SALES TRAÎTRES !

Que valent ces quatre Buffalos (sans parler de leur coach…) qui ont joué au Canonnier et qui y remettent les pieds ce week-end ?

Depuis trois ans déjà, Georges Leekens est à la barre de La Gantoise. Presqu’un record dans son cas…. Depuis lors, il a fait largement appel à certains joueurs qu’il avait connus à Mouscron. Les anciens Hurlus Christophe Grégoire, Patrice Noukeu, Stephen Laybutt et Marcin Zewlakow sont aujourd’hui de fiers Buffalos, qui réalisent une excellente saison. Ils retrouveront samedi la pelouse du Canonnier… du moins, ceux qui sont physiquement en état de s’aligner.

Le rythme de croisière

Satisfaits de votre premier tour ?

Grégoire : La saison dernière, on n’avait pris que 21 points. Cette saison, on en a pris 31. C’est déjà un sacré bonus. Personnellement, je continue à progresser. J’ai conservé mes qualités de centreur et je m’améliore dans les duels. C’était toujours le reproche que l’on formulait à mon égard. Avec Stephen, j’ai un bon professeur au niveau de l’engagement.

Laybutt : Mais il ne tacle que lorsqu’il est fâché ! (il rit)

Grégoire : Et comme il en faut beaucoup pour me fâcher…

Noukeu : Au début, j’ai éprouvé un peu de difficultés à trouver des points de repères, d’autant que mon rôle n’était pas exactement le même que celui que je remplissais à Mouscron. Mais, en fin de compte, je ne peux pas me plaindre de mon temps de jeu. Même si, ces dernières semaines, j’ai moins participé. On a un noyau très large… et il va encore s’étoffer.

Zewlakow : D’un côté, je suis très heureux de me retrouver dans un club qui occupe la troisième place ; d’un autre, si je pouvais jouer un peu plus, je ne refuserais pas. En Belgique, dans mes clubs précédents, j’avais toujours été titulaire. Mais je dois accepter que, lorsqu’une équipe tourne, il faille privilégier l’intérêt général, même si c’est au détriment d’un intérêt personnel. Je fais donc contre mauvaise fortune, bon c£ur, et je continue à travailler afin d’être prêt le jour où le coach fera appel à moi. A part cela, je me sens très bien à Gand. Au début, j’ai dû un peu prendre la température. Aujourd’hui, mon intégration est parfaite… à l’entraînement. A Mouscron, j’avais trouvé une belle complicité avec Adi Custovic, la saison dernière. C’est un joueur qui, comme moi, travaille beaucoup et se met au service de l’équipe. On se comprenait parfaitement. Certains prétendent qu’à Gand, ma complémentarité n’est pas évidente avec Dominic Foley. Je suis incapable de confirmer ou d’infirmer cette impression, pour la bonne et simple raison que… nous avons trop peu évolué ensemble.

Champion ? On peut rêver !

Qu’est-ce qui a provoqué le déclic après un début de championnat poussif ?

Zewlakow : La première victoire, contre Charleroi, nous a lancés.

Grégoire : Il a fallu le temps que tout se mette en place. Lorsque toutes les pièces du puzzle se sont assemblées, Gand est devenu une équipe très difficile à déstabiliser. En fin 2006, on a réalisé une très belle série : six victoires d’affilée, c’est rare.

Laybutt : C’était uniquement une question d’équilibre et d’automatismes.

Noukeu : Un facteur important fut, aussi, la confiance que l’entraîneur a toujours maintenue dans ses joueurs. Lorsque cela allait moins bien, il a été fort critiqué. On parlait même d’un licenciement. Mais il a gardé le cap, a continué à travailler et à croire en son groupe. Cela a fini par payer.

Gand peut-il être champion ?

Laybutt : Bien sûr. La saison dernière, on était la meilleure équipe du deuxième tour. Si l’on réédite ces performances sur tout un championnat, on a toutes les chances de réussir. Mais ce sera difficile. Les points perdus au début risquent de peser lourd. On n’a quasiment plus le droit à l’erreur.

Grégoire : Bien que je ne garde pas un très bon souvenir de mon passage au Parc Astrid, je crois qu’Anderlecht a les meilleures chances de décrocher les écussons en fin de saison. J’ai l’impression que Genk ne tiendra pas la distance. A Gand, le président Ivan De Witte rêve d’un titre. Mais il faut rester réaliste : on ne possède pas l’effectif du Sporting.

Noukeu : Je crois qu’Anderlecht a effectivement le noyau le plus étoffé, qualitativement et quantitativement. Mais le championnat est très serré. On essaiera d’avoir notre mot à dire dans les débats. Peut-on aller jusqu’au bout ? Il est toujours permis de rêver. Mais pour moi, l’objectif est d’abord de faire mieux que la saison dernière. La Gantoise avait terminé 4e, on sait donc ce qu’il nous reste à faire. Actuellement, on est dans le temps.

Zewlakow : Je crois que la meilleure manière d’avancer est de prendre match par match, sans tirer de plans sur la comète.

Enfin gagner une Coupe !

Et la Coupe de Belgique ?

Noukeu : C’est le chemin le plus court vers l’Europe. L’an passé, j’ai eu la chance de disputer la finale avec Mouscron. La victoire ne m’a pas souri, mais cela reste un bon souvenir. J’espère que, la prochaine fois, je pourrai soulever la Coupe. C’est un trophée que tout joueur rêve d’accrocher à son palmarès.

Grégoire : J’ai participé à la première finale de Mouscron, en 2002. Elle avait provoqué un formidable engouement dans la Cité des Hurlus et cela reste, pour moi aussi, un bon souvenir. Mais rien ne peut égaler une victoire : rejouer une finale, pour la perdre à nouveau, cela ne m’intéresse pas.

Zewlakow : Personnellement, j’ai participé aux deux finales perdues de Mouscron : en 2002 et en 2006. C’est sûr que j’aimerais, moi aussi, remporter le trophée. Mais le chemin est encore long. On n’en est encore qu’aux quarts de finale, je me refuse d’envisager déjà le stade ultime.

Laybutt : D’autant que les cinq grands sont encore présents. Il faudra être fort pour émerger.

Georges Leekens est-il le même entraîneur que vous aviez connu à Mouscron ?

Laybutt : Je le pense, oui. C’est un homme qui travaille dur, qui exige une discipline de tous les instants lorsqu’on monte sur le terrain, mais qui comprend aussi qu’il y a des moments où l’on peut desserrer la bride et rire un bon coup.

Grégoire : Je trouve tout de même qu’il s’est calmé. Lors de mes débuts à Mouscron, il s’énervait facilement.

Noukeu : Personnellement, je ne l’ai pas connu à Mouscron : je suis arrivé lorsqu’il est parti. Mais il fut à l’origine de ma venue à Gand. C’est un homme très rigoureux, qui cultive le goût de la victoire. Ne jamais se satisfaire de ses prestations, c’est une chose que je suis en train d’apprendre sous sa direction.

Zewlakow : J’ai pour principe de ne jamais parler d’un entraîneur. C’est peut-être mon éducation polonaise qui veut cela : depuis tout jeune, on m’a enseigné que dans un club, il y avait une hiérarchie. L’entraîneur est là pour prendre des décisions et le joueur doit s’y plier…. Cela dit, la présence de Leekens m’a influencé dans mon choix, au moment d’opter pour Gand. Mais pas uniquement. Pour moi, Gand représentait un club qui fait partie du Top 5 en Belgique. Sportivement, c’était donc une promotion.

Mouscron n’est pas oublié

Continuez-vous à suivre Mouscron ?

Grégoire : Je suis allé voir l’un ou l’autre match. Cela m’a fait drôle, à chaque fois, de me retrouver dans un stade à moitié vide. Je n’avais pas été habitué à cela. Le club a moins de moyens, l’équipe a été modifiée et les résultats s’en sont ressentis. Cette saison, l’Excel avait très bien commencé. La fin du premier tour a été plus difficile. J’espère que les Hurlus retrouveront bientôt le chemin de la victoire… après samedi.

Noukeu : Je n’oublierai jamais Mouscron. C’est l’équipe qui m’a offert une chance en D1, et avec l’ambiance familiale qui régnait là-bas, je me suis senti comme un poisson dans l’eau. J’espère, moi aussi, que les Hurlus se sauveront rapidement. Ils en ont les moyens.

Laybutt : Je garde un très bon souvenir de mon passage à Mouscron. On avait une bonne équipe, cette saison-là. Mais la plupart des joueurs ont changé et je ne connais quasiment plus personne.

Zewlakow : J’essaie de tourner le bouton dans ma tête et de ne plus trop penser à Mouscron, mais ce n’est pas facile. Lors du match aller, cela m’a fait bizarre de me retrouver dans l’autre camp. Samedi, en raison de ma blessure au mollet, je ne jouerai probablement pas, mais le retour ne me laissera pas indifférent. J’ai passé six années dans la cité des Hurlus et cela ne s’efface pas d’un coup de crayon magique. D’autant que j’habite toujours dans la région. Mon épouse y compte beaucoup d’amies et mes enfants y vont à l’école. L’Excelsior est une équipe capable de battre n’importe quel adversaire, mais qui manque de constance. A la fin du premier tour, il avait contraint Genk au partage, mais, deux semaines plus tard, il n’obtenait qu’un nul face au Lierse…

Et l’équipe nationale ?

Un mot sur votre équipe nationale respective ?

Grégoire : Je n’ai jamais été international, et le plus important à mes yeux est de réaliser de bonnes prestations avec Gand. Les Diables Rouges devraient abandonner leurs complexes d’infériorité et aborder chaque adversaire avec beaucoup plus de détermination. J’ai l’impression qu’ils partent chaque fois battus d’avance. Visiblement, il y a un problème dans leur tête.

Zewlakow : La Pologne, qui s’est récemment imposée au stade Roi Baudouin, se porte mieux. Elle a déjà participé à plusieurs Coupes du Monde, mais a toujours été absente de l’Euro. C’est peut-être le moment de réaliser une première. La venue de Leo Beenhakker fut très positive. Je ne peux juger que de l’extérieur, puisqu’au contraire de mon frère Michal, je n’ai pas encore été appelé lors de cette campagne, mais j’ai l’impression que l’entraîneur néerlandais a changé le mental de l’équipe. Les joueurs ont davantage confiance en eux. Il a remis tout le monde sur un pied d’égalité, n’a pas tenu compte des réputations et n’a pas hésité à appeler certains joueurs sans expérience internationale, s’il estimait qu’ils avaient les capacités. Cela a cassé la routine. Il a titularisé cinq joueurs qui évoluaient dans le championnat de Pologne, et cela a aussi eu une influence bénéfique sur la compétition domestique, à laquelle on s’est davantage intéressé. Malgré cela, il a aussi trouvé les mots justes vis-à-vis des anciens. Il y a désormais une bonne osmose. De là à dire qu’un entraîneur étranger serait bénéfique pour la Belgique ?

Noukeu : Le Cameroun n’a pas participé à la dernière Coupe du Monde. C’était une déception. J’ai déjà été appelé, mais pas régulièrement. Pour autant, je n’ai pas abandonné tout espoir.

Laybutt : L’Australie, elle, était bien présente en Allemagne. J’aurais aimé y être. Hélas…

DANIEL DEVOS

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