Satisfaction

L’attaquant carolo est bien reparti après s’être remis en question sur le banc.

Il y a quatre mois, l’attaque de Charleroi faisait peine à voir. Si le Sporting parvenait à rester dans les roues des leaders, il le devait en grande partie à l’animation offensive de l’équipe et surtout à la percussion de la ligne médiane qui arrivait souvent à débloquer une situation mal engagée. La donne a aujourd’hui changé. Les avants carolos répondent de nouveau présent. Sur les 18 buts inscrits au deuxième tour, 15 sont l’apanage des attaquants. Seuls Tim Smolders, Sébastien Chabaud et Fabien Camus ont réussi à s’immiscer dans la liste des buteurs carolos aux côtés des avants. Depuis le 9 mars, tous les buts sont à mettre à l’actif des attaquants et il faut remonter au 2 février, face au Cercle Bruges (0-0), pour voir une attaque muette. Depuis lors, à chaque match, les buteurs font parler la poudre.

Chaque membre de la ligne d’attaque a réussi à trouver le chemin des filets au moins une fois. Brice Jovial et Orlando en ont inscrit un ; Joseph Akpala deux ;, Izzet Akgül cinq et Jérémy Perbet six .

Des statistiques flatteuses

Le Français est-il pour autant un transfert réussi ? Si on ne tient compte que de ses statistiques, la réponse est positive. Arrivé au mercato de janvier, Perbet a subi la comparaison avec Cyril Théréau qui avait été efficace d’entrée. Non seulement, le futur joueur du Steaua Bucarest marquait mais il pesait énormément sur la défense adverse se montrait opportuniste, efficace et complémentaire avec le reste du groupe. Il permettait à la deuxième ligne de jouer son rôle d’infiltreur.

Perbet ne répond pas au même profil. Pourtant, lui aussi, a d’emblée séduit les observateurs. Dès son deuxième match, il inscrivait deux buts. De plus, cela se passait lors d’une rencontre très médiatisée contre le Standard (2-5). Lors de cette lourde défaite, la réussite de Perbet apparaissait comme un éclair dans la grisaille. L’ancien attaquant de Strasbourg est ensuite rentré dans le rang avant de revenir planter une rose à Roulers (1-3) et deux contre le Germinal Beerschot (3-3), alors qu’il a connu un petit passage sur le banc entre ces deux rencontres. Les chiffres plaident donc en sa faveur. Avec six buts en dix matches comme titulaire, il est le meilleur buteur du club derrière Akgül (6) juste devant Camus.

Dans le deuxième tour, en cinq matches (pas d’affilée car il a été blessé), le Belgo Turc a d’ailleurs inscrit cinq buts souvent décisifs. Que ce soit son penalty dans les derniers instants de la partie contre La Gantoise (1-0) ou l’unique but contre Westerlo (0-1), tous ont rapporté trois points. Meilleur buteur du club et un des éléments les plus efficaces du championnat (six réalisations en 372 minutes), l’attaquant revient de loin, lui que l’on disait peu concentré sur son métier et qui fut miné par une série de blessures.

Une adaptation pas évidente

Avoir trouvé si rapidement le chemin des filets n’a pas aidé Perbet. Son passage à vide après sa prestation contre le Standard n’est pas anodin :  » J’ai connu des débuts difficiles quoi qu’on en pense. Il a fallu que je m’acclimate au championnat belge où il faut être présent physiquement. Quand la condition physique ne répond pas, on ne peut pas évoluer à son meilleur niveau et on risque de passer inaperçu. J’ai marqué dès mon deuxième match et les attentes étaient énormes. Pourtant, je n’avais pas encore terminé mon adaptation. Il fallait que je découvre ce championnat, que je trouve mes repères et que j’apprenne à connaître le jeu de mes adversaires. Il a fallu certainement peaufiner mes automatismes « .

