Quelle réforme?

Comment ça se passe ailleurs ? Ce qui marche ou pas ? Que peut-on copier ? L’agenda secret de la Ligue pro…

L’un des grands défis de 2011 sera de trouver une formule de championnat qui puisse satisfaire tout le monde. On sait qu’en décembre, 12 clubs de D1 (tous sauf Anderlecht, Bruges, La Gantoise et Genk) ont voté pour un retour à 18 clubs et la suppression des play-offs. Malgré ce vote, rien ne semble encore acquis. Il y a d’abord un obstacle de taille à surmonter : comment faire accepter une modification du règlement en cours de saison ? Pendant ce temps, les grands préparent leur réplique et espèrent que le bon sens prévaudra.

 » On sait ce qu’on veut « , affirme HermanVanHolsbeeck.  » On veut un championnat à 16 et des play-offs à six. On est prêt à accepter certaines modifications, comme cette fameuse division des points par deux, mais on n’a pas envie de revenir à la formule précédente. Cela dit, on sait aussi qu’on est en minorité.  »

Bref, il y a du pain sur la planche pour le président de la Ligue pro, IvanDeWitte. Mais il est prêt à prendre le temps qu’il faudra. Le mois de mars constituerait un bon délai pour vendre le nouveau produit aux chaînes de télévision intéressées, étant donné que le contrat de Belgacom TV s’achève au terme de cette saison-ci.

Il n’y a pas qu’en Belgique que l’on tente de nouvelles formules de championnat. C’est surtout vrai dans les pays de dimension moyenne, qui sentent qu’ils ne peuvent plus rivaliser avec les cinq grands championnats en termes de compétitivité et de droits TV. Ces cinq grands championnats européens ont adopté une formule de championnat classique, avec une trêve plus ou moins longue selon les climats et les traditions.

Beaucoup de pays ont opté pour une formule classique. C’est le cas en Scandinavie (Suède, Finlande, Norvège) et au Portugal (16 équipes) ou en Turquie (18 équipes). C’est aussi le cas dans la plupart des pays de l’Est avec, selon les cas, 16 équipes (Tchéquie, Pologne, Bulgarie, Croatie, Serbie, Bosnie-Herzégovine,) ou 18 équipes (Russie, Roumanie). Mais certains pays ont tenté des formules novatrices, avec plus ou moins de succès, comme la Hollande… ou des pays encore plus petits. Tour d’horizon.

Angleterre

Un championnat à 20 clubs (38 matches) avec trois descendants directs. La trêve est inexistante. Au contraire, la période de Noël-Nouvel An est celle où l’on dispute le plus de matches. Le jour de Noël est sacré, on n’y joue jamais. En revanche, chaque année, il y a une journée de championnat complète le 26 décembre, baptisée BoxingDay parce que des combats de boxe étaient traditionnellement organisés ce jour-là. On joue aussi le 1er janvier, parfois à 11 heures du matin. C’est ancré dans les traditions, et ces matches attirent un public nombreux : des Anglais férus de foot mais aussi des touristes étrangers qui, en cinq jours, peuvent assister à autant de matches. Pour la montée de D2 en D1, deux clubs sont promus d’office et le troisième est désigné au terme de play-offs à quatre, avec une finale à Wembley.

France, Espagne et Italie

Elles ont des formules similaires, avec seulement quelques différences mineures. Dans les trois cas, il y a 20 clubs comme en Angleterre, et trois descendants et trois montants directs (sauf en Italie où le troisième montant est désigné à l’issue d’un tour final en D2 sauf si le troisième a plus de 9 points d’avance sur le quatrième comme ce fut le cas en 2007 pour Genoa).

La trêve est courte : une dizaine de jours. On arrête juste avant Noël et on recommence juste après le Nouvel An (généralement par l’entrée en lice des clubs de D1 en Coupe de France, en ce qui concerne l’Hexagone). En Espagne, cette année, on a même joué le 2 janvier. En Italie, deux journées ont été prévues le 6 janvier et le week-end dernier.

Allemagne

Il n’y a que 18 clubs. La trêve est beaucoup plus longue (de la mi-décembre à la mi-janvier cette année, mais parfois prolongée jusqu’en février) et l’hiver est meublé par des tournois en salle, très populaires. Là aussi, trois descendants et trois montants : deux directs, et un barrage entre le 16e de D1 et le 3e de D2.

Pays-Bas

Nos voisins du nord constituent souvent la référence. Parce qu’ils sont voisins, précisément, et que les dimensions du pays sont légèrement supérieures, en termes de superficie et de population. Pendant deux ans, les Néerlandais avaient organisé des play-offs à tous les niveaux, sauf pour le titre : le club qui terminait premier à l’issue de la saison régulière était champion.

 » Ce fut précisément leur erreur « , estimait Ivan De Witte au moment de présenter la formule actuelle du championnat de Belgique.  » Les play-offs néerlandais n’ont pas marché parce qu’ils concernaient seulement les accessits. Chez nous, les play-offs doivent aussi désigner le champion.  »

Aux Pays-Bas, il y avait des play-offs pour chaque ticket européen et aussi pour la descente. Des vrais play-offs, pas un tour final comme chez nous.

-Pour le deuxième ticket en Ligue des Champions, il y avait un aller-retour entre le 2e et le 5e, ainsi qu’entre le 3e et le 4e (suivi d’une finale, elle aussi par aller-retour).

-Pour le dernier ticket en Europa League, il y avait aussi des play-offs : 6e contre 9e et 7e contre 8e (plus finale là aussi).

-Pour la descente, c’était encore plus compliqué : le 18e était relégué d’office, tandis que les 16e et 17e participaient au tour final de D2 avec les six vainqueurs de tranches de l’étage inférieur (deux groupes de quatre).

Bref, à peu près tous les clubs étaient concernés. Après deux ans, tout cela a été supprimé. Depuis 2008-2009, on a retrouvé une formule classique mais on a tout de même conservé des play-offs pour la dernière place en Europa League. Ils concernent les clubs classés aux 6e, 7e, 8e place et 9e places. C’est ainsi que, l’an passé, le FC Utrecht (7e) a battu en finale Roda JC (9e), alors qu’en 2008-2009, le NAC Breda (8e) avait arraché un ticket européen au détriment de Groningen (6e). Cette formule est toujours d’application cette saison et le sera encore l’année prochaine.

Nos voisins ont aussi imaginé un système très particulier pour la montée de D2 en D1. Les éliminatoires se jouent au meilleur des trois manches. Si une équipe gagne deux fois, c’est terminé. En revanche, si chaque équipe gagne un match ou s’il y a deux matches nuls, on joue la belle sur le terrain de l’équipe qui a pris l’avantage, y compris en tenant compte des buts à l’extérieur. Exemples : 1-1 et 2-2, belle sur le terrain de l’équipe qui était visiteuse lors du 2-2. L’équipe A gagne 3-0 et l’équipe B gagne 2-1, belle sur le terrain de l’équipe A.

Grèce

A priori un championnat classique de 16 équipes (30 matches) et trois descendants. Comme aux Pays-Bas (ou en D2 chez nous), le vainqueur de la saison régulière est champion et on a des play-offs à quatre équipes, pas pour la dernière place en Europa League mais pour le deuxième ticket de la Ligue des Champions.

Ces play-offs concernent les équipes classées de 2 à 5. Elles disputent un tour final de six matches avec cette particularité : le 2e commence avec un bonus de quatre points, le 3e de trois points, le 4e d’un point et le 5e de zéro point. La saison dernière, le PAOK Salonique, 3e au terme de la phase régulière, a obtenu le deuxième ticket de Ligue des Champions au détriment de l’Olympiacos, 2e. (le PAOK a perdu au tour préliminaire et a été repêché en Europa League dans le groupe de Bruges), en obtenant 16 points en six matches (13, plus les 3 points de bonus) alors que l’Olympiacos n’a obtenu que 8 points (4, plus 4 de bonus).

Ecosse, Irlande du Nord

12 clubs qui se rencontrent à trois reprises (33 matches). Au terme de cette phase-là, chacun conserve les points acquis et les six premiers se rencontrent une quatrième fois (ce qui permet d’avoir quatre affrontements annuels entre le Celtic et les Rangers) et idem pour les six derniers, pour arriver à un total de 38 matches au terme de la saison. Il n’y a qu’un seul descendant et un seul montant.

Danemark, Albanie, Monténégro et Moldavie

Formule écossaise (12 clubs qui se rencontrent trois fois), mais sans le tour final entre les six premiers et les six derniers. La saison se termine au terme des 33 matches. C’est simple, mais vu les susceptibilités en vigueur chez nous, on devine d’avance les reproches : pourquoi Anderlecht a-t-il pu accueillir deux fois La Gantoise et se déplacer une fois à Gentbrugge, alors que le Standard n’a accueilli qu’une fois les Buffalos et a dû se déplacer deux fois au stade Otten ?

Suisse, Autriche, Irlande et Géorgie

On y a longtemps eu un championnat qui ressemblait à la formule préconisée par HermanWijnants : une D1 et une D2 à 12 équipes chacune avec, après, un deuxième tour avec trois groupes de huit équipes : les huit premiers de D1 pour le titre, des barrages entre les quatre derniers de D1 et les quatre premiers de D2 (pour la montée, la descente ou le maintien selon le cas), et un autre groupe avec les huit derniers de D2. On en est revenu à un championnat à 10 équipes qui se rencontrent quatre fois (36 matches) avec un descendant. NB : au Liechtenstein, il n’y a pas de championnat, les équipes participent au championnat de Suisse. Mais il y a néanmoins une Coupe nationale.

Chypre

14 clubs. A l’issue d’un championnat classique (26 matches), les clubs classés de 1 à 4 jouent des play-offs pour le titre, ceux classés de 5 à 8 jouent pour les accessits, et ceux classés de 9 à 12 jouent pour éviter la troisième et dernière place descendante (les deux derniers de la saison régulière sont condamnés d’office).

Israël et Malte

On divise également les points par deux au terme de la phase classique, comme chez nous ! En Israël, il y a également 16 clubs. Et les six premiers se rencontrent aussi, mais en une seule manche (ce qui donne 35 matches au lieu de 40 chez nous). Les équipes classées de 7 à 10 jouent pour se classer et celles classées de 11 à 16 jouent pour éviter les deux places descendantes (avec, là aussi, les points divisés par deux et 35 matches au total).

A Malte, il n’y a que 10 équipes, et le championnat est ensuite scindé en deux parties : les six premiers jouent pour le titre et les places d’honneur, et les quatre derniers jouent pour éviter les deux places descendantes. Sur cette petite île aussi, on divise les points du premier tour par deux.

Saint-Marin

15 équipes réparties entre un groupe de 8 et un groupe de 7. Les équipes d’un même groupe se rencontrent entre elles par aller-retour (cela fait 14 matches pour les équipes du groupe A, 12 matches pour les équipes du groupe B) et elles rencontrent une fois celles des autres groupes (pour arriver à 21 et 19 matches respectivement). Après cela, il y a des play-offs croisés. D’abord entre les 2e et 3e de chaque groupe. Ensuite, les deux vainqueurs de cet affrontement se rencontrent, et les deux perdants également. Parallèlement, les deux vainqueurs de chaque groupe s’affrontent également. Le vainqueur de cet affrontement affronte le vainqueur des play-offs entre les 2e et 3e. Et ainsi de suite, pour arriver à une  » grande finale  » après huit tours de scrutin. Vous avez suivi ? C’est effectivement très compliqué.

Pays de Galles

C’est une formule classique. Mais le championnat est passé d’un coup de 18 à 12 équipes, avec six descendants et aucun montant en 2010.

Grand-Duché de Luxembourg

Championnat classique à 14 équipes. Cela fait donc 26 matches. A l’exception de Dudelange, qui compte plusieurs joueurs professionnels (dont quelques Belges et l’entraîneur MarcGrosjean) où l’on dépasse parfois le millier de spectateurs, les autres clubs tournent à une moyenne de 200 à 300 entrées.

Andorre

Championnat à 8 équipes. Au terme de celui-ci, les quatre premiers se rencontrent pour le titre et les quatre derniers se rencontrent pour éviter l’unique place descendante (20 matches au total pour tout le monde, les points du premier tour restent acquis).

Azerbaïdjan

… où évolue notre EmileMpenza ! C’est un championnat à 12 équipes. Au terme de celui-ci, les six premiers se rencontrent et les six derniers également. Particularité : pour le deuxième tour, on ne retient que les points conquis contre les équipes de la même poule (les points conquis par les six premiers face aux six derniers ne comptent donc pas, et vice-versa).

PAR DANIEL DEVOS

Deux pays divisent également les points par deux : Israël et Malte. Aux Pays-Bas, on a gardé les play-offs uniquement pour le dernier ticket d’Europa League.

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