SAUCE MUSLIN

Le coach du Standard cherche mais n’a pas encore trouvé. La faute à qui ?  » Manque de talent dans le groupe « , entend-on dans les couloirs.

Si tes résultats ne sont pas à la hauteur de tes espérances, dis-toi que le grand chêne aussi, un jour, a été un gland. Cette affiche est placardée dans une salle du Canonnier où Cedo Janevski et Slavo Muslin viennent debriefer le pauvre match nul entre Mouscron et le Standard. Non, les joueurs et entraîneurs de ces équipes ne sont pas des glands. Mais Hurlus et Rouches ne sont pas (encore ?), non plus, des grands chênes de notre foot.

Le Standard compte sept points après quatre matches de championnat, il y a pire. Mais il n’a affronté que Courtrai, Zulte Waregem, Waasland Beveren et Mouscron. En voyant le niveau de ses adversaires, d’un coup, le bilan devient médiocre. Et puis, il y a cette incessante recherche de Slavo Muslin pour trouver la bonne compo et le bon système. Le Serbe cherche, teste, mais n’a pas encore trouvé. La faute à qui ?

Un collaborateur du club donne un avis tranché :  » Qu’on arrête un peu de débattre sur la tactique, qu’on arrête de se demander si le Standard doit jouer en 4-3-3, en 4-4-2 ou autrement. Le problème n’est pas là. Le problème, il se résume par trois mots : manque de talent. Qui est parti cet été ? Qui est venu ? La réponse est là. Tout le compartiment offensif a été décapité et les joueurs qui sont arrivés n’ont pas encore prouvé qu’ils avaient autant de qualités.  »

Les chiffres bruts résument effectivement la situation. Geoffrey Mujangi-Bia la saison dernière, toutes compétitions confondues, c’était 14 buts et 7 assists. Mehdi Carcela, 3 buts et 2 assists. Igor de Camargo, 11 buts et 3 assists. Imoh Ezekiel, 6 buts et 3 assists. Total pour le quatuor : 34 goals. Quatre joueurs décisifs qui ne sont plus là.

UN COACH FAVORABLE AU 4-3-3

Retour à la période de préparation. Serein et souriant dans un salon de l’Académie, Muslin nous explique sa vision de l’équipe et du jeu qu’il entend pratiquer.  » Le 4-3-3 est le système que je préfère mais il ne faut pas non plus être têtu.  » A ce moment-là, il a déjà visionné tous les matches du Standard dans les play-offs et il en notamment retenu ceci :  » Igor de Camargo et Imoh Ezekiel permettaient au Standard de jouer en 4-4-2 parce qu’ils étaient complémentaires.  »

Mais donc, il penche plutôt pour un triangle dans l’entrejeu et des ailiers car il est convaincu (ou il semble l’être) qu’il a le matériel joueurs pour mettre ce système en place. Malgré les départs.  » Pour remplacer Mehdi Carcela, j’ai Anthony Knockaert, j’ai Jonathan Legear qui est irréprochable depuis mon arrivée. Ou peut-être que ça va permettre à un jeune de se révéler. Par exemple Beni Badibanga. Il a des qualités extraordinaires, il doit seulement comprendre qu’il faut aussi travailler, que le talent ne suffit jamais.  »

On évoque aussi le cas Mujangi-Bia, qui est alors le buteur attitré des matches de préparation mais qui continue à dire qu’il veut quitter le Standard.  » J’en ai parlé plusieurs fois avec lui. Tous les joueurs ont un jour envie de découvrir autre chose. C’est normal. Il m’a dit que s’il ne partait pas maintenant, ce serait pour un peu plus tard et que ça ne lui poserait pas de problème. Il m’a juré qu’il était concerné à 100 % par le Standard aussi longtemps qu’il serait ici. Et je vois à l’entraînement qu’il est concerné à fond.  »

LES CAS SANTINI ET MUJANGI-BIA

Mais entre-temps, il y a tellement de choses qui ont changé. Des choses qui expliquent en partie le départ poussif des Rouches. Slavo Muslin nous disait aussi, début juillet, qu’il avait un  » Ivan Santini capable de jouer tout seul devant en 4-3-3, grâce à sa taille et son jeu de tête.  »

Il faut aujourd’hui se rendre à l’évidence. Le Croate n’en touche pas une depuis qu’il est arrivé de Courtrai. Il ne marque pas, et surtout, il semble complètement perdu quand il est seul devant. Pour l’alimenter en ballons exploitables, il n’y a pas grand monde. Muslin chipote, il fait des essais pour trouver des solutions sur les flancs, mais ça ne marche pas. S’est-il tiré une balle dans le pied en écartant Mujangi-Bia, un des joueurs les plus doués du noyau, toujours dans la masse salariale du club mais inutilisé ?

 » Il sait que le vestiaire a eu la peau de trois coaches la saison dernière, et donc, il est intervenu radicalement dès que Mujangi-Bia est devenu négatif « , a dit un employé du Standard.  » Il a tranché dans le vif parce qu’il ne voulait pas que la situation dégénère et que les problèmes reviennent.  »

Comment combler le manque sur la pelouse ? Et donc, le Serbe cherche encore. Knockaert est une satisfaction du début de saison. Avec lui et son sens de la défonce, le Standard peut partir à la guerre. Mais ça ne suffit pas.

Parce que Legear a repris ses vieilles habitudes : deux matches prometteurs suivis d’un souci physique. Pas étonnant pour un joueur particulièrement fragile et qui a très peu joué depuis son départ d’Anderlecht.

Parce que Badiganga, comme signalé par Muslin au début des vacances, a encore tout à prouver. Privé de bonnes solutions, il a essayé Faysel Kasmi sur un flanc contre Waasland Beveren. Pas une réussite, le public l’a d’ailleurs sifflé et Muslin a pris l’initiative, après le match, de demander aux supporters de soutenir le joueur,  » obligé de jouer à une place qui n’est pas la sienne parce que je n’ai pas d’autres solutions pour le moment.  »

LE GROUPE RÉCLAME UN DUO D’ATTAQUANTS

Clairement, le coach se demande comment il va pouvoir s’en sortir à court terme. Il ne réclame pas publiquement des renforts avant fin août, mais c’est tout comme quand il dit après le match à Mouscron :  » J’essaie de faire pour un mieux avec les joueurs que j’ai à ma disposition, les joueurs aussi essaient de faire le maximum.  »

A l’interview, plusieurs Rouches se mêlent aujourd’hui au débat tactique. La prise de conscience la plus spectaculaire est celle de Julien De Sart, comme si le non-match à Mouscron lui avait ouvert les yeux. Il disait à la radio, avant la rencontre :  » Le système mis en place rend les joueurs de plus en plus heureux, on est bien.  »

Il affirmait à la télé, samedi soir :  » Je dois jouer assez haut dans l’entrejeu, je n’ai pas été formé là, j’essaie de respecter les consignes du coach mais ce n’est pas facile.  » Entendu chez Knockaert :  » Dans le 4-3-3 que nous avons joué pendant une heure, on s’est fait rentrer dedans et Santini était complètement isolé devant. Ça doit être dur pour lui. On a été bien plus dangereux en 4-4-2, quand Mohamed Yattara a joué près de lui.  »

AdrienTrebel :  » Etre seul devant, c’est dur pour un attaquant.  » Et puis, il y a le discours encore plus cash de Laurent Ciman, visiteur d’un soir :  » Si on prend les derniers entraîneurs du Standard, il y en a un qui a voulu imposer le 4-3-3. C’était Ron Jans et ça n’avait pas fonctionné.  »

Slavo Muslin fuit le débat de la disposition tactique. Toujours avec le sourire, il a dit après le match :  » Parler de systèmes, c’est un peu le péché mignon des médias. C’est clair qu’on s’est créé plus d’occasions pendant notre demi-heure en 4-4-2. Mais c’est en jouant en 4-3-3 qu’on a marqué notre but.  » Bien dit.

Reste que le spectacle proposé au Canonnier ne fait pas du Standard une grosse pointure du championnat. Ciman :  » Ce n’est vraiment pas terrible.  » De Sart :  » C’était triste.  » Knockaert :  » On n’est tout simplement jamais entrés dans le match.  » Trebel :  » On n’a rien montré.  » Tout ça aussi, c’est bien résumé.

PAR PIERRE DANVOYE – PHOTO BELGAIMAGE

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