Laurent Macquet est arrivé à Charleroi dans les mêmes circonstances que Perbet lors du mercato hivernal de 2003 :  » Charleroi avait facilement gagné son premier match 0-3 à Malines. Cela avait grandement facilité mon intégration. Certes, par rapport à un attaquant ou un gardien, un médian a le temps de prendre ses marques. Il peut se permettre l’une ou l’autre approximations lors de ses débuts. Un attaquant se doit de marquer car il est attendu au tournant. Sinon, je pense que cela ne pose pas de problème d’arriver à Charleroi en cours de saison. Que ce soit Mogi Bayat, Dante Brogno ou Raymond Mommens, ils ont tous cette faculté de bien accueillir le nouvel arrivant. Quand ils transfèrent, ils sont sûrs de leur décision et mettent tout en £uvre pour placer le nouveau joueur dans les meilleures conditions. Néanmoins, c’est vrai qu’il faut s’habituer au championnat belge, plus physique mais quand on est un bon joueur, on s’adapte partout ! « .

Le repos du guerrier

Après l’échec face au Standard, Perbet évoluait comme une âme en peine, bougeant peu en front d’attaque et attendant parfois des ballons qui n’arrivaient jamais. Il se réveillait à Roulers mais cela ne suffisait pas. Jacky Mathijssen, qui ne disposait que de peu de solutions de rechange, lui maintenait sa confiance mais le retour en forme de la concurrence allait le pousser sur le banc durant deux rencontres. Face à Mons, les remplaçants (centre de Brice Jovial et but de Joseph Akpala) firent la différence, ce qui n’arrangea rien à son statut. Perbet :  » Durant deux week-ends, j’ai pris place sur le banc. Je ne voulais rien lâcher. Je me suis remis en question et j’ai travaillé deux fois plus. Je voyais bien que l’entraîneur donnait sa chance à tout le monde. Je n’étais pas mis à l’écart et je savais que j’aurais encore des occasions de m’exprimer « .

Une nouvelle fois, Mathijssen a fait preuve de psychologie pour remettre en selle ses attaquants :  » Un certain moment, on a émis des doutes sur la qualité pure des avants, mais on a pu revenir grâce à la concurrence saine entre chaque élément. Je dois aussi tirer mon chapeau concernant leur comportement. Jamais, ils n’ont rechigné à reprendre place sur le banc. Pour s’en rendre compte, il suffit de voir leur soif de victoire quand ils sont appelés à monter au jeu. Quand je les place sur le banc durant une ou deux semaines, comme je l’ai fait avec Perbet, le but est de les voir revenir plus forts. Ce qu’ils ont tous fait ! « .

Deux attaquants au même style

Depuis lors, Perbet fait preuve de plus d’allant sur le terrain. Il a appris à travailler davantage. Il n’attend plus seulement le ballon dans la surface de réparation. Surtout quand il aligné aux côtés d’Akgül, lui aussi un homme de rectangle.  » Désormais, je connais la qualité des mes partenaires d’attaque. Eux aussi savent comment j’évolue « , ajoute le Français,  » J’aime recevoir les ballons dans les pieds, alors qu’Akgül apprécie une certaine profondeur. Par contre, comme lui, je sais être présent dans les duels aériens et suis un renard des surfaces. Je sens où le ballon va arriver. Parois, il suffit simplement de mettre le bout du pied ou d’attendre que le ballon retombe sur moi, comme cela s’est produit contre le Standard. Désormais, il m’arrive de plus en plus de ressortir pour qu’on puisse s’appuyer sur moi. J’effectue une remise et le médian peut s’échapper et centrer. Mon rôle est de me trouver à la réception du centre « .

On pourrait croire qu’Akgül et Perbet se marchent sur les pieds. Le déplacement à Westerlo (0-1), où ils étaient alignés de concert, a prouvé le contraire. Les deux hommes permutent sans cesse et les médians les connaissent suffisamment pour ne pas les utiliser de la même façon. Les défenseurs adverses gardent toujours un £il sur Akgül qui, d’une frappe puissante, est toujours capable de faire la différence. Par contre, Perbet sait se faire oublier avant de sortir de sa boîte.

par stéphane vande velde – photo: belga

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