Purple Heart from Liège

Voici comment il y a moyen d’être supporter des Mauves dans la Cité ardente.

Créé en 2003, le PurpleHeartfromLiège fait figure de jeunot au côté de Centre et Confiance, le plus ancien cercle de supporters du RSCA, tenu sur les fonts baptismaux à Anderlecht même, Place de la Vaillance, en 1936. Mais, avec un total de 232 membres, il peut se targuer d’être l’un des plus fournis parmi les 107 groupements de fidèles que comptent les Mauve et Blanc. Et ce malgré le fait qu’il soit installé dans la Cité ardente.

Cinq membres de PurpleHeartfromLiège, triés sur le volet, évoquent cette passion particulière.

Pour faire autrement…

Danny Claes : A l’école, tous mes copains étaient supporters du Standard. Par esprit de contradiction, j’ai opté pour les Mauves, qui recueillaient également les faveurs de mon père. Je me suis donc montré un bon fils mais aussi un très, très mauvais pote ( il rit).

Frédéric Fonzy Fondeur : J’ai voulu me singulariser par rapport à mon père, fan des Rouches depuis toujours. J’étais donc plutôt un mauvais fils ( il rit).

Olivier Leonard : J’avais six ans quand je me suis rendu pour la toute première fois au football avec mon père. C’était au Parc Astrid lors d’un match contre le FC Liégeois, dont mon paternel était un partisan acharné. Ce soir-là, je n’ai eu d’yeux que pour le Sporting. Ce stade, cette ambiance, ce football : j’étais d’emblée sous le charme. Et cette passion est restée intacte.

Fabian Westyn : Originaire de Rocourt, j’aurais dû, en toute logique, avoir la fibre pour les Sang et Marine. Mais seuls les Mauves m’intéressaient. J’ai été conquis lors d’un match de coupe d’Europe, mais je ne sais plus lequel ( il rit). Il est vrai qu’il y en a eu tant. Si j’avais été partisan du FC Liégeois, je m’en serais bien évidemment souvenu. Car les soirées européennes, c’était plutôt une denrée rare. Au Standard aussi, d’ailleurs ( il rit).

Frédéric Fred Celis : J’ai commencé à m’intéresser au football vers l’âge de cinq ou six ans. A l’époque, Anderlecht vivait son âge d’or avec ses premiers trophées européens. Comme tout jeunot qui se respecte, j’étais attiré par le club à succès du moment et c’est pourquoi je suis devenu un inconditionnel des Mauves.

La rivalité reste folklorique sauf en 1999…

Fred : Pendant toutes les années de gloire du Sporting, mes compagnons de classe ne m’ont jamais cherché misère. Mais lorsque le Standard a, à son tour, tenu le haut du pavé, au début des années 80, je me faisais invariablement charrier avec mon écharpe mauve autour du cou.

Danny :  » Sale Mauve ! « , c’est un couplet que j’ai souvent entendu à l’école aussi durant ces années-là. Mais ce n’était jamais bien méchant. A aucun moment, on en est venu aux mains, en tout cas. Ni à la cour de récréation, ni au stade. Aujourd’hui, je travaille pour TNT, l’un des principaux sponsors du Standard. Parmi mes collègues, il y a pas mal de sympathisants des Rouches. Cela engendre toujours pas mal de discussions. Mais tout reste bon enfant.

Fonzy : Une seule fois, j’ai assisté à des débordements. C’était le 2 mai 1999, à l’occasion du 0-6 qu’Anderlecht avait infligé au Standard à Sclessin. Ce jour-là, bon nombre de férus des Rouches s’étaient acharnés non seulement sur leurs joueurs mais également sur les supporters adverses. Des canettes ont fusé dans notre direction, quelques-uns ont essuyé des coups. Et quelques vitres des cars anderlechtois ont volé en éclats.

Olivier : Entre les deux clans, c’est essentiellement du folklore. Il n’y a jamais eu la moindre virulence ces dernières années.

Fabian : Parlons de rivalité, mais sûrement pas de haine. On ne porte peut-être pas le Standard dans nos c£urs mais on ne vit pas sur un pied de guerre.

Ces Rouches qui ont supporté Anderlecht à Genk…

Fonzy : Même si les Rouches n’ont plus rien gagné depuis belle lurette et que le Club Bruges et Genk ont été les rivaux les plus sérieux d’Anderlecht ces dernières années, les grands matches de la saison n’en restent pas moins, pour moi, les confrontations entre nos deux clubs. C’est dû à mes racines.

Olivier : Les matches contre le Club Bruges et Genk n’ont pas la même dimension, c’est sûr. LE match de l’année, pour un Liégeois de pure souche comme moi, c’est Standard-Anderlecht. Je ne suis jamais aussi fier d’être Sportingman que ce jour-là. D’autant plus que la pelouse de Sclessin nous sourit souvent. En tout et pour tout, je n’ai vécu qu’une seule défaite là-bas. Les gars du Standard sont nettement moins vernis quand ils quittent le Parc Astrid ( il rit).

Danny : S’il y a deux matches à ne pas perdre, ce sont ceux-là. A la limite, je préfère ne pas être champion mais avoir battu deux fois le Standard au passage que le contraire. Fred : On a raflé tant de titres qu’un de plus ou un de moins ne porte pas à conséquence ( il rit).

Fabian : Pour les Standardmen aussi, affronter Anderlecht a manifestement une saveur comme nulle autre. La preuve : lors de notre récent déplacement à Genk dans le cadre de la Coupe de Belgique, nous avons véhiculé quelques fans des Rouches. Ces mecs-là préféraient tout simplement rencontrer le Sporting dans le dernier carré de l’épreuve plutôt que le Racing. Je n’ai d’ailleurs jamais vu autant de Standardmen jubiler sur le but de Nicolas Frutos que cette fois-là. Ils étaient encore plus dingues que nous ( il rit).

La belle fidélité des partisans du Standard…

Fred : On a beau supporter des clubs rivaux, j’ai quand même beaucoup de considération pour les partisans du Standard. Ils demeurent d’une fidélité à toute épreuve, même si leurs favoris n’ont pour ainsi dire plus rien gagné au cours des deux dernières décennies. Je ne sais pas si j’aurais la même patience qu’eux. Je ne dis pas que je tournerais casaque. Mais de là à montrer la même assiduité, il y a une marge.

Olivier : Je trouve, moi aussi, qu’ils ont une attitude très digne. Non seulement envers leurs joueurs mais surtout vis-à-vis d’une direction qui les considère comme des moins que rien. Si, au Sporting, les responsables du club devaient s’amuser chaque saison à céder les meilleurs pour les remplacer par des illustres inconnus, ce serait la révolution.

Danny : Mémé Tchité passant du Standard à Anderlecht, c’est une aubaine pour nous. Idem avec Ivica Mornar il y a quelques années. Je ne vois pas ce phénomène se produire en sens inverse. Nous, quand on a un joueur à fourguer au Standard, c’est un type en fin de carrière, genre David Brocken ou Tibor Selymes. Mais pas un Vincent Kompany ou un Pär Zetterberg au temps de sa splendeur. Si ça devait se produire, bonjour les dégâts. D’ailleurs, aucun Sportingman digne de ce nom ne marcherait dans cette combine.

Fonzy : Chaque année qui passe sans le moindre succès à l’actif du Standard, c’est une année de plus prise à l’ennemi. Moi, ça me fait bien marrer mais je plains quand même certains de mes copains, partisans des Rouches. Car la plupart d’entre eux ne savent pas ce qu’est un titre. Nous, en revanche, on les collectionne.

Fabian : Ils n’ont pas la moindre leçon à nous donner. Sauf, peut-être, pour ce qui est de la ferveur. Au Sporting, on est à coup sûr devenu plus fanatique ces dernières années. Mais, en matière d’ambiance, le Standard se situe toujours un cran au-dessus. Il n’y a rien à faire, l’atmosphère est plus chaude là-bas. C’est dû essentiellement, selon moi, à une question de structure et de contexte. Au Parc Astrid, l’ambiance est coupée en deux en raison de la division de la tribune. Une ola est quasi impossible à réaliser dans ces conditions. D’autre part, on est nettement plus permissif aussi au Standard. Chez nous, on éprouve toutes les peines du monde à faire entrer des drapeaux et des calicots. Sans parler des fumigènes, qui sont interdits. A Sclessin, il n’y a pas de problèmes avec les feux de Bengale. Du coup, à Anderlecht on est plutôt porté sur les chants alors qu’au Standard, c’est le visuel qui prime. Avec les tifos, notamment.

