RACHID CHIHAB

Mouscron – Standard, 5-2… Il y avait sur le terrain une équipe qui va jouer une place en Ligue des Champions et une qui arrive de D2. Le spectateur qui ne les connaît pas s’est peut-être demandé :  » Qui est qui ? « .

Ce match n’était pas rationnel. Sept buts au plus haut niveau, ce n’est pas normal parce que des équipes de première division sont censées montrer un minimum de rigueur, de discipline, d’organisation. Faire quelque chose de valable en D1, ça passe par tout ça. Maintenant, chaque match a sa vérité et je ne pense pas qu’on aura de nouveau autant d’efficacité offensive lors de nos prochains rendez-vous. Mais on gardera le même état d’esprit : cette équipe ne s’occupe pas trop de la réputation de l’adversaire, ne calcule pas, joue sans frein.

Il reste quelques jours avant la fin du mercato, quelques jours pour qu’on vienne te prendre un joueur comme Steeven Langil. Inquiet ? Tu ne penses pas que ce début de saison inespéré pourrait se retourner contre Mouscron ?

Non, je ne pense pas du tout à ça. Je n’imagine pas que des joueurs pourraient nous quitter avant la fin du mois, même s’ils ont frappé les esprits. Je me concentre au contraire sur d’autres renforts. J’ai un plan d’action, une feuille de route, et sur cette feuille, il y a encore deux joueurs à accueillir. Un médian pour donner encore plus de densité à notre entrejeu et un attaquant pour soulager ceux qui sont déjà là. On travaille pour réaliser ces transferts dans les temps, je pense que ça va marcher.

Il y avait une grosse ambiance contre le Standard mais ça ne sera pas comme ça à chaque match. Tu vas devoir t’habituer ? Ça n’a rien à voir avec l’atmosphère dans le grand stade de Lille, l’autre club où tu travailles. Entre un Mouscron – Standard et un Lille – PSG, il y a encore une méchante différence.

Evidemment, ce n’est pas comparable. Les stades ne sont pas les mêmes, les publics non plus. Mais celui de Mouscron a joué son rôle à fond face au Standard. Depuis que j’entraîne ce club, c’était une des trois plus grosses ambiances que j’ai connues. J’ai aussi un souvenir assez fort de mon tout premier match comme T1, à l’Antwerp. Et du match décisif dans le tour final, à Saint-Trond. Vu que je suis dans cette région depuis longtemps, je me souviens de la toute première saison de Mouscron en D1, et ce qu’on a vécu contre le Standard se rapprochait un peu de l’atmosphère de l’époque. Le public devrait revenir pour chaque match si on lui offre tous les ingrédients, des résultats et de la combativité par exemple.

Dans les quatre premiers matches de Mouscron, on a vu 16 buts. Le coach est content parce que son équipe marque beaucoup, ou ça l’énerve qu’elle encaisse beaucoup ?

Mes joueurs savent que j’appuie constamment sur le ratio buts marqués / buts encaissés. En battant le Standard, on est passés à une différence positive. Mais il ne faut pas croire que je ne retire que des motifs de satisfaction de cette victoire. On ne marquera pas cinq buts chaque semaine. Un moment, il faut aussi être capable d’être efficace en zone de vérité défensive.

Vous avez perdu de justesse à Anderlecht puis battu le Standard. C’est toujours l’euphorie de la montée qui joue ou tu es persuadé que Mouscron peut se sauver sans souci ?

Je ne suis persuadé de rien. On sait que notre saison sera quelque chose de fragile, que tout pourra toujours être remis en question du jour au lendemain, qu’on risquera à tout moment de tomber dans une spirale négative. Pour moi, la victoire contre le Standard n’est qu’une victoire. Ce n’est pas parce que mes joueurs ont réalisé quelque chose de grand que je leur ai donné congé le lendemain, par exemple. Maintenant, on ne va pas non plus gâcher notre joie. Quand on a pris le calendrier au début de l’été, quand on a vu Anderlecht et le Standard au programme dès les premières semaines, on s’est quand même demandés à quelle sauce on allait être mangés. Mais j’ai expliqué aux joueurs que vivre avec l’émotion de la peur, ça empêchait de créer et d’être suffisamment lucide pour bien travailler. J’espère que cette victoire va nous galvaniser mais tout le monde doit rester humble. Le foot reste un sport d’incertitudes et je vois encore pas mal de choses à corriger.

PAR PIERRE DANVOYE

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