Secrets en salle

Trois fois par semaine, le rallyeman se fait souffrir à domicile pour pouvoir supporter ses courses folles.

Le pilotage est un don, une affaire de doigté, de réflexes. Un jeu pour grands garçons ? François Duval aime faire le pitre, entre deux spéciales, mais il a appris à entretenir son corps pour grappiller quelques pourcents et, surtout, limiter les dégâts auxquels les chocs des rallyes le soumettent.

Agé de 26 ans, il a suivi les traces de son père, lui-même coureur de rallye pendant trente ans. A l’âge de quatre ans, il s’adonnait au karting et, surtout, au quad, dans les immenses forêts qui entourent Cul-des-Sarts, à quelques centaines de mètres de la frontière française. A 18 ans, son permis de conduire en poche, il s’est lancé dans le rallye. Cette année, il roule en Skoda.  » Ce ne sont que des chocs. Nous sommes assis très bas dans le cockpit. La colonne vertébrale encaisse le moindre nid-de-poule, la moindre pierre. Trous, freinages, démarrages sont synonymes de chocs. La nuque trinque particulièrement. Elle supporte le poids du casque, environ un kilo et demi, et elle ne bénéficie pas du même corset naturel que la cage thoracique « . Or, un rallye dure trois jours au moins, trois jours sans répit pour la colonne, même si ostéopathes et kinésithérapeutes sont à la disposition permanente des pilotes. Souvent, avec les essais, les reconnaissances des spéciales et la compétition, un rallye sollicite son corps pendant dix jours.

 » Si je dois rouler en Australie, par exemple, je pars trois ou quatre jours à l’avance pour digérer les effets du décalage horaire. Je me mets à l’heure locale à peine monté dans l’avion. S’il le faut, je prends un somnifère léger pour être sûr de bien dormir « .

Natation/jogging/vélo et quad

La maison de François Duval est une ancienne discothèque aménagée. Il y dispose d’une piscine et d’un sauna !  » Il faut une bonne condition de base. La natation est évidemment idéale pour la musculature du dos et l’endurance. Et lorsqu’il fait beau, j’aime courir dans les bois. Il m’arrive aussi d’enfourcher mon vélo. L’endurance est un facteur important. Nous ne sommes pas soumis à des efforts brutaux mais à une répétition de mouvements. « .

Au terme de sa journée de travail, dans le garage familial, il est parfois difficile de trouver l’énergie et la motivation nécessaires pour s’entraîner. Véritable pile électrique, François Duval ne cesse de courir dans son établissement. La porte refermée, il privilégie donc le plaisir :  » Le week-end, quand je n’ai pas de rallye, je roule trois ou quatre heures en quad. Je réalise d’énormes glissages, des contre braquets. J’exerce ma technique, je me fais plaisir tout en travaillant les muscles des bras et du dos dans des conditions de course. C’est excellent pour la concentration « .

Son programme musculation/endurance

A l’étage de sa demeure, on retrouve une salle de musculation dotée d’appareils dernier cri, d’une chaîne hi-fi et d’une télévision, qu’il peut regarder en effectuant ses exercices :  » Avant, je m’entraînais en salle avec quelques copains, des pilotes eux aussi, mais trouver un rendez-vous qui arrange tout le monde n’est pas évident. Dommage, c’était marrant…  »

Trois fois par semaine, François Duval s’adonne à une séance de deux heures, qui combine toujours force et endurance. La plupart du temps, il s’entraîne avec un pulsomètre :  » Ma fréquence cardiaque monte à 150-160 pulsations par minute. Je reste toutefois en aérobie car je sais parler. Dans une spéciale, mon c£ur bat beaucoup plus vite « .

ÉCHAUFFEMENT

Le seul vainqueur belge du rallye d’Australie alterne donc endurance et exercices de musculation. Une demi-heure de jogging sur tapis roulant le met en train.

TRACTIONS I

Il s’installe alors à un appareil de musculation polyvalent pour six séries de trente répétitions, entrecoupées d’une séance de vélo d’une demi-heure.

Assis, le dos bien droit, les abdominaux serrés, il tire vers le bas une barre de quinze kilos, en écartant les coudes et en gardant, autant que possible, les poignets dans l’axe des avant-bras. Il effectue deux variantes, l’une après l’autre, sans temps mort. D’abord, il tire la barre juste devant son visage, à hauteur du menton. Il sollicite les biceps et les dorsaux. Les triceps, les muscles antagonistes des biceps, sont un peu sollicités lors du retour vers le haut, plus lent que le mouvement vers le bas.

TRACTIONS II

Ensuite, il tire la barre juste derrière sa nuque. Là, il travaille toujours les biceps et les dorsaux mais aussi le trapèze et les épaules. La charge, 15 kilos, est légère. L’intérêt de l’exercice réside dans sa répétition.

RAMEUR

Le rameur est un exercice redouté des amateurs de fitness. La plupart se contentent d’une dizaine de minutes. François Duval rigole :  » C’est une question de dosage ! J’ai trouvé mon rythme. Je tiens une demi-heure. Le rameur est vraiment idéal. Il fait travailler tout le corps en endurance et en force. Les jambes doivent pousser le corps vers l’arrière puis les bras prennent le relais en tirant en arrière la barre. A ce moment, tous les muscles du bras et du dos, de la nuque au bassin, travaillent « . En conservant le dos droit et les abdominaux rentrés, le pilote renforce aussi la stabilité de son tronc, qui souffre tant en rallye.

STRETCHING

Enfin, aucune séance ne devrait s’achever sans stretching. Debout, bien droit, François Duval place la main droite sur sa tempe gauche et étire lentement, sans à-coups, les muscles latéraux, en tenant une vingtaine de secondes. Il effectue l’exercice de l’autre côté puis, les deux mains sur le crâne, il pousse la tête vers l’avant pour étirer la nuque.

par pascale piérard – photos reporters/mossiat

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