Ils se demandent pourquoi Fellaini joue à Sclessin…

Olivier : Je ne vois pas quel joueur du Standard constituerait un réel renfort. J’aurais applaudi à deux mains l’arrivée d’Oguchi Onyewu chez nous. L’Américain eût été un plus. Mais les autres ? Bof !

Fred : Je me suis laissé dire que c’est la direction du Standard elle-même qui avait proposé Tchité à Anderlecht. Il paraît que le club avait besoin d’argent à ce moment-là. C’est fou, non ? Vous vous imaginez déjà Herman Van Holsbeeck présenter Frutos ou Mbark Boussoufa à Sclessin pour les mêmes raisons ? Il ne ferait pas de vieux os dans ces conditions.

Danny : Sergio Conceiçao a beau prétendre que les Rouches possèdent le meilleur noyau du pays, on n’a besoin de personne de chez eux. A commencer par toute la clique portugaise ( il rit). Karel Geraerts ? Le Sporting a suffisamment d’infiltreurs avec Ahmed Hassan ou Boussoufa. Je ne dis pas que Geraerts est un mauvais joueur mais je suis dubitatif quant à ses qualités au plus haut niveau. Avec les Diables Rouges, il n’a tout de même jamais cassé la baraque, hein ?

Fabian : A la limite, je préfère encore Steven Defour. Il a sept ans de moins et me paraît promis à un plus bel avenir.

Fonzy : Ce qui est râlant, c’est que Marouane Fellaini ait été formé à Anderlecht, en classes d’âge, et qu’il s’épanouisse à présent au Standard, au plus haut niveau. Sur ce coup-là, il y a de quoi nourrir des regrets.

Une nette allergie pour la couleur rouge quand même…

Fred : Je ne fais pas une fixation sur le Standard ou ses couleurs. Il m’arrive de porter du rouge, assorti ou non de blanc. Je suis également supporter du Standard en coupe d’Europe. Ce n’est pas que j’aie subitement la fibre rouche à ce moment-là. Mais, pour le coefficient européen des clubs belges, une bonne prestation des Liégeois, c’est toujours bon à prendre.

Danny : Je vais de temps à autre assister aux matches du Standard, sur invitation de TNT. Mais, à ces occasions, je ne le cache pas, je suis toujours supporter de l’adversaire ( il rit).

Fabian : Si je dois vibrer pour un autre club qu’Anderlecht, c’est Charleroi. D’un Sporting à l’autre, il n’y a qu’un pas. Je le fais d’autant plus volontiers que mon père est d’origine carolo. Ma mère, malheureusement, est pour le Standard. Comme dirait l’autre, personne n’est parfait ( il rit).

Fonzy : Je me rends de temps à autre à Sclessin aussi. Avec l’espoir que le résultat du jour soit profitable à Anderlecht, évidemment ( il rit). Mais je ne me sens pas à l’aise dans de telles circonstances. Traverser une multitude de gens attifés de rouge et blanc de la tête au pied, ça fait désordre.

Olivier : S’appeler Leonard, comme moi, c’est pas toujours évident à porter quand on est supporter d’Anderlecht. Encore heureux que mes parents n’aient pas choisi Philippe comme prénom ( il rit). M’habiller en rouge ? Non, merci. Cette couleur me donne de l’urticaire.

Sans pitié sur les trois matches…

Fonzy : En guise de conclusion, j’aimerais d’ores et déjà présenter mes condoléances aux Standardmen pour les trois défaites qu’on va leur infliger.

Danny : Trois défaites lourdes de conséquences car elles seront synonymes de doublé en fin de saison.

Olivier : Etre champion 24 ans après son dernier titre, ça ne va pas. Il faut des chiffres ronds. Le Standard doit donc encore patienter quelques années.

Fabian : Les voitures de collections old-timers avec le fameux autocollant  » Standard Champion 1982-83  » n’en prendront que plus de valeur ( il rit).

Fred : Le championnat, la Coupe de Belgique et Tchité meilleur buteur du championnat, ce serait un chouette pied de nez aux Standardmen, non ?

par bruno govers – photos : reporters/hamers

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