Serwy show

Des zigzags, des crochets et une position qui rappellent Dante Brogno.

Du Zizou chez Jérémy Serwy (19 ans). Bon, n’exagérons quand même pas… Disons… du Dante Brogno. Son effort perso tout en fin de match contre Courtrai valait en tout cas le coup d’oeil. Sur cette action, le jeune Zèbre qui monte fait tout : récupération, percussion, dribbles pied gauche et pied droit, roulette, élimination du gardien et centre 18 carats qui n’est malheureusement pas exploité.

Résumer Jérémy Serwy en quelques mots ? Beau à voir jouer ! Un format rikiki (1m72, 60 kg), dans les normes d’ AndrésIniesta ou de Lionel Messi par exemple. Mais un culot monstre. Depuis le retrait de Brogno, on ne se souvient pas avoir vu un médian droit aussi élégant et menaçant dans l’équipe de Charleroi.

Viré du Standard

Jérémy tape ses premiers ballons en club, à quatre ans, au RTFCL : logique quand on a vu le jour à Rocourt. A huit ans, son équipe se hisse en demi-finale de sa catégorie au Sljivo et perd aux tirs au but contre le Standard. Ce tournoi en salle change tout pour lui : les Rouches l’arrachent au voisin. Il va rester cinq saisons à Sclessin. Un seul joueur qu’il côtoie là-bas deviendra pro : Gianni Bruno, qui est aujourd’hui à Lille. Mais il arrive assez souvent que Serwy joue avec la catégorie supérieure : celle où gambadent Mehdi Carcela et Axel Witsel. Avec le Standard, il accumule pas mal de bons souvenirs pour la vie. Quelques entraînements avec Simon Tahamata, par exemple. Quand on adore dribbler, on ne peut que craquer lors des leçons du petit Hollandais. Au rayon des grands moments, il y a aussi des titres de meilleur joueur lors de plusieurs tournois à l’étranger, deux victoires en finale contre le Sporting Lisbonne dans des rendez-vous de jeunes réputés au Portugal, une finale face au PSG dans un tournoi en France où les plus grands clubs de l’Hexagone étaient inscrits.

Mais son destin bascule en 2004. Pour une  » erreur de jeunesse « , à l’entendre. Il n’est qu’en deuxième année d’humanités mais a déjà les trucs de grands. Il est pété en anglais et trafique son bulletin pour ne pas être privé de dessert ou de PlayStation, sans doute. Le Standard l’apprend et Christophe Dessy, son directeur technique, tranche dans le lard : dehors. Dure sanction pour une bêtise. Une décision qui intervient juste après la toute première sélection nationale de Serwy.

Mathijssen a rarement vu un jeune aussi doué

Cap sur Charleroi pour Jérémy qui comme son père a aussi évolué dans les deux clubs  » ennemis « ). Et changement de rôle sur le terrain. Il a toujours officié comme médian offensif chez les Rouches mais il trouve deux concurrents à ce poste au Sporting. On le fait alors jouer alternativement à gauche et à droite. La saison passée, c’est Tibor Balog qui le sort du noyau des Espoirs, parce qu’il fait un championnat canon, avec une vingtaine de buts marqués. Il passe dans le groupe pro et découvre la D1 lors des play-offs, sur le terrain du Germinal Beerschot. Après une dizaine de minutes, il marque déjà son premier but, qui offre un point aux Zèbres. Au début de cette saison, Jacky Mathijssen le prend à part lors du stage, lui dit tout le bien qu’il pense de lui et confie en aparté que Serwy est peut-être le jeune le plus doué avec lequel il a jamais travaillé.

Benoît Thans, aussi en a pris plein la vue, et se demande pourquoi le gamin n’a pas plus de temps de jeu cette saison.  » Il a souvent joué au Sljivo et il a bluffé pas mal de monde par son culot, ses facilités techniques et sa vitesse d’exécution. Des grands noms de la D1 ont participé au tournoi, il y a eu JonathanLegear, Sven Kums, Witsel et beaucoup d’autres. Serwy fait partie des meilleurs qui sont passés. L’année où il a été élu meilleur joueur de sa catégorie d’âge, il y avait une vingtaine de votants et 16 l’ont désigné : il n’y avait pas photo.  »

Espoir passionné d’immobilier

La semaine dernière, Serwy a franchi une nouvelle étape dans sa progression : Jean-François de Sart l’a appelé pour la première fois en Espoirs, pour un match amical qui devrait être suivi de sélections officielles.  » Je l’avais visionné personnellement, mon adjoint Jean-François Remy était aussi allé le voir, et encore d’autres scouts. Nos avis se rejoignaient : il ose, il a de la vitesse et du foot dans les pieds. Son petit gabarit n’est pas un handicap parce qu’il compense par d’autres atouts. Il faut un peu de tout dans une équipe et l’Espagne prouve suffisamment qu’il ne faut pas mesurer 1m90 et peser 80 kg pour s’imposer. Serwy a profité des circonstances pour venir une première fois en Espoirs : Gand, Anderlecht et le Club Bruges jouaient en Europe League la semaine passée et je ne pouvais donc pas compter sur tous mes joueurs habituels. Maintenant, il fait partie de mon noyau élargi.  »

Et Serwy place ses billes aussi en dehors du terrain. Il n’a pas que le foot en tête : il a entamé des études supérieures en vue d’obtenir un diplôme d’agent immobilier.

PAR PIERRE DANVOYE – photos: belga

Serwy a eu besoin de 11 minutes pour marquer son tout premier but en D1.

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