» PREUD’HOMME est notre meilleure arme « 

Mauvaise semaine pour Vadis Odjidja, qui voit à nouveau sa progression freinée par une blessure et n’était pas prêt pour entamer le match contre Anderlecht. De plus, c’est lorsqu’il est entré au jeu que le Sporting a marqué.

La semaine de Vadis Odjidja avait bien commencé. Jeudi, sa petite soeur avait fait sa première communion et il avait loué un château gonflable  » pour qu’elle puisse se défouler « . Dimanche, c’était la rencontre au sommet contre Anderlecht.  » Pour moi, c’est toujours un peu le match de l’année », nous avait-il confié mercredi. D’autant que, pour que le rendez-vous de la semaine suivante à Sclessin soit plus important encore, il fallait d’abord battre le Sporting.

Touché à la cuisse contre Lokeren, il a tout fait pour pouvoir jouer. En vain. Pourtant, les play-offs, il adore ça.  » Beaucoup de joueurs sont contre car nous avons moins de vacances mais les matches sont passionnants. Seulement, jouer trois fois en huit jours, c’est beaucoup et le risque de blessures est plus important. Il faudrait peut-être jouer plus de matches en semaine pendant la phase classique et étendre la période des play-offs.  »

Il y aura à nouveau trois matches au cours de la dernière semaine. Qu’est-ce qui va faire la différence ?

Vadis Odjidja : Honnêtement, je n’en sais rien. Nous avons un bon collectif mais j’attendais que certains joueurs fassent la différence. Le Standard mise peut-être davantage sur les exploits individuels mais cela ne l’empêche pas d’accorder de l’importance à l’unité du groupe.

Quelle est votre meilleure arme ?

Notre entraîneur. Tout le monde va au feu pour lui. Il sait nous motiver, il a tout connu. Il sait comment être champion. Mettez-le à la tête de n’importe quelle équipe : elle jouera mieux.

Langue

Il dit que vous avez un problème de langage gestuel. Est-ce vrai ?

Nous en avons beaucoup parlé au début. Pour moi, ce n’est pas important mais peut-être que pour lui, ça l’est. Peut-être qu’au début, j’étais un peu trop je-m’en-foutiste. Je me disais : -Tant que je joue, c’est bon. Mais nous y travaillons, avec l’aide d’un psychologue. Cela me permettra peut-être de donner une meilleure image de moi.

Comment vous y prenez-vous ?

Avant, j’avais tendance à faire des gestes et tout ça. Maintenant, j’essaye d’être plus positif. Les gens vont dire que j’ai l’esprit de groupe alors qu’avant, je passais pour un dikke nek mais c’est surtout une question de perception.

En décembre, Meunier disait que Bruges jouait mieux parce qu’il y avait davantage de Belges sur le terrain. D’accord avec lui ?

Non. Pourquoi un Belge serait-il meilleur qu’un Russe ou un Américain ? Ce sont les résultats qui déterminent l’ambiance. Dans une équipe qui compte 20 étrangers et gagne 10 matches d’affilée, tout le monde s’entend bien. Nous avons toujours eu un bon groupe mais nous ne jouions pas le titre.

Un Russe est peut-être plus égoïste ?

En équipe nationale, il n’y a que des Belges et il y a aussi des égoïstes. C’est normal, le foot est un sport collectif composé d’individus mais ça se voit moins quand on gagne. Il y a beaucoup de Belges au Standard mais on dit que l’ambiance n’est pas bonne. A moins que ce ne soit parce que notre entraîneur est belge et pas le leur… Mais je ne pense pas.

Peur de blesser

Le brassard de capitaine, c’est important pour vous ?

Oui, ça me donne des responsabilités, surtout sur le terrain. En dehors, je ne suis pas du genre à rappeler un joueur à l’ordre parce qu’il est arrivé en retard.

Dans le vestiaire, on vous écoute ?

Je ne parle pas beaucoup (il rit). Et quand je dis quelque chose, c’est toujours sans avoir l’air d’y toucher. Si je donne mon avis ouvertement, je risque de blesser des gens. Je n’aime pas polémiquer quand il y a déjà un problème. Nous sommes 28, mon avis n’est qu’un des 28. Alors, je préfère ne rien dire.

Cela pourrait pourtant être utile.

Peut-être mais je suis très direct et ça ne serait peut-être pas apprécié. Quand j’ai quelque chose sur le coeur, je me confie à mon père ou à un ami.

Vous êtes content de votre saison ?

Pas à 100 %. J’ai bien joué mais cette blessure m’ennuie. J’ai manqué beaucoup de matches et je n’ai pas marqué suffisamment.

