SERWY BIEN FRAIS

Formé au Standard, passé par Charleroi et Zulte Waregem, Jérémy Serwy a entamé en 2013 un périple qui l’a mené en Allemagne puis en Hongrie. Désormais en Islande, il se raconte.

« Je suis arrivé en Islande en février dernier. Je sortais d’une expérience difficile à Ujpest, en Hongrie. Un autre Belge que je connaissais, Jonathan Hendrickx, jouait déjà pour le FH Hafnarfjördur. Il m’a dit que son club recherchait un joueur offensif et il leur a montré des vidéos de moi. Ils m’ont invité à passer un test qui s’est très bien passé et c’est comme ça que j’ai signé un contrat jusqu’en octobre 2016, à la fin de la saison prochaine.

Je pouvais aussi rejoindre un club chypriote mais les 10 jours passés en Islande m’avaient convaincu : le groupe, l’intensité me plaisaient. Je ne me suis pas trompé. Le championnat est d’un bon niveau. Mon club aurait sa place en D1 belge. Le style de jeu me fait d’ailleurs penser à la Belgique : certaines équipes sont très physiques mais d’autres jouent vraiment au football. J’aurais aimé rencontrer une équipe belge lors des tours préliminaires de l’Europa League pour vraiment pouvoir comparer.  »

CHAMPION D’ISLANDE

 » On vient d’être sacré champion mais ça n’a pas été simple pour autant, on a vraiment dû se donner à fond. D’après ce qu’on m’a dit, le niveau du championnat, qui dure d’avril à octobre, progresse d’année en année, un peu à l’image de l’équipe nationale qui vient de se qualifier pour l’EURO. C’est un exploit pour un pays qui ne compte que 360.000 habitants mais ça s’explique.

L’Islande a énormément investi dans les infrastructures sportives il y a une quinzaine d’années pour lutter contre la drogue et l’alcool qui faisaient des ravages dans la jeunesse. Aujourd’hui, tous les Islandais sont très sportifs et le pays en récolte les fruits. Pas seulement en foot d’ailleurs : les Islandais sont aussi très performants en handball ou en athlétisme.

Je suis généralement aligné comme milieu gauche ou milieu droit. Je n’ai manqué que trois matches cette saison. On joue devant 3-4000 personnes mais les supporters étaient 8000 pour le match du titre. C’est vraiment pas mal au vu de la population.

Financièrement, je gagne mieux ma vie ici qu’à l’époque où je jouais en Belgique, même si les salaires ne sont pas comparables avec ce que gagnent les grands joueurs du top belge. Dans mon club, le joueur le mieux payé touche 11.000 euros par mois « .

3 HEURES DE CLARTÉ EN HIVER

 » J’ai un appartement à deux minutes du stade, dans la montagne. Les paysages sont vraiment magnifiques. En dehors du foot, il y a énormément d’endroits à visiter et on fait souvent des activités entre coéquipiers. Heureusement, parce que ma femme est toujours en Belgique. Elle me rend souvent visite mais c’est vrai que mes proches me manquent : je profite vraiment quand je suis de retour au pays.

Mais bon, j’ai l’habitude maintenant, je suis parti de chez mes parents à l’âge de 14 ans. La météo est parfois compliquée. En hiver, avec le vent, la température ressentie peut descendre jusqu’à -20. En été, les journées durent jusqu’à 21 heures. Il faut en profiter parce qu’en hiver c’est l’inverse avec seulement trois heures de clarté.

Dans ces cas-là, on est obligé de s’entraîner en salle et on attend vraiment le mois de mai avec impatience. Malgré ça, les Islandais ont la joie de vivre, ils sont souriants. Pas comme en Belgique où on râle dès qu’il pleut. La langue est vraiment difficile mais heureusement quasiment tout le monde parle anglais. Moi aussi mais ça n’a pas toujours été le cas.  »

VIRÉ DU STANDARD

 » Quand j’étais au Standard chez les jeunes, j’étais vraiment nul en anglais. C’est d’ailleurs à cause de ça que j’ai été viré du club. J’ai falsifié mon bulletin pour masquer mes échecs en langue et Christophe Dessy, le directeur de l’Académie s’en est rendu compte. J’ai dû trouver un autre club à 14 ans. Malgré le fait que je sois en équipe nationale, ça n’a pas été facile, les noyaux étaient déjà complets mais finalement ma mère a contacté Charleroi qui a accepté de me prendre.

C’est là que j’ai fait mes débuts en D1 en marquant dès mon premier match. Mon père et mon grand frère étaient dans le stade, ça reste un de mes meilleurs souvenirs. J’ai fait une bonne saison chez les Zèbres avec de nombreuses montées au jeu mais on est descendu en D2 et je suis parti à Zulte Waregem. J’ai connu une bonne période là-bas mais ensuite Franky Dury est revenu au club et il ne me faisait pas jouer. J’ai été blessé et je suis parti me remettre en condition en prêt au White Star en D2.  »

 » Mon contrat est arrivé à échéance et Axel Lawarée, mon agent de l’époque, a envoyé une vidéo de moi au Borussia Dortmund II qui cherchait un joueur technique. Après un test, j’ai finalement signé en D3 allemande. C’était très physique et je n’ai pas énormément joué mais je m’entraînais souvent avec l’équipe A. Quel changement par rapport à la D2 belge ! J’ai énormément progressé en travaillant avec Jürgen Klopp, le top mondial. Il est toujours joyeux et il aime bien charrier mais il n’hésite pas à dire les choses en face. Il était très respecté. Marco Reus est le joueur qui m’a le plus impressionné : pied gauche-pied droit, il a l’air lent mais c’est un piège et il est super habile. La classe mondiale !  »

GALÈRE HONGROISE

 » Après un an en Allemagne, j’ai été contacté par Roland Duchâtelet pour rejoindre le Standard. J’étais emballé mais comme je n’avais pas beaucoup joué à Dortmund, l’idée était d’aller d’abord retrouver du rythme dans son club hongrois, à Ujpest. Là-bas, j’ai vite déchanté : la vie en Hongrie est magnifique, mais niveau foot c’est lamentable. Le coach serbe ne voulait pas de moi et j’ai très peu joué. C’est comme ça qu’au bout de six mois je suis parti en Islande.

J’entamerai ma deuxième saison en avril. Je veux confirmer et faire une saison encore meilleure que celle qui vient de se finir. Après, j’espère pouvoir partir pour un autre pays. Ou pourquoi pas revenir en Belgique. Si les possibilités se présentent à moi, j’y réfléchirai tranquillement mais ça ne me déplairait pas, c’est sûr.  »

PAR JULES MONNIER – PHOTO BELGAIMAGE

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire