Quand le football entre en religion…

Au-delà des résultats de la 7e journée de championnat, la D1 a découvert les obligations et traditions du Yom Kippour, la plus grande fête religieuse juive. Le jour du Grand Pardon, qui tombait samedi passé cette année, ses adeptes ne travaillent pas et respectent un jeûne complet. Ce fut le cas de Yuvai Shpungin et de Shlomi Arbeitman alors que leur club, Mons, était engagé dans un duel important contre Waasland Beveren. Au Standard, Guy Luzon était absent à Sclessin samedi, toujours en raison du Yom Kippour et c’est un de ses adjoints, Ivan Vukomanovic, qui dirigea l’entraînement avant de prendre la direction d’Ostende. Luzon a rejoint la reine des plages avant la rencontre de dimanche mais il n’aurait pas dirigé son équipe 24 heures plus tôt, jour du Yom Kippour. En Angleterre, par exemple, le coach Avram Grant et Tal Ben Haïm (désormais au Standard) adoptèrent autrefois la même position.

Le football est devenu une immense caisse de résonance, la plus grande tribune mondiale. Les messages qui y prennent leur envol sont vus et entendus dans le monde entier. Des autorités religieuses l’ont compris : le Pape François reçoit régulièrement des stars du ballon rond, souligne leur responsabilité sociale et prie pour  » qu’ils puissent incarner cette noble vocation du sport « . Les religions se glissent dans les matches comme quand Kaka, après un but sur la scène européenne, dévoile un t-shirt au message religieux précis :  » I belong to Jesus « . D’autres se signent, lèvent les bras aux cieux, respectent le ramadan même les jours de match, se prosternent avant un match, implorent l’aide divine avant ou après un exploit. Ils vivent leur foi sur le terrain comme c’est le cas de Franck Ribéry, de William Vainqueur,etc.

Mais un match de football doit-il se transformer pour autant, même quelques secondes, en église, mosquée, temple ou synagogue ? Et cela peut aller plus loin. En Angleterre, Papiss Cissé, un attaquant international sénégalais de Newcastle (ex-Metz, Cherbourg, Châteauroux, Fribourg), où il gagne 41.000 euros par semaine, est musulman pratiquant. L’ancien club de Philippe Albert a réservé un local où les joueurs adeptes de cette religion peuvent se recueillir dans le calme et la sérénité. Cissé a posé un problème : la Charia islamique interdit l’emprunt à crédit. Or, une institution de crédit (Wonga) figure sur le maillot de son équipe. Dans un premier temps, il refusa de porter cette tenue, ne prit pas part au stage de préparation au Portugal. Son point de vue était approuvé par d’autres joueurs musulmans de Premier League. Cissé a changé d’avis  » après avoir consulté son club, sa famille et des professeurs de religion islamique « .

En Espagne, Dudu Aouate, le gardien de but international israélien de Majorque décida de ne pas respecter les obligations de la fête du Yom Kippour à l’époque où il défendait les filets de La Corogne. En 2006, Il déclara alors à AS qu’il jouerait ce jour-là contre la Real Sociedad. Ses propos déclenchèrent un orage médiatique en Israël et un parti extrémiste exigea qu’il ne soit plus retenu en équipe nationale. Quatre ans plus tard, à Majorque, il n’affronta pas Osasuna car le match commençait 18 minutes avant la fin du jeûne du Yom Kippour. En tennis, il n’y a pas eu de matches de Coupe Davis samedi entre la Belgique et Israël, là aussi en raison du Yom Kippour. Traditions, fêtes, coutumes et messages religieux ont bel et bien envahi le sport de haut niveau et plus spécialement le football.

PAR PIERRE BILIC

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