Vous accordez de l’importance aux statistiques ?

En début de saison oui car on veut toujours faire mieux. Mais j’ai une explication : ça fait deux fois que je rate la préparation. Malgré cela, mon niveau est bon et celui de l’équipe aussi : c’est plus important que les statistiques mais les gens ne regardent que les chiffres, même si ceux-ci ne reflètent pas toujours la réalité.

Qui est le joueur de la saison, pour vous, au Club ?

Simons a joué un rôle important sur le terrain et en dehors. Mais pour moi, c’est le gardien. Avec un autre, nous aurions moins de points.

Est-ce le meilleur gardien de Belgique ?

Oui, et de loin. Je n’aime pas parler des autres mais pour moi, un gardien doit être humble et faire son boulot. Mat Ryan l’est. Après un arrêt, il est heureux mais il ne provoque personne.

Quel sacrifice pouvez-vous encore consentir pour l’équipe ?

Je me sacrifie chaque jour pour être prêt et jouer un maximum de bons matches. Je n’ai pas besoin de mener une vie de moine. Je ne bois pas beaucoup donc pas besoin de sacrifier l’alcool. Il y a longtemps que je ne suis plus sorti et c’est nécessaire car je ne suis pas à 100 % de mes possibilités physiques. Mieux vaut aller se coucher tôt et regarder un DVD plutôt qu’aller au resto ou en boîte. C’est ma façon de me sacrifier.

6,8,10

Dans un entrejeu avec Simons et Jörgensen, vous êtes le numéro 10 ?

Hummm, pas vraiment. Je pense que je suis surtout un 8 et que je suis plus fort quand je pars de ma moitié de terrain. Un 10, c’est l’homme de la dernière passe, voire le buteur. Moi, je préfère lancer une action et en faire profiter les autres.

Vous préférez avoir le jeu devant vous ?

C’est comme ça que je suis le meilleur. Je préfère courir que jouer dos au but ou me retourner. Jörgensen est plutôt un finisseur et Timmy est très important aussi, ne serait-ce que pour tirer les penalties.

Avez-vous un avenir en tant que numéro 6 ?

Quand j’aurai l’âge de Timmy. Je pense que j’ai d’autres qualités qui me permettent de jouer plus haut.

Et puis, vous couvrez beaucoup de terrain.

Voilà, donc je préfère jouer sur mes qualités. Je peux être bon en 6 mais je jouerai toujours au même niveau. J’ai besoin de défis.

Mais Axel Witsel a d’autres qualités aussi et en équipe nationale, il fait du bon boulot en 6.

OK mais nous ne sommes pas tous pareils.

C’est l’ambition qui parle, là.

Oui.

Vous n’aimez pas les choses trop faciles.

Peut-être. Et puis, à cette place, il y a Timmy. Si je veux jouer en 6, je serai sur le banc (il rit). On ne sait pas ce que l’avenir nous réserve. Si je reste en Belgique, je peux jouer facilement en 8. Mais cela dépend de l’entraîneur, des autres joueurs…

Si vous êtes champion, vous serez soulagé ?

Soulagé ? Je serai très heureux pour les supporters, content de vivre un tel moment. Et si ça n’arrive pas, je serai très déçu. Mais de là à parler d’un boulet…

Et si votre carrière prend fin sans titre de champion ?

Je n’ose pas imaginer ça ! Avoir quelque chose à raconter à ses petits-enfants, c’est le plus important. J’aimerais pouvoir dire que j’ai participé à la conquête d’un titre que Bruges attendait depuis dix ans.

Et la Coupe du monde ?

Moi ? C’est presque impossible que j’y sois. Il y a tellement de médians… Et tous jouent dans de grands clubs à l’étranger. Je suis ambitieux mais réaliste. Je préfère viser le championnat d’Europe ou la Coupe du monde suivante. J’ai suffisamment de talent mais le parcours de chacun est différent, les obstacles ne sont pas les mêmes. Il s’est passé des choses incroyables à Bruges, notamment avec les entraîneurs. Et j’essaye de rester cordial. Ce n’est pas toujours facile. Certains joueurs n’ont jamais eu de blessure en cinq ans alors que j’ai été opéré deux fois, que je me suis cassé le métatarsien en faisant du jogging. J’espère aussi avoir cinq ans de tranquillité devant moi. Tout le monde rêve du titre, d’une participation à une coupe du monde ou un championnat d’Europe. Mes deux maîtres-mots sont donc : patience et travail.

PAR PETER T’KINT – PHOTOS: BELGAIMAGE

 » En équipe nationale, il n’y a que des Belges et il y a aussi des égoïstes.  »

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