Un des buteurs les plus dangereux de la planète pour les gardiens se confie.

T hierry Henry a été au centre du transfert business de l’été en passant de l’équipementier Nike à Reebok. Le deal est estimé à 4,5 millions d’euros, mais il y a peu de chances que le choix de ses chaussures à crampons émeuve les supporters des Gunners et de l’équipe de France. Tout ce qu’ils attendent de Titi Henry c’est qu’il continue à marquer des buts à la pelle. Une pression phénoménale, certes, que le Français a toujours su gérer grâce aux conseils de son père.

Quelle importance a eu votre père dans votre carrière ?

Thierry Henry : Gamin, je voulais juste jouer au football et faire plaisir à mon père. Il fut à la base de tout. Il m’a appris à gérer la pression. Parfois, je sortais du terrain très heureux parce que j’avais marqué deux buts et alors je le voyais, fronçant les sourcils, et me rappelant que j’avais raté une occasion ou que j’avais passé la balle alors que j’aurais pu y aller seul. Les gens disent que j’ai l’air très sérieux sur le terrain. Eh bien, c’est ma façon à moi de me concentrer. Je me rappelle que mon plus grand plaisir était de rejoindre mon père dans la voiture en sachant que j’avais fait de mon mieux et de le voir sourire. Son influence m’accompagne toujours, que ce soit en Premier League ou à la Coupe du Monde.

Avez-vous digéré la défaite en finale de la Coupe du Monde ?

Cela a été très difficile mentalement, mais il y a eu plus de points positifs que négatifs. Clairement, nous étions tous déçus. D’un autre côté, cela faisait deux ans que la presse hexagonale nous descendait et le fait d’avoir atteint la finale a remis les choses à plat. Nombreux furent ceux qui m’ont dit que nous méritions de remporter la finale. Mais aller jusqu’au dernier match et le perdre est arrivé aux plus grandes équipes. Au début du tournoi, Raymond Domenech était le seul à penser que nous puissions aller si loin. Maintenant, j’espère que nous pourrons construire sur base de cet acquis.

Donc vous ne pensiez pas atteindre la finale ?

Après le nul blanc contre la Suisse dans le match d’ouverture du groupe, personne ne savait où nous allions. Nous avons ensuite bien joué pendant une heure contre les Coréens du Sud et le match fut serré contre le Togo. Le fait de n’avoir battu les Africains que par 2-0 en s’étant pourtant créé de multiples occasions nous a tous fait réfléchir. Mais nous étions qualifiés et je suis certain que n’importe quel pays participant à la Coupe du Monde aurait été heureux de disposer de quelques-uns de nos joueurs. La victoire contre l’Espagne nous a mis le vent dans les voiles, bien qu’elle ait coûté un gros effort physique et mental. Vous avez même vu Zinedine Zidane et Henry défendre !

Domenech n’a jamais été à l’aise avec les médias. Quelle était votre relation avec lui ?

Il a un job hyper difficile et on se sent très seul. Parfois, je pensais que je n’aurais pas aimé être à sa place, comme la session d’entraînement juste avant la Coupe du Monde où tout le monde criait sur lui. Mais il a toujours parlé en toute confiance de ce que nous pouvions atteindre ensemble le 9 juillet, même s’il y avait un long chemin. Que vous l’aimiez ou pas, ce credo mérite le respect.

Quelle est votre opinion sur l’incident Zidane ?

Lorsque vous jouez en équipe, il arrive des choses que vous ne pouvez pas contrôler et que vous devez accepter. C’était un coéquipier et nous avons partagé sa peine, voilà comment les choses se sont passées. Les gens s’en souviendront longtemps et peut-être associeront-ils le geste à Zizou, ce qui serait dommage. C’est un très bon gars, sur le terrain et en dehors. Pour moi, il restera un des meilleurs joueurs de tous les temps.

Vous êtes à deux goals du record de 41 buts marqués en équipe de France par Michel Platini. Vous y pensez souvent ?

J’en suis conscient mais ça ne m’obsède pas. Platini a atteint son total de goals beaucoup plus rapidement que moi, d’ailleurs. Il faut respecter ça. Si je bats le record établi par l’un des monstres sacrés du football, je le considérerai comme un grand honneur.

Comment voyez-vous votre vie dans 10 ans ?

Je n’en ai aucune idée. Je ne regarde pas aussi loin. L’EURO 2008 pointe à l’horizon et ensuite il y aura la Coupe du Monde 2010. J’aimerais disputer la première Coupe du Monde organisée sur le sol africain mais j’ignore si mes jambes me permettront d’y être de la partie. Cela n’est pas si évident d’être toujours en plein feu à 32 ans, presque 33, particulièrement en tant qu’avant-centre. Mais on verra bien…

KEIR RADNEDGE, ESM

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