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Rapport McLaren : « Plus de 1.000 athlètes russes » impliqués

« Plus de 1000 athlètes russes de compétitions d’été, d’hiver ou de sports paralympiques ont pu être identifiés comme étant impliqués dans ou ayant bénéficié de manipulations visant à dissimuler des tests antidopage aux résultats positifs ».

C’est une des affirmations qui ressort vendredi de la publication du rapport final de Richard McLaren, mandaté par l’Agence mondiale antidopage (AMA) pour enquêter sur les soupçons de système de dopage d’Etat en Russie, plus particulièrement en rapport avec les JO d’hiver de Sotchi.

Son premier rapport, publié le 18 juillet, avait déjà secoué le monde du sport. Sa deuxième publication, très attendue, confirme dans les grandes lignes les découvertes de la première, qui avait fait suite aux révélations de l’ancien patron du laboratoire antidopage de Moscou. Si les JO de Sotchi étaient initialement dans le viseur, il est rapidement apparu que le « système de dopage d’Etat » au bénéfice des athlètes russes était bien plus large, couvrant, selon Richard McLaren, les années 2011 à 2015.

Le Canadien répète dans son rapport dévoilé vendredi que « les athlètes, de sports d’hiver et d’été, n’agissaient pas individuellement mais au sein d’une infrastructure organisée ». Il est bien question d’opérations « systématiques et centralisées », incluant notamment des manipulations des contrôles antidopage. Le système a d’ailleurs été amélioré au fil du temps, indique le juriste, évoluant vers davantage de finesse pour « les Jeux de Londres en 2012, les Universiades 2013, les championnats du monde d’athlétisme de Moscou 2013, et les JO d’hiver de Sotchi en 2014 ».

Les « échanges d’échantillons d’urine dont ce deuxième rapport confirme qu’ils ont eu lieu à Sotchi, n’ont pas cessé à la fin des JO d’hiver », indique-t-il. « Cette technique d’échanges d’échantillons est devenue une pratique commune, utilisée chaque mois au laboratoire de Moscou quand il s’agissait des élites, des sports d’hiver et d’été ».

La « conspiration a été menée entre 2011 et 2015 », répète l’auteur, qui indique s’appuyer sur des preuves scientifiques. L’infrastructure a même évolué en fonction des changements de règlementation de l’AMA et de ses interventions-surprises.

15 médaillés russes des Jeux de Londres en ont bénéficié, ont découvert les enquêteurs. Quant aux Mondiaux d’athlétisme de 2013 à Moscou, les échantillons de 4 athlètes ont été échangés, assurent-ils. Un échange d’échantillons a également eu lieu pour deux joueuses russes de hockey sur glace présentes à Sotchi aux JO d’hiver, de l’ADN masculin ayant été découvert dans les échantillons censés leur correspondre.

Des résultats physiologiquement impossibles, au niveau du sel détecté, sont également ressortis des prélèvements censés appartenir à trois sportifs (deux hommes et une femme) médaillés de ces Olympiades hivernales, ayant rapporté 4 médailles d’or et une médaille d’argent en tout. Ces trois athlètes font partie d’un ensemble de 12 médaillés dont il a été découvert que l’échantillon B avait été manipulé. Des traces et égratignures à l’intérieur des capsules, normalement scellées, prouvent que ces échantillons ont été altérés, sans doute pour dissimuler un positif. C’est également le cas pour 6 médaillés des Paralympiques de Sotchi, vainqueurs de 21 breloques, avance le rapport.

Parmi les méthodes suspectées, certaines font sourire. Ainsi, il apparait que « du sel et du Nescafé » ont été ajoutés dans certains échantillons d’urine.

En mai dernier, Grigory Rodchenkov, ancien directeur du laboratoire antidopage de Moscou désormais exilé aux Etats-Unis, avait confirmé des soupçons déjà existants en s’exprimant dans la presse. Il avait détaillé dans les médias l’incroyable système dont il avait été témoin à la tête de l’institution durant les Jeux d’hiver de Sotchi, un système impliquant les services secrets russes et visant à fausser ou faire disparaitre les échantillons positifs de la délégation russe. Ce scandale venait alors s’ajouter à la tourmente secouant l’athlétisme russe, déjà banni des grandes compétitions internationales par l’IAAF, la fédération internationale d’athlétisme. Il était déjà question, dans ce sport, de solides soupçons de « dopage organisé », soutenu et même orchestré par l’Etat, entre autres le ministère des Sports.

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