© Reuters

Série « A mort l’arbitre » (4/4): Platini-Collina, l’exemple européen

A l’UEFA, l’ex-meilleur joueur du monde et l’ancien meilleur arbitre de la planète ont un plan précis. Voici le quatrième et dernier épisode de notre série sur l’arbitrage.

Avec le légendaire ex-ref italien Pierluigi Collina, Michel Platini, le boss de l’UEFA, n’a pas choisi le premier venu pour mettre en place une nouvelle structure pour l’ensemble de l’arbitrage européen. Même si Platoche a du mal à cacher ses divergences sur certains sujets avec Sepp Blatter, le patron de la FIFA. Un point commun au moins entre les deux hommes: leur fermeté par rapport à l’introduction de la vidéo. « Impossible d’arrêter un match pour revenir à la phase précédente », dit le Français. « En plus, je n’ai toujours pas vu une technologie qui marchait vraiment ».

Collina ne partage pas leur opinion: « C’est délicat de donner mon avis: j’utilise des images de matches; pas seulement pour sanctionner éventuellement les arbitres qui ont commis des erreurs, mais aussi pour pouvoir mieux les conseiller. »

Au niveau du nombre d’arbitres sur le terrain et au ras des lignes, Platini n’est pas sur la même longueur d’onde que Blatter. Vive arbitrage à cinq en Europa League et en Ligue des Champions? « L’International Board nous a donné la permission de faire l’expérience pendant deux ans », dit Platini. « Malheureusement, ça se limite aux matches entre clubs: il n’a pas été possible de faire la même chose dans les qualifications pour le prochain EURO ».

Blatter a toujours dit que l’expérience des cinq arbitres avait été un échec et n’avait satisfait ni les arbitres, ni les joueurs. Réponse de l’ex-numéro 10: « Je ne vais pas passer mon temps à répondre à tout ce que Blatter raconte, je n’en sortirais pas. En plus, il peut changer d’avis à tout moment. Pour moi, l’expérience à cinq arbitres a été très positive. Aujourd’hui, il y a tellement de caméras que la TV voit tout. Avec cinq arbitres, on arrive au même résultat. Un seul arbitre ne peut pas tout voir. Comme la main de Thierry Henry dans le match France-Irlande. Idem pour le but de Frank Lampard contre l’Allemagne en Afrique du Sud. Et lors du match Sampdoria-Brême en préliminaires de la Ligue des Champions cet été, l’arbitre a vu une faute difficile à percevoir dans le rectangle, parce que la présence d’un assistant derrière le but lui avait permis de se positionner à un autre endroit que s’il n’avait pas eu cet aidant supplémentaire… »

« Le plus important est qu’on ait aujourd’hui cinq arbitres dans les grands matches interclubs en Europe, avec le numéro 1 qui est le seul à prendre les décisions finales. Ceux qui sont derrière les buts détectent tout ce qui se passe dans les rectangles. C’est une façon de mettre fin aux bousculades et aux tirages de maillots. J’étais vraiment nerveux au mois de mai lors de la finale de la Ligue des Champions parce qu’il n’y avait que trois arbitres. Par contre, j’étais complètement rassuré le soir de la finale de l’Europa League parce qu’il y avait deux hommes de plus. Maintenant, s’il y a encore des erreurs avec cinq arbitres, plus personne ne pourra avancer d’excuse: ce sera leur faute, celle de personne d’autre. Celui qui est juste derrière un but et ne voit pas que la balle a franchi la ligne… il n’a rien à faire dans le foot européen. Quand on est incapable de voir ce qui se passe sur un terrain, autant arrêter. »

« Je prône donc la tolérance zéro pour les arbitres. Il y a un observateur de l’UEFA à chaque match européen et les images sont ensuite revues. Ceux qui commettront des erreurs seront sanctionnés. »

Collina veut des athlètes

Collina a désigné son premier cheval de bataille: la condition physique des arbitres. « Leur image doit changer. Ils doivent être des athlètes. Deux fois par an, nous réunirons les meilleurs pour leur dispenser des cours. Et ils vont recevoir un programme personnalisé que nous contrôlerons de manière informatique. »

Cette condition idéale n’est pas directement liée à l’âge: Platini et Collina sont bien d’accord là-dessus. « En passant à un arbitrage à cinq, il nous faut de plus en plus d’arbitres et ils doivent surtout avoir de l’expérience », dit l’Italien. « Dans les gros matches, on ne peut pas se permettre de placer un débutant derrière le but. »

Le Français ajoute que « l’âge d’un arbitre ne joue aucun rôle à mes yeux. Je veux des hommes qui voient bien ce qui se passe sur la pelouse. Moi, à 55 ans, je peux encore distinguer parfaitement une intervention fautive d’une action qui ne l’est pas. Et nous n’avons pas besoin d’athlètes exceptionnels derrière les goals, d’autant que le nouveau règlement ne les autorise plus à courir sur le terrain. Ils n’ont plus l’autorisation de franchir la ligne que pour mieux voir ce qui se passe sur des actions de jeu bien précises. »

Déjà parus:
Série « A mort l’arbitre! » (1/4): « Que les coaches s’occupent de leur équipe! »
Série « A mort l’arbitre! » (2/4): « On ne peut pas se plaindre en Belgique »
Série « A mort l’arbitre! » (3/4): « Une seule solution: toucher au portefeuille des joueurs »

François Colin

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire