RÉUNION D’ANCIENS

Dimanche, le FC Liège accueille Beerschot-Wilrijk. Un duel de D3 entre clubs qui ont gardé la nostalgie de la D1. Que reste-t-il du tout premier champion de Belgique ?

On fait la file de la sortie  » Alleur  » à la rue de la Tonne, où le FC Liège a élu domicile depuis le début de la saison. Le matricule 4, premier champion de Belgique de l’histoire, évolue désormais en D3. L’an dernier, il a été champion en Promotion avec 13 points d’avance.

Gentiment prié de quitter Seraing, où il avait trouvé refuge depuis des années, il a demandé au ministre des Sports l’autorisation de pouvoir jouer sur le terrain (synthétique) des jeunes jusqu’à ce que son nouveau stade soit construit, au même endroit, sur le site de l’ancienne caserne d’Ans.

Ce sera, en principe, pour la saison 2017-1018 mais Robert Waseige, ex-entraîneur à succès du club et des Diables Rouges, qui assiste aux rencontres dans la tribune d’honneur située au-dessus du bloc vestiaires, pense que la construction prendra du stade car le site héberge également des réfugiés syriens et afghans.  » On ne peut quand même pas les mettre dehors. On attendra donc qu’ils puissent être accueillis ailleurs.  »

Pour le club, qui avait quitté Rocourt en 1995, le retour sur les hauteurs de Liège a une grande valeur symbolique. Les nouvelles installations se situent à un bon kilomètre de l’ancien stade-vélodrome. Le chemin qui y mène passe à travers les champs et il y a de la place pour d’éventuelles extensions. On ne sait jamais mais ce n’est pas encore pour demain.

Dans l’urgence, des tribunes provisoires ont été aménagées autour d’un des deux terrains prévus pour les jeunes. Elles peuvent accueillir 2.250 personnes et le club les a payées sur fonds propres, sans emprunt. Cet argent n’a dès lors pas pu être investi dans l’équipe et cela se ressent aux résultats.

Les spectateurs sont nombreux : la moyenne est de 1.500 supporters, dont beaucoup ont plus de quarante ans. Tous rêvent d’une participation au tour final qui permettra d’accéder à la nouvelle D1 amateur mais ce sera très compliqué.

RETOUR À LIÈGE

Alain Bettagno, ex-joueur de Seraing, du Club Bruges et du Standard, qui a terminé sa carrière de joueur à Liège en 2001, a été limogé naguère de son poste d’entraîneur et remplacé par Alex Czerniatynski. De Charleroi à l’Antwerp en passant par Anderlecht et le Standard, Czernia a une carrière extraordinaire derrière lui. Il a été international à 31 reprises. Mais jusqu’ici, son arrivée au FC Liège n’a rien changé aux résultats.

Les adjoints sont aussi des anciens de la maison : Bernard Wégria est le recordman du nombre de matches joués avec Liège (491), où il a fait presque toute sa carrière. Il a notamment joué le dernier match européen.

Son père, Victor, y avait joué et été entraîneur. Pierre Drouguet, l’ancien gardien, a également participé à l’aventure européenne en 1985-86 avant de s’engager à Malines.

Le directeur technique aussi a été formé à Liège : Gaëtan Englebert n’a cependant joué en équipe première que lorsque le club était déjà parti à Tilleur. Il a été le beau-frère du président actuel, Jean-Paul Lacomble, un avocat liégeois qui a repris le club en 2011 avec l’industriel liégeois Léon Van Rymenam et Georges-Henry Bodson.

A l’époque, la dette du FC Liège était de 400.000 euros. Elle a été apurée, en partie avec l’aide des supporters. Aujourd’hui, le club n’est pas riche mais il est sain.

De nombreux anciens joueurs assistent aussi régulièrement aux matches à domicile : Benoît Thans, Cvijan Milosevic, Bernard Habrant, Jean-François de Sart et Moreno Giusto ont déjà donné le coup d’envoi.

Ce qui frappe, c’est la vitesse avec laquelle le FC Liège est passé de la cave au paradis avant de découvrir l’enfer. Lorsqu’André Marchandise, qui avait fait fortune avec les magasins Trafic,est devenu, à 37 ans, le président le plus jeune de D1, Liège était un club qui luttait chaque année pour son maintien.

En peu de temps, sous la direction de Robert Waseige, il se hissait parmi les ténors du championnat, remporta la Coupe de Belgique et connut de folles soirées européennes contre Hibernian, la Juventus, Benfica et le Rapid Vienne.

CLUB-ASCENSEUR

Liège se hissait à deux reprises en quart de finale de Coupe d’Europe mais moins de dix ans plus tard, Marchandise, en proie à des problèmes financiers et privés, décidait de vendre le stade au Kinepolis, refermant brutalement la porte sur une histoire riche en tradition.

L’argent de la vente ne rentrait cependant pas dans les caisses du club car, lorsqu’il était devenu président, Marchandise avait bien pris soin de créer deux sociétés différentes : une société  » stade  » qui avait de la valeur et une société  » club  » dont les seuls actifs étaient le matricule et les joueurs. Mais après l’arrêt Bosman, ces joueurs ne valaient plus grand-chose.

Pour le matricule 4 (seul véritable attache des supporters avec les couleurs rouge et bleu), c’était le début d’un long exode. Il y eut d’abord la fusion avec Tilleur. Contestée par les propres supporters de Liège, celle-ci ne fut pas acceptée et le matricule 4, déjà descendant sportivement, fut rétrogradé d’une division. L’histoire de Tilleur-Liège commençait en D3. Très vite, il remontait en D2 mais des disputes internes et un déménagement forcé à Seraing (le stade de Tilleur, où le club avait trouvé refuge, n’était pas conforme), provoquaient une faillite qui ramenait Liège en Promotion.

En trois ans, le club retrouvait la D2 mais le stade promis par l’ex-ministre des Sports Michel Daerden ne voyait jamais le jour, notamment en raison de problèmes relationnels avec la direction de l’époque, considérée comme pas suffisamment fiable financièrement. Confronté à de nouveaux problèmes financiers, Liège retournait à la case départ, en Promotion.

C’est là qu’intervenaient Jean-Paul Lacomble et ses associés dans une nouvelle société anonyme dont le but est de retrouver le plus rapidement l’antichambre de l’élite. Avec moins de supporters que Beerschot-Wilrijk, qu’il accueille ce dimanche, mais un attachement identique aux racines.

PAR GEERT FOUTRÉ – PHOTO BELGAIMAGE

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