ou l’autre reprises en sélection, son patronyme présentait déjà des consonances familières. En outre, à mon domicile, à Waterloo, je suis très régulièrement branché sur le football dans la partie septentrionale de l’Europe. Avant de voir le garçon en live à l’£uvre, j’avais déjà pu me rendre compte à quelques reprises de ses capacités lors des rencontres impliquant son club face aux autres représentants de l’élite suédoise.

J’ai assisté de visu à un premier match où il était impliqué à l’automne, pour les besoins d’un derby contre AIK Solna, qu’Hammarby avait remporté 0-2. Plus tard, je l’ai encore suivi lors d’un match à domicile face à un sans grade, qui s’était soldé aussi par un succès sur les mêmes chiffres. Après le championnat traditionnel, Albert Martens avait pris le relais pour les besoins d’un match de la Royal Ligue, la compétition qui regroupe les meilleures équipes suédoises, norvégiennes et danoises et, à nouveau, la défense d’Hammarby n’avait pas été prise à défaut. Conclusion : chaque fois qu’un d’entre nous l’a screené, jamais on n’a vu sa phalange encaisser un but, ce qui est quand même bon signe. A chaque fois, Von Schlebrügge s’est signalé comme le patron de l’arrière-garde : tantôt à côté de l’expérimenté islandais Petur Marteinsson, tantôt au côté d’un jeune Africain « .

 » Plus complet que Tihinen  »

 » Ces dernières années, il semble que bon nombre de joueurs qui l’ont flanqué se sont illustrés ailleurs. A présent aussi, j’ai cru comprendre que trois des composantes habituelles de la défense allaient rebondir sous d’autres cieux. Tout ceci explique sans doute pourquoi Hammarby s’est toujours montré réticent dès l’instant où des clubs se disaient intéressés par les services de Von Schlebrügge. Pour nous aussi, il faut oublier que la barre, au départ, avait été placée très haut. Ce n’est qu’après moult négociations que le prix du joueur était devenu acceptable. Peut-être le FC Porto et Birmingham City n’avaient-ils pas eu la même patience et était-ce la raison pour laquelle l’intéressé était en définitive resté dans son club.

A près de 30 ans, beaucoup se posent assurément la question de savoir si l’intéressé n’a pas juré trop longtemps fidélité à la Suède pour tenter à présent sa chance sous d’autres cieux. Pour le moment, nul ne le sait, bien sûr. Il faudra attendre quelques semaines pour répondre à cette interrogation. Mais une chose est certaine : Von Schlebrügge présente bel et bien le profil que nous recherchions. Ces critères étaient : un footballeur d’expérience, doté de qualités de leader et pouvant tabler sur une bonne relance. Toutes ces données sont incontestablement présentes chez lui, et il convient d’y ajouter un tout bon pied gauche et une vitesse de course appréciable. A mes yeux, mon compatriote est un peu plus complet encore que Hannu Tihinen, avec qui il présente d’ailleurs des similitudes sur le plan physique. Mais avec plus d’expression dans la visage. C’est vraiment le prototype du Scandinave : fort, brave, inspirant le respect. D’aucuns m’ont dit, au pays, qu’il n’était pas à proprement parler un grand causeur. Son prédécesseur finlandais, chez nous, ne l’était pas non plus. Mais ils étaient toujours justes : rechts, gauche , alone. On n’entendait jamais que ces injonctions-là avec lui. Et c’était amplement suffisant. Les longs discours ne servent à rien sur le terrain. Quelques mots pertinents suffisent. Je pense qu’avec le nouveau joueur, on a ce qu’il faut, ni plus ni moins « .

 » Deux internationaux au Parc Astrid  »

 » La réalité du terrain déterminera, évidemment, si la cellule scouting a bien travaillé. A priori, j’estime qu’on s’est bien débrouillé. Il y a un temps, à l’époque où j’étais encore joueur moi-même, le club éprouvait encore toutes les difficultés du monde à recruter des footballeurs présentant une carte de visite des plus enviables. Dans le cas qui nous préoccupe, on a tout de même réussi à faire venir au Parc Astrid deux joueurs internationaux, puisque Marcin Wasilewski est régulièrement repris en formation représentative polonaise lui aussi. Ce n’est pas mal car la concurrence n’est pas du tout négligeable. La chance, pour l’instant, c’est de pouvoir compter sur un régime fiscal clément puisque les nouveaux venus étrangers sont taxés à hauteur de 18 %. Mais je frémis quand même à l’idée que l’Etat belge pourrait reconsidérer sa position. Si rien ne change, je suis persuadé que d’autres Scandinaves pourraient prendre le chemin du RSCA, comme jadis à la grande époque. Dans le cas contraire, je crains qu’on devra s’incliner face à des pays dont le système de taxation est plus avantageux. Ce n’est pas pour rien si des Suédois comme Kim Kallström ou Markus Rosenberg, cités à un moment donné au Sporting, ont préféré opter pour d’autres destinations, le premier en France, à Rennes, puis à Lyon, et l’autre, dans un premier temps à l’Ajax Amsterdam et ensuite au Werder Brême. En Belgique, on avait réussi à infléchir cette tendance, non sans succès. Et si on vire à nouveau de bord, j’ai bien peur pour la suite des événements « .

BRUNO GOVERS