Ronaldo plus créatif que Messi !

J’ignore le résultat en ce moment où je vous scribouille. Mais si Lionel Messi, hier soir, est encore parvenu à éblouir le monde pour aider le Barça à passer l’obstacle d’Arsenal, ce que j’ose ici prétendre via mon titre pourra vous sembler d’autant plus farfelu. Qu’importe, vivons dangereusement, le football sans prise de risque n’est pas du ballon rond !

J’ai tâché de comparer les styles, bien différents, des deux buteurs/bijoux du foot contemporain. Et je me suis pris à penser que Cristiano Ronaldo, plus que Messi, était un inventeur, un créatif, un chercheur de gestes nouveaux. L’Argentin nous éblouit parce qu’il réussit à répétition, et à la perfection, ses chevauchées fantastiques : la Pulga s’enfonce balle au pied à 60m des buts, pleine vitesse dans forêt de jambes ; elle résiste à tout ce qui lui bourre dedans, sans jamais cesser de voir ses potes doués, sur lesquels elle sait prendre appui dans un mouchoir de schtroumpf ; et neuf fois sur dix, la Puce termine sans déchets, par une passe qui aboutit ou un ballon qui file au but. Exceptionnel.

Ce qui surprend et séduit chez Messi, c’est cette insolente facilité pour réussir une séquence à laquelle nous nous attendons pourtant chaque fois… et les défenseurs encore plus que nous ! Riez si vous voulez, mais vous savez à quoi me fait parfois penser le p’tit Lio quand il décide de s’infiltrer ? Au côté lapin mécanique, surnom dont nous affublions jadis Danny Boffin ! Mais un lapin évidemment plus fluide dans sa gestuelle, un lapin truffé de piles Duracell, un lapin à studs tout à fait parfait !

Tandis que Messi épate en réussissant SON truc, Ronaldo essaie DES trucs. Certes, le Madrilène possède sa feinte favorite, impossible de ne pas le diagnostiquer addict aux passements de jambes : passements d’un genre que ne tient d’ailleurs guère à pratiquer le Barcelonais ! Et tandis que celui-ci récite à la perfection son foot classique, CR7 invente… en se plantant parfois ! Mais si Cristiano perd davantage de ballons, il ne faut pas le réduire à un individualiste obtus, il y a surtout chez Ronaldo un désir viscéral d’innover. Une aspiration à la provocation gestuelle qui lui fait créer, aux moments les plus inattendus, une louche, une talonnade, un heading peu courant, un pont petit ou grand, un flip-flap… et même un dribble du dos comme il le fit voici un mois face à la Real Societad : allez ré-admirer sur le Net, paraît que ça s’appelle une espaldinha !

Ils éblouissent différemment : Messi est un surdoué miraculeusement appliqué ; Ronaldo succombe plus que lui à l’ Art pour l’Art, quitte à paumer des ballons. Si l’Artiste est un être plus fou que l’homme normal, Ronaldo est l’Artiste ; mais si l’Art est une perfection dans l’exécution, c’est Messi qui pique le label ! A contrario, quand Ronaldo est mauvais, il crève l’écran négativement, tant ses pertes de balle finissent par nous pomper ; alors que quand Messi est mauvais et ça arrive parfois, il n’est qu’invisible. Reste la question du plus efficace des deux dans l’absolu, eux qui scorent quasi kif-kif en Liga : meilleurs buteurs de leur équipe respective, sans y être d’ailleurs celui qui reste le plus en pointe ! Réponse difficile, tant les entourages diffèrent. Nos deux stars butent itou, mais Messi plante ainsi un tiers des buts de son équipe, et Ronaldo presque une moitié : le Barça affole-t-il davantage les marquoirs parce que Messi fait mieux jouer ses potes,… ou parce que David Villa et Pedro sont buteurs plus fortiches qu’ Angel Di Maria et Karim Benzema ? Joli débat de buvette.

Indépendamment de leur style, l’attitude des deux zigs à côté du jeu accentue le contraste. Ronaldo est un hâbleur aimant aussi la provoc verbale, y’a pas plus réservé que Messi. Messi a une dégaine de gavroche, Ronaldo se paie un look de metrosexuel. Est-ce lié à leur football ? Pourrait-on imaginer Messi jouant comme Messi… mais avec la grande gueule, les abdos/tablette de chocolat, les cheveux brillants de gel ou le bronzage de l’autre ? Et vice-versa, imaginer Ronaldo jouer comme Ronaldo… en toute humilité discrète ? Joli débat bis.

PAR BERNARD JEUNEJEAN

L’attitude des deux zigs à côté du jeu accentue le contraste